Le 2 mars à New York, de rares sanctions ont été votées par le Conseil de Sécurité de l’ONU, contre la Corée du Nord et son dictateur Kim Jong-un.
Plus rare encore, l’initiative était cosignée des Etats-Unis et de la Chine—cette dernière renonçant alors à la protection éternelle du petit allié.
Ces punitions au Pays du matin calme font suite au test nucléaire en Corée du Nord le 6 janvier, et au tir le 7 février d’une fusée intégrant des technologies potentiellement offensives.
Désormais, toute marine militaire même chinoise, devra arraisonner les navires nord-coréens pour vérifier leur cargaison. Tout matériel militaire est prohibé, même le matériel « assimilé », comme des camions. Même tous les articles de luxe, pouvant être revendus et obtenir des devises, sont sous blocus : montres suisses, cristal… Lematériel de sport d’hiver sera saisi pour priver Pyongyang de recettes du touris-me étranger. 31 navires nord-coréens, 12 administrations, 16 apparatchiks sont « non grata » hors frontières.
Selon Samantha Power, l’ambassadeur américaine à l’ONU, le but est d’appauvrir un pays qui affecte « virtuellement toutes ses rentrées en devises à son programme nucléaire militaire ». De même source, ces sanctions sont plus dures que celles hier appliquées à l’Iran, qui l’avait conduit à renoncer à la bombe. Le blocus est complété par la fermeture de la zone industrielle de Kaesong, qui privera Pyongyang de dizaines de millions de $ de rentrées.
Mais pourquoi la Chine a-t-elle lâché son petit allié ? La raison première voire unique, semble être la menace d’installation d’une rampe de missiles antimissiles américains THAAD en Corée du Sud, aux portes de la Chine, qui y est très opposée. On ignore depuis cet accord-sino-US, si l’arrivée de cette rampe se matérialisera.
Après le vote de la résolution, Chine et Russie ont appellé Kim Jong-un à retourner à la table de négociation. Le fera-t-il ? Certainement pas tout de suite : question d’honneur fanatique et de tradition en ce pays, au nom de son idéologie « Juche », de préférer la famine à des concessions. Lancera-t-il des rétorsions ? Peut-être, lors d’exercices conjoints entre l’US-Navy et la marine sud-coréenne, la semaine prochaine. Son armée a déjà tiré six missiles en mer, signe futile d’irritation.
Une raison à la crise a été révélée par le Pentagone le 22 février : Pyongyang venait de proposer aux USA, en secret un traité de paix, lesquels avaient refusé, Pyongyang excluant dans ces palabres tout désarmement nucléaire.
Une dernière question est de savoir comment la Chine interprétera l’embargo – strictement, ou souplement. Le succès du blocus, dépend évidemment d’une application sans état d’âme. D’ici décembre au plus tard, sous embargo, la Corée du Nord aura ses greniers vides. Mais nul ne sait quel sera alors son sentiment : vers des négociations et la raison, ou vers la fuite en avant du désespoir ?
Sommaire N° 8 (2016)