Deux Tsang font la « une » à Hong Kong, illustrant chacun à sa manière les aléas de la vie politique locale.
Par verdict du 22 février, Donald Tsang devient à 72 ans, le 1er ex- chef de l’Exécutif à aller en prison. Il écope de 20 mois pour une affaire de corruption, d’apparence pourtant pas si grave. Entre 2010 et 2012, il a fait décorer à vil prix (3,15 millions de HK$) le penthouse de luxe à Shenzhen où il voulait se retirer. À la même époque, il offrait au promoteur les trois licences de Wave Media, station de radio dont il était actionnaire à 20%.
De bonne source, ce verdict sévère reflète davantage l’inflexibilité du juge, étayé par l’accablante enquête de l’ICAC (l’Agence indépendante de traque anti-corruption), qu’une pression de Pékin. 40 ans d’honorabilité partent en fumée. Après deux nuits de grâce dans un hôpital de la ville, l’ancien maître des destinées des 6,5 millions d’âmes de la Région Administrative Spéciale a été transféré au pénitencier de Stanley au sud de l’île. Cette condamnation marque les esprits – d’autant qu’en la même prison, Raphael Hui, son ex-bras droit croupit pour 7 ans et demi. La question que tous se posent, est celle de C.Y. Leung, l’actuel (impopulaire) Chief Executive. Il est également sous enquête de l’ICAC, pour avoir gardé sous silence un cachet secret de la firme australienne UGL. Dès que Leung quittera son mandat, son immunité tombera…
John Tsang lui, a plus de chance. Ex-secrétaire de la R.A.S aux Affaires financières, il postule à la fonction suprême, la place de Donald hier, et celle de Leung aujourd’hui. Pour pouvoir faire campagne, il lui faut 150 voix, sur les 1200 du Comité électoral. Il vient de franchir les 100, et espère franchir la barre des 150 le 28 février – il vient d’obtenir l’appui du syndicat des enseignants.
Cela dit, ses chances sont minces : Pékin s’est déclaré pour l’autre candidat(e), Carrie Lam, l’ex-n°2 de l’administration. Dans la rue pourtant, J. Tsang caracole avec 42% des voix, contre 28% à C. Lam. Mais à Hong Kong, en politique, « ce que Pékin veut, Dieu le veut ».
Sommaire N° 8 (2017)