Le Vent de la Chine Numéro 7 (2024)

Comme chaque printemps, voici venu le temps… des « Liǎnghuì » (两会 ) , session annuelle des « Deux Assemblées » du Parlement chinois qui rassemble plusieurs milliers d’édiles au Grand Palais du Peuple. L’agenda de cette édition ne sera sûrement pas aussi chargé que celui de l’an passé qui avait pour mission d’introniser la nouvelle équipe dirigeante qui accompagnera Xi Jinping dans son 3ème mandat. Néanmoins, plusieurs rendez-vous sont à suivre avec attention.
Il y aura bien sûr en ouverture de l’Assemblée Nationale Populaire (ANP) le 5 mars, l’incontournable présentation du rapport du gouvernement par le Premier ministre Li Qiang, durant laquelle sera dévoilé l’objectif de croissance du PIB pour 2024. Comme l’an passé, les analystes s’attendent à ce qu’il annonce un objectif « d’environ 5% », se basant sur les chiffres que se sont fixés les provinces et municipalités en amont. Si cet objectif de 5% était considéré comme « modeste » en 2023, ce même chiffre serait considéré comme ambitieux en 2024, étant donné la reprise poussive post-Covid, les difficultés du secteur immobilier, la déflation et la crise de confiance que traversent les consommateurs et les investisseurs. Un objectif de 4,5% en revanche, annoncerait un éventuel retour des « croisades réglementaires » de Pékin (dont Alibaba, Didi, New Oriental entre autres, ont été victimes), tandis qu’un objectif plus élevé, autour de 5,5%, laisserait entrevoir un stimulus plus important que la relance budgétaire qui se profile.
Ainsi, pour les grandes annonces, il faudra attendre le 3ème Plénum du Comité Central, traditionnellement consacré aux réformes économiques. Son report depuis le mois de novembre dernier interroge : est-il le signe de désaccords internes sur la marche à suivre ? Nul ne le sait.
Autre aspect à suivre : la place accordée durant ces « lianghui » au nouveau concept qui fait fureur, à savoir les « nouvelles forces productives », évoqué pour la première fois par Xi en septembre dernier. Les experts n’ont pas encore percé son mystère. Cependant, il s’agirait de moderniser les vieilles industries et d’en créer de nouvelles dans les secteurs innovants (IA, biotechnologies, aviation commerciale, agritech, énergies vertes, santé…).
A surveiller également, le traitement réservé aux “trois nouvelles” industries (batteries, panneaux solaires et véhicules électriques) qui sont appelées à relayer l’immobilier comme moteur de la croissance chinoise – des surcapacités qu’Europe et Etats-Unis voient d’un bien mauvais œil.
Le 7 mars, ce sera au tour du ministre des Affaires étrangères par intérim, Wang Yi, de donner une conférence de presse. L’épisode du ballon espion est désormais enterré et la priorité sera probablement de stabiliser la relation avec Washington, à quelques mois des élections américaines.
Au sujet de Taïwan, le changement de langage sera à surveiller si Pékin s’engage à « combattre » plutôt qu’à « lutter contre » ou « s’opposer » à l’indépendance de Taïwan. En effet, Wang Huning, la tête pensante chargée d’élaborer une nouvelle stratégie de réunification, a utilisé le mot « combattre » pour la première fois fin février. Derrière ce terme se cacheraient des efforts plus importants pour intimider l’île militairement parlant et imposer de nouvelles sanctions économiques pour dissuader l’administration de William Lai de poursuivre tout rapprochement avec les USA.
Entre le 8 et 10 mars, ce sera théoriquement l’heure des chaises musicales. La « démission » officielle de l’ex-ministre des affaires étrangère Qin Gang (manière de ne pas faire perdre la face à son protecteur, qui n’était autre que Xi Jinping) et la disparition de l’ancien ministre de la Défense Li Shangfu du site web de la commission militaire centrale (CMC), laissent penser que Pékin pourrait enfin annoncer le nom du remplaçant de Qin (Liu Jianchao fait figure de favori devant Ma Zhaoxu) et à introniser Dong Jun, le successeur de Li, qui n’est encore ni membre de la CMC, ni conseiller d’Etat. Un retour à la normale serait accueilli avec un certain soulagement par les partenaires étrangers. A l’inverse, si ni Dong, ni Liu, n’obtiennent le titre de conseiller d’Etat, cela pourrait indiquer un certain degré de paralysie au sein du leadership.
