Economie : Le plan de relance (2ème partie)

Après avoir évoqué (cf VdlC n°4) la dette des provinces, analysons ici le Plan de relance du Conseil d’Etat, tel qu’il apparaît esquissé, selon diverses sources. 

<p>Le 04/02, la Banque Centrale Chinoise, coupait de 0,5% les réserves obligatoires des banques du pays, libérant 85 milliards d’€ pour l’emprunt. Elle laisse aussi entendre que ce ne sera pas la dernière fois dans l’année. A l’instar des Etats-Unis, de l’Union Européenne et du Japon, la Chine rouvre le robinet du crédit, pour soutenir un objectif de croissance fixé pour 2015 à 7%, 0,5% de moins qu’en 2014. Symptomatiquement, elle précise que ce chiffre n’est pas gravé dans le marbre. La ville de Shanghai va encore plus loin en renonçant à tout objectif – vu l’instabilité mondiale présente, c’est trop aléatoire. Le 1er Ministre, Li Keqiang, vise aussi 10 millions d’emplois créés dans l’année. 

Pour relancer la croissance, Li compte sur des mesures gestionnaires, mais d’abord, sur le bon vieux moyen des grands travaux. Au niveau central, 940 milliards d’€ étaient bloqués dès janvier, pour 300 projets en 2015. Les provinces pour leur part, contribueront bien plus : selon Shanghai Securities News (04/02), 14 d’entre elles ont budgété 2130 milliards d’€. Sept secteurs prioritaires sont visés dont les transports, l’énergie, les mines, l’environnement et la santé. 

Parmi ces projets nationaux, un réseau de trains « Intercity » doit voir le jour, à la suite d’un cahier des charges récemment publié : 4 provinces avancent des projets, notamment au Xinjiang, et pour la région JingJinJi (Pékin-Tianjin-Hebei), qui mettra toute ville à une heure de toute autre, moyennant 9500km de voies nouvelles. Le même souci d’intégration urbaine se lit dans le « 7ème périphérique » autour de Pékin, 900km entre Langfang, Chengde et Zhangjiakou…

Côté TGV, l’effort se reporte vers le centre et le Sud-Ouest : trois lignes à 1,4 milliard d’€ chacune ont été approuvées en janvier, reliant Chongqing, Henan, Hubei et Guangxi.

Côté aviation, 2 méga-aéroports pour Chengdu (11 milliards de $, pour 40 millions de passagers) et Pékin dans le district de Daxing (14 milliards de $, 2 millions de tonnes de fret, 620.000 avions par an et 72 millions de passagers), permettant à la banlieue Sud-Ouest de rattraper son retard par rapport au Nord-Est de la capitale. 

Côté énergie, cette année, 5 chantiers de centrales nucléaires seront lancés. Par un ambitieux programme, le parc national de 22 centrales en 2014, devrait tripler d’ici 2020, et le nucléaire qui n’assure encore que 3% de l’électricité du pays, recevra sous le 13ème plan (2016-2020) 15% des investissements prévus pour le secteur. 

Dernier volet mais non le moindre de ce tableau financier : l’investissement vers l’étranger. L’an passé, le pays connaissait un ralentissement très fort des échanges (surtout avec l’Europe), lesquels avaient crû de 3,4% (dont 4,9% à l’export), au lieu des 7% prévus. Une série de mesures-choc a été programmée pour conquérir de nouveaux marchés avec des arguments imparables. Tel ce plan « ceinture et routes » qui doit équiper toute la périphérie de l’Asie en infrastructures lourdes – la « route de la soie économique » en est un volet. A cet effet, le Conseil d’Etat a arrêté (27/01) un programme d’« exploration de marchés extérieurs ». A vendre : TGV et lignes marchandises, centrales nucléaires, éoliennes, solaires, hydroélectriques, et même les surplus d’acier, métaux non ferreux, matériaux de construction et textile. Plusieurs types de fonds ont été créés pour incubateurs de start-ups, et le soutien aux jeunes firmes technologiques. Pour les paiements hors frontières, un projet pilote est approuvé par la SAFE (28/01), permettant à des banques étrangères d’effectuer, depuis et vers la Chine, des paiements en ligne. 

En même temps, le remodelage des secteurs industriels va de l’avant : après la fusion de groupes de construction ferroviaire, c’est au tour du nucléaire de voir approuver celle de CPI (China Power Investment Corp.) et de SNPT (State Nuclear Power Technology Corp.). 

En cours de développement, ces initiatives posent question : alors que Pékin insiste à prétendre que les 940 milliards d’€ annoncés (plus du double des 400 millions d’€ versés en 2008) n’ a « rien d’un stimulus », d’où viendra l’argent ? Il aura du mal à venir du secteur privé—les lois protégeant ce type de financement ne sont pas encore en place, pas plus que la confiance de l’investisseur. D’autre part, l’endettement national devient problématique : selon McKinsey, entre les ménages, les banques, les corporations et l’Etat, il atteint désormais 282% du PIB, dont la moitié en immobilier (dont les secteurs dérivés), et s’accélérant depuis 2007 à plus du tiers de la dette mondiale. 

Mais la Chine a au moins une chance. D’après Zhong Shan le vice-ministre du Commerce, à 3900 milliards de $, la réserve en devises a cessé de croître. Pékin n’a donc plus besoin de dépenser des montants énormes pour « stériliser » ces fonds en devises afin de soutenir le cours du yuan : il peut enfin placer ce bas de laine, dans la relance de son économie.

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