En mer de Chine du Sud, la Chine met en service ces semaines-ci, quatre îlots, renfloués et équipés à étapes forcées depuis 2013 sans l’accord des pays riverains. Aux Paracels, l’île Woody(Yongxing) reçoit des chasseurs J-11BH sur sa piste de 2,4km. Sinopec y bâtit une station-service pour « 1000 personnes », et des croisières de 5 jours font escale sur cet atoll encore inhabité il y a 3 ans !
Aux Spratleys, plus au Sud, des avions civils se posent (2 et 6 janvier) sur Fiery Cross (Yongshu Jiao). Deux autres îlots (Subi et Mischief Reef) sont aussi équipés. Pékin se justifie par les besoins des « 40.000 navires par an » et du trafic aérien. En « nation responsable », la Chine veut « répondre à ses « obligations internationales » de secours en mer.
Vietnam et Philippines, qui réclament aussi ces îles, ont dénoncé ces « constructions illégales », soutenus par Tokyo qui veut « continuer à coopérer … au maintien de la liberté de navigation ». Pékin, qui revendique aussi (en rejetant l’actuel Convention du Droit de la mer) la souveraineté sur la bande des 12 milles autour de ces îles partiellement renflouées, déboute les plaignants, affirmant avoir agi « dans sa souveraineté ».
Les USA tiennent plusieurs langages. Ils invitent toute partie à s’abstenir de toute provocation susceptible de dégrader le statu quo. Ils envoient un destroyer dans les eaux revendiquées par la Chine comme « souveraines ».
Sur un tout autre terrain, les USA encouragent l’Europe à refuser à la Chine le statut d’économie de marché – l’Union Européenne des 28 commence à en débattre, et la Commission de Bruxelles doit émettre sa position.
Ce dossier commercial n’a aucun lien direct avec le litige de mer de Chine du Sud. Néanmoins, l’avis défavorable des Etats-Unis sur l’octroi du statut d’économie de marché à la Chine, peut avoir parmi ses motivations inavouées, l’espoir de conduire la Chine à négocier le partage de la zone maritime avec ses voisins.
Dans ce contexte, le jugement de la Cour d’arbitrage de la Haye, suite à la plainte des Philippines, est très attendu. En tout état de cause, la Chine, avec sa possession « de facto » de ces îles, abordera ces négociations en position de force
Sommaire N° 2 (2016)