Même si (pour une fois), ce n’est pas Xi qui sera sur le devant de la scène durant ces « Lianghui », ses prises de parole devant diverses délégations provinciales et groupes sectoriels, sont à suivre de près car souvent révélatrices de ce qui préoccupe le leader. Prendra-t-il la parole devant les délégués du Hunan, où le secrétaire du Parti provincial a récemment lancé une campagne controversée visant à « émanciper les esprits » (lutter contre la passivité des cadres locaux) ?
Enfin, il est toujours intéressant d’observer en fin de session, si les différents rapports présentés sont approuvés à la quasi-unanimité (98% ou 99% des votes) comme c’était le cas les dernières années, ou si ce pourcentage baisse, ce qui pourrait signaler un certain mécontentement vis-à-vis de Xi ou de ses politiques.
Surprise révélée à quelques heures de l’ouverture : Li Qiang ne donnera pas de conférence de presse en clôture de session, comme le veut la tradition depuis 30 ans. Il ne le fera ni cette année, ni les années suivantes. Cet exercice hautement chorégraphié (les questions des journalistes étaient connues en avance et soigneusement sélectionnées) a parfois donné lieu à des déclarations pour le moins « audacieuses » de la part des anciens Premiers ministres. C’était le cas de Wen Jiabao qui avait appelé à la poursuite de la réforme politique ou encore du défunt Li Keqiang, qui avait rappelé que 600 millions de Chinois vivent encore avec trois fois rien, la dernière année de la campagne anti-pauvreté de Xi Jinping… Ces épisodes auraient-ils incité le leader à mettre un terme à cette tradition qu’il jugeait inutile ? Le mystère reste entier, mais cette décision n’aide en rien à restaurer la confiance.

Après la création de cellules du Parti au sein des entreprises, publiques comme privées, c’est au tour des milices armées de faire leur apparition. En effet, ces douze derniers mois, une vingtaine d’entreprises publiques se sont dotées de « départements des forces armées du peuple » (DFAP – 人民武装部). Parmi elles, l’entreprise en charge du métro à Wuhan, le groupe d’investissement municipal de Shanghai (SMIG) ou encore trois sociétés de transport, de construction et de gestion des eaux à Huizhou… Les profils variés des sociétés concernées laissent entrevoir un mouvement coordonné par le gouvernement central.
Que sait-on exactement du fonctionnement de ces milices ? Pas grand-chose si ce n’est qu’elles sont constituées de véritables militaires (probablement d’anciens combattants, ce qui pourrait enlever une épine du pied de Pékin) et d’employés volontaires qui vont recevoir une formation dispensée par l’armée chinoise (APL). Ces milices auront pour fonction de « servir en temps de paix comme en temps de guerre et de faire face aux situations d’urgence ».
A vrai dire, cette « force armée du peuple » (FAP) n’est pas tout à fait nouvelle. Elle a connu son « heure de gloire » à la fin des années 50, avec 30 millions de membres. A l’époque, Mao justifiait son existence par le besoin de renforcer la capacité du pays à se défendre face à la menace « impérialiste » (les Etats-Unis). Cependant, les historiens s’accordent à dire que le Grand Timonier s’en est principalement servi pour promouvoir son agenda personnel et consolider son pouvoir en intimidant et réprimant ceux qui osaient s’opposer à ses idées radicales.
Suite au décès du Grand Timonier et sous l’effet de la politique de réforme et d’ouverture, ces unités ont été progressivement démantelées dans les années 80… En 2011, cette force armée ne comptait plus que 8 millions de membres, selon les données du ministère de la Défense nationale. Elle subsiste notamment au sein des gouvernements locaux et des universités, mais étaient jusqu’à ce jour totalement absentes des entreprises privées.
