Le 13 octobre, le secrétaire à la Défense Ash Carter revendiquait de faire « naviguer l’US Navy partout où le permet la loi internationale » même en mer de Chine du Sud. Le 26 octobre, le destroyer USS Lassen réalisait cette promesse en naviguant autour de l’atoll Subi, au mépris des 12 milles d’espace exclusif revendiqué par Pékin. L’atoll est artificiel, renfloué par la Chine sans l’accord du pays riverain, les Philippines.
A peine le destroyer ressorti de la zone, le ministère chinois des Affaires étrangères déclara la traversée « illégale », et admonesta les Etats-Unis de « corriger immédiatement leur erreur ». Il avertit aussi qu’en cas de récidive, il prendrait les mesures « appropriées pour préserver sa souveraineté ». On était toutefois loin des menaces chinoises des jours passés, de « rétorsions ».
Washington répondit que cette opération servait la défense de la liberté de navigation, et ne serait pas la dernière. Comme d’autres pays, il estime que toute revendication sur la mer de Chine du Sud, doit s’appuyer sur la Convention UNCLOS des Nations Unies du droit de la mer—que la Chine refuse de reconnaître.
Aussi, Pékin se retrouve soudain sous pression, pouvant craindre que son pari de bases sur des atolls à 2000km de ses côtes, ne soit pas reconnu par l’étranger.
Obama a bien choisi son moment pour lancer l’opération : pendant le Plenum du PCC, avec les leaders civils et militaires engagés en palabres de politique intérieure, indisponibles pour des décisions urgentes sur ce théâtre périphérique.
En outre, tout a été fait pour doser la provocation : l’USS Lassen était seul (à l’exception peut-être de sous-marins et d’un avion en escorte), de taille « moyenne » (pas un porte-avions), et sa mission n’a duré que quelques heures.
Un autre paramètre ayant pu intervenir dans la décision d’Obama, a été le passage d’une flotte militaire chinoise début octobre en Alaska
, à quelques kilomètres des côtes américaines. Cette croisière audacieuse avait fait froncer les sourcils à l’état-major de la US Navy.
Enfin, les jours suivants permirent de constater que l’irritation chinoise n’était pas trop profonde : dès le 29 octobre, les amiraux John Richardson et Wu Shengli s’expliquaient par vidéoconférence, et une visite amicale de l’amiral H. Harris à Pékin était annoncée pour cette semaine. Indice qu’entre les deux puissances, coups surprises et « coups de gueule », n’empêchent ni entente, ni coopération.
Sommaire N° 36 (XX)