Or, en octobre dernier, le producteur laitier de Mongolie Intérieure, Mengniu – n°2 en Chine – est devenu le premier groupe privé à créer son DFAP. L’initiative a fait des émules puisque son grand rival, Yili (dont 8,5% de ses parts sont détenues par le gouvernement de Hohhot) a fait de même deux mois plus tard…
L’annonce du retour de cette institution maoïste au sein des entreprises a suscité le scepticisme et l’inquiétude des internautes : la militarisation des sociétés ne va-t-elle pas impacter leurs opérations ? L’enrôlement se fera-t-il véritablement sur la base du volontariat ? Une guerre est-elle à craindre dans un futur proche ?
En guise de réponse, Wu Qian, le porte-parole du ministère de la Défense nationale, a tenté de banaliser leur retour en expliquant le 26 octobre dernier que « la PAFD a toujours fait partie intégrante de notre système de défense nationale » et qu’elle a « joué un rôle important ces dernières années dans le travail de prévention et de contrôle de l’épidémie de Covid-19, en apportant un soutien aux secours lors de catastrophe, et de promotion du développement économique et social ».
La démarche pose question : pourquoi le gouvernement ressent-il aujourd’hui le besoin de ressusciter la FAP alors qu’il peut déjà compter sur l’APL, la PAP (Police Armée du Peuple – 武警), les agents de la sécurité publique et de la sécurité d’Etat, et la police ?
Il y a certes la pandémie de Covid-19 qui a contribué à convaincre le leadership de la nécessité de mettre sur pied des organisations locales plus efficaces encore que de simples comités de quartier pour apporter leur aide en cas d’urgence nationale majeure.
Mieux faire face aux potentielles conséquences sociales du ralentissement économique (hausse du chômage des jeunes, stagnation – sinon baisse – du niveau de vie…) et des différentes reprises en main sectorielles (immobilier, éducation, géant de l’internet…) est une autre source de motivation du gouvernement à la « réactivation » de ces milices.
De fait, les grèves d’ouvriers et autres types manifestations ont plus que doublé l’an dernier par rapport à douze mois plus tôt : 1794 recensées en 2023 contre seulement 830 en 2022, rapporte l’ONG hongkongaise China Labour Bulletin.
Pourtant, 2022 avait été une année particulièrement agitée. On se souvient notamment du rassemblement d’épargnants lésés par une banque régionale du Henan, des différents mouvements de contestation de propriétaires refusant de continuer à payer leur crédit immobilier pour des appartements dont le chantier a été interrompu par un promoteur surendetté ou encore des manifestations d’ouvriers réclamant de meilleurs salaires à l’usine Foxconn.
Mais le point d’orgue a sans aucun doute été les manifestations contre la politique « zéro Covid » qui ont bourgeonnées fin novembre 2022 dans toutes les grandes villes du pays. Ce mouvement en particulier, a profondément marqué le leadership, qui n’avait pas su prendre la mesure du ras-le-bol généralisé qui prévalait à l’époque.
Ainsi, le gouvernement compte s’appuyer sur ces miliciens pour mieux anticiper et réprimer d’éventuels mouvements sociaux.
Ces nouvelles structures présentent également l’avantage de permettre à Pékin de renforcer un peu plus son contrôle sur des groupes présentant une importance stratégique aux yeux du pouvoir. Il ne serait donc pas surprenant de voir ces PAFD se multiplier dans le secteur de l’immobilier, de la finance ou de la tech ou alors au sein d’entreprises qui sont engagées dans le développement des « nouvelles routes de la soie » (BRI) – quoique ces milices n’aient jusqu’à présent jamais opéré hors de Chine.
Enfin, la résurgence de la PAF est également directement liée aux efforts entrepris par Xi Jinping pour réorganiser et moderniser de l’APL, le leader souhaitant faire de l’armée chinoise une armée « de classe mondiale ».
En effet, l’APL pourrait déléguer certaines responsabilités à ces miliciens, ce qui permettrait d’économiser de précieuses ressources en temps de guerre. Les récentes difficultés de recrutement de l’armée russe déployée plus longtemps que prévu sur le front ukrainien, ont probablement conforté Pékin dans sa décision…
Ainsi, même si la mission principale de ces milices sera de contribuer à prévenir les troubles à l’ordre social, il ne faut pas sous-estimer la détermination de Xi Jinping à préparer son pays au pire des scénarios : en cas d’invasion militaire de Taïwan qui tourne mal par exemple ?

Au lendemain de la conférence de Munich (16-18 février), événement surnommé le « Davos de la sécurité », le ministre de la Sécurité publique, Wang Xiaohong, a rencontré le Premier ministre hongrois à Budapest, pour lui proposer d’étendre leur partenariat stratégique aux questions de sécurité publique, allant au-delà des relations commerciales et d’investissement, au moment où les deux pays célèbrent le 75e anniversaire de leurs relations diplomatiques.
De fait, depuis l’arrivée au pouvoir de Viktor Orbán en 2010, la Hongrie a noué des liens de plus en plus étroits avec des acteurs autoritaires, notamment la Russie et la Chine, ce qui suscite de nombreuses inquiétudes au sein de l’Union Européenne, dont le pays est membre depuis 2004.
La raison de l’intensification des relations commerciales et politiques de la Hongrie avec la Chine en particulier, réside dans une politique connue sous le nom « d’ouverture à l’Est » (POE). Annoncée pour la première fois après la victoire électorale d’Orban en 2010, celle-ci vise à réduire la dépendance de la Hongrie à l’égard des pays occidentaux et à réorienter le pays vers l’est dans l’espoir d’obtenir des investissements et des prêts. C’est dans ce contexte que la Hongrie a officiellement rejoint l’ancienne initiative « 17+1 » (Chine et pays d’Europe centrale et orientale) en 2012, devenant trois ans plus tard le premier pays européen à signer le protocole d’accord des « nouvelles routes de la soie » (BRI). En retour, la Hongrie s’est révélée être une plaque tournante financière, économique et logistique très utile pour la Chine en Europe.
Malgré la stratégie POE de la Hongrie visant à stimuler les interactions économiques avec la Chine, l’UE demeure le plus grand partenaire économique de la Hongrie, avec 78 % de ses exportations destinées aux États membres de l’UE et 71 % de ses importations provenant de l’UE.
En ce qui concerne la Chine, le pays représente le plus grand partenaire commercial de la Hongrie en dehors des frontières européennes. Entre 2000 et 2016, les importations et les exportations de la Hongrie vers la Chine ont connu une augmentation constante, au prix d’un important déficit commercial. De ce point de vue, la politique d’ouverture à l’Est de la Hongrie a échoué à produire les résultats escomptés.
Une tentative récente visant à renforcer les relations économiques entre les deux pays a été la reconstruction de la ligne ferroviaire Budapest-Belgrade (BBR), entre les capitales hongroise et serbe, comme convenu en 2013. Même si le projet aurait dû être achevé en 2017, il n’a démarré que fin 2021, avec un achèvement possible d’ici 2025. La BBR a néanmoins connu un premier succès, relaté par le Global Times en mars 2022, quand les représentants hongrois et serbes ont pris le train à la gare de Belgrade et sont arrivés à la gare de Novi Sad, « l’Athènes serbe ». Cependant, ce projet ferroviaire a été largement critiqué pour son manque de transparence et son risque élevé de corruption. Selon certains analystes, même une fois achevé, le chemin de fer ne servirait qu’au transport de marchandises chinoises du port du Pirée (Grèce) vers l’Europe centrale. Ainsi, sa valeur ajoutée sera sans doute limitée pour l’UE et la Hongrie elle-même.
Si la part de la Chine dans le commerce total de la Hongrie est relativement faible par rapport à celle de l’UE, en revanche, la Hongrie continue de recevoir plus de 4 milliards d’euros de la part de Bruxelles chaque année, tout en contribuant à moins de 1 milliard d’euros au budget européen et ce alors même que Budapest ne cesse de se positionner contre l’Europe en termes géopolitiques.
À plusieurs reprises, la Hongrie s’est tenue à l’écart ou s’est opposée aux positions critiques de l’UE à l’égard de la Chine. Ainsi en 2016, la Hongrie a bloqué une déclaration de l’UE concernant la mer de Chine méridionale conduisant à une déclaration édulcorée. De même, la Hongrie a refusé de se prononcer sur l’arrestation de Michael Kovrig, ancien diplomate canado-hongrois par la Chine en 2018. Si, en 2021, Budapest a accepté de sanctionner des responsables chinois en vertu de la loi Magnitski de l’UE pour leur complicité dans des crimes contre la minorité ouïghoure, Budapest a ensuite critiqué l’UE pour cette décision. Enfin, la Hongrie a bloqué une déclaration de l’UE critiquant la Chine au sujet de la loi sur la sécurité de Hong Kong.
Autrement dit, la Hongrie donne systématiquement la priorité aux relations avec Pékin plutôt qu’à la défense des valeurs de l’UE et au soutien de positions communes. On pourrait évoquer la même ambiguïté géostratégique vis-à-vis de la Russie en porte-à-faux avec les autres capitales de l’Europe : Budapest a bloqué l’aide à l’Ukraine et a longtemps freiné l’adhésion de la Suède à l’OTAN.
Parallèlement, la Hongrie a accueilli favorablement les investissements chinois malgré l’appel de l’UE à ses membres d’aligner leurs relations avec la Chine sur celles du bloc. La Hongrie de Orban utilise les investissements chinois comme une forme de chantage pour obtenir toujours plus de l’Europe financièrement tout en donnant de moins en moins géopolitiquement. La relation avec Pékin donne en effet à Orban un levier politique qu’il peut utiliser dans les négociations avec l’UE : en 2018 déjà, Orban avait prévenu qu’il se tournerait vers la Chine si l’UE n’offrait pas davantage de financements pour les infrastructures.
Les investissements chinois constituent également une source de fonds alternatifs pour maintenir la croissance économique et ce même si ces investissements s’opposent aux politiques économiques stratégiques de l’Europe. Ainsi, la Hongrie abrite la plus grande base logistique et manufacturière de Huawei en dehors de Chine, malgré les avertissements de la Commission européenne selon lesquels le géant des télécommunications représente un risque pour la sécurité de l’UE. En 2022, la société chinoise de batteries CATL a accepté d’investir 7,5 milliards de $ pour construire une usine à Debrecen. En 2024, la Hongrie accueillera le constructeur automobile chinois BYD, qui y ouvrira sa première usine européenne malgré le risque que pose pour les autres constructeurs – notamment français – l’entreprise chinoise de véhicules électriques bénéficiant d’aides publiques démesurées.
Dans ce contexte, l’annonce d’un nouveau volet sécuritaire aux accords économiques entre la Hongrie et la Chine peut légitimement interroger à Bruxelles. Non content d’être la porte d’entrée européenne du dumping technologique et économique chinois, Budapest pourrait devenir le cheval de Troie du dumping sécuritaire de Pékin qui tient à doubler, partout où c’est possible, l’aspect financier et infrastructurel des nouvelles routes de la soie, d’un volet sécuritaire et policier.

- Australie : 澳洲 ; Àozhōu
- International : 国际; guójì (HSK 2)
- Politique : 政策; zhèngcè (HSK 6)
- Institut de recherche : 研究院 ; yán jiù yuàn (HSK 3)
- Le monde entier, mondial : 全球 ; quánqiú (HSK 3)
- Diplomatie : 外交 ; wàijiāo (HSK 3)
- Index, indice : 指数; zhǐshù (HSK 6)
- Rapport, discours, informer : 报告 ; bàogào (HSK 3)
- Montrer, illustrer, démontrer : 显示 ; xiǎnshì (HSK 3)
- Représentation, représenter : 代表 ; dàibiǎo (HSK 3)
- Structure, organisation, agence, institution : 机构 ; jīgòu (HSK 4)
- Davantage que : 多于 ; duō yú
- Empreinte : 足迹 ; zújì
- Ambassade : 使馆 ; shǐguǎn
- Consulat : 领事馆 ; lǐngshìguǎn
- Nombre, quantité : 数量 ; shùliàng (HSK 3)
- Dépasser, surpasser : 超越 ; chāoyuè (HSK 5)
- Rang : 名列 ; míng liè
- Géopolitique : 地缘政治 ; dìyuán zhèngzhì
- Clé, crucial : 关键 ; guānjiàn (HSK 5)
- Région, zone : 地区 ; dìqū (HSK 3)
- Mener, être en tête : 领先 ; lǐngxiān (HSK 3)
- Par exemple : 例如 ; lìrú (HSK 2)
- Afrique : 非洲 ; fēizhōu
- Asie : 亚洲 ; yàzhōu
- Océan Pacifique : 太平洋; tàipíngyáng
- Rester, demeurer : 仍旧 ; réngjiù (HSK 5)
- Amérique : 美洲; měizhōu
- Europe : 欧洲 ; ōuzhōu
澳洲智库罗伊国际政策研究院(Lowy Institute)的《全球外交指数报告》(Global Diplomacy Index)显示,中国在全球设有274个外交代表机构,略多于美国的271个,外交足迹达世界第一。 2019年的报告显示,中国在全球的使馆与领事馆数量超越美国。中国在地缘政治角力的几个关键地区领先,例如非洲、亚洲和太平洋;美国仍旧领先的⋯⋯则是美洲和欧洲。
Àozhōu zhìkù luō yī guójì zhèngcè yán jiù yuàn (Lowy Institute) de “quánqiú wàijiāo zhǐshù bàogào”(Global Diplomacy Index) xiǎnshì, zhōngguó zài quánqiú shè yǒu 274 gè wàijiāo dàibiǎo jīgòu, lüè duō yú měiguó de 271 gè, wàijiāo zújì dá shìjiè dì yī. 2019 Nián de bàogào xiǎnshì, zhōngguó zài quánqiú de shǐguǎn yú lǐngshìguǎn shùliàng chāoyuè měiguó, míng liè dì yī. Zhōngguó zài dìyuán zhèngzhì juélì de jǐ gè guānjiàn dìqū lǐngxiān, lìrú fēizhōu, yàzhōu hé tàipíngyáng; měiguó réngjiù lǐngxiān de ⋯⋯zé shì měizhōu hé ōuzhōu.
« Le rapport Global Diplomacy Index du Lowy Institute, un groupe de réflexion australien, montre que la Chine compte 274 bureaux de représentation diplomatique dans le monde, soit un peu plus que les 271 des États-Unis, se classant au premier rang mondial en termes d’empreinte diplomatique. Le rapport de 2019 montre que la Chine a dépassé les États-Unis en termes de nombre d’ambassades et de consulats dans le monde. La Chine est en tête dans plusieurs régions géopolitiques clés, comme l’Afrique, l’Asie et le Pacifique ; les États-Unis restent en tête dans les Amériques et en Europe.
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- Economie : 经济 ; jīngjì (HSK 3)
- Continuer, persister : 持续 ; chíxù (HSK 3)
- Être déprimé, atone, manquer de vitalité : 不振 ; bùzhèn
- Selon, basé sur : 根据 ; gēnjù (HSK 4)
- Sondage d’opinion : 民调 ; mín diào
- Local : 当地 ; dāngdì (HSK 3)
- Habitant (d’une ville), résident, citoyen : 市民 ; shìmín (HSK 6)
- Rares sont ceux : 罕有 ; hǎnyǒu
- Actuellement : 当前 ; dāngqián (HSK 5)
- Situation : 情况 ; qíngkuàng (HSK 3)
- « Impossible de comparer une chose à l’autre » (expression) : 相提并论 ; xiāngtíbìnglùn (HSK 7-9)
- Entreprise privée : 民企 ; mínqǐ
- Développer, développement : 发展 ; fāzhǎn (HSK 3)
- Satisfaction : 满意 ; mǎnyì (HSK 2)
- Tomber, chuter (en bourse par exemple) : 跌破 ; diē pò
- Au plus bas : 新低 ; xīndī
- En lien avec, pertinent : 相关 ; xiàng guān (HSK 3)
- Nouvelles (actualités), rapports : 报道 ; bàodào (HSK 3)
- Supprimer, effacer : 删除 ; shānchú (HSK 7-9)
中国经济持续不振。根据广州最新的民调,当地市民罕有地把当前经济情况与2015年相提并论,对民企发展的满意度更跌破新低。民调相关报道在发出后不久已遭删除。
Zhōngguó jīngjì chíxù bùzhèn. Gēnjù guǎngzhōu zuìxīn de mín diào, dāngdì shìmín hǎnyǒu de bǎ dāngqián jīngjì qíngkuàng yǔ 2015 nián xiāngtíbìnglùn, duì mínqǐ fāzhǎn de mǎnyì dù gèng diē pò xīndī. Mín tiáo xiàng guān bàodào zài fāchū hòu bùjiǔ yǐ zāo shānchú
« L’économie chinoise reste atone. Selon un récent sondage réalisé à Canton, rares sont les locaux qui jugent que la situation économique actuelle est aussi bonne que celle de 2015, et leur satisfaction à l’égard du développement des entreprises privées est tombée au niveau le plus bas. Les rapports liés au sondage ont été supprimés peu de temps après leur publication ».

A Suzhou (Jiangsu), Duo Na, lycéenne de 17 ans, partageait ses jours entre trois activités : assister aux cours (qui l’ennuyaient, puisque même avec un an d’avance, elle comprenait tout dès la première phrase du professeur), surfer sur internet, et répondre aux appels incessants des copains sur son smartphone, implorant la solution de l’exercice de maths ou de physique, ou des idées pour la rédaction. Elle était née meneuse : son charisme la faisait chaque année réélire déléguée de classe – hors de l’école, tous la réclamaient.
Ses ami(e)s s’épanchaient sur les petites choses de la vie : la sévérité d’un père, la trahison d’une meilleure copine, surprise main dans le sac en train de chiper son petit ami… Duo Na avait la solution à tout, savait écouter, excellait à réconcilier, orienter, calmer.
La nuit, enfin seule, elle dévorait les forums sociaux sur la toile, ou lisait l’un de ces dizaines de romans postés chaque jour par des auteurs néophytes. Et c’est ainsi qu’un beau jour de printemps 2013, elle tomba sur « mon boyfriend sur GSM », opuscule mal écrit mais fourmillant de stimulantes anecdotes amoureuses, et d’une idée si ingénieuse que la fille en perdit toute envie de dormir pendant trois jours L’auteur avait imaginé une fille aux 10 amants, tous par téléphone, service virtuel qu’elle faisait payer. L’innovation tenait à la définition de l’amour, le produit vendu : il était strictement platonique, cadré dès le 1er appel par la meneuse de jeu : la moindre demande d’adresse, le moindre appel à rendez-vous ou propos scabreux causerait la rupture. Or à en croire le roman, cette exigence, loin de rebuter les garçons, les attirait par dizaines.
D’emblée, Duo Na avait vu l’opportunité qui se dessinait, le service qu’attendaient les élèves autour d’elle. De plus, elle le voyait bien, copains et copines ne savaient que faire de leur temps, et manquaient d’argent de poche. De tous ces ingrédients, elle allait faire un cocktail détonnant – le clou de l’année sur internet.
En même temps, de nombreux services similaires florissaient sur Taobao, le portail commercial d’Alibaba – l’idée était donc bien dans l’air du temps. Aussi notre lycéenne recruta comme téléphonistes la moitié de sa classe et ouvrit dare-dare Hello baby, son agence d’amour virtuel à 20 ¥ par jour.
Il ne lui fallut pas longtemps pour constater qu’elle avait vu juste : de 6 à 7 appels le 1er jour, Hello Baby était passé à 500 au bout d’un mois. Pour suivre la demande, elle dut étoffer sans cesse son réseau d’amants (via Taobao, à travers toute la Chine) d’abord à 60, puis à 200, tous sélectionnés sur leur joli visage (pour la photo sur le site) et la chaleur de leur timbre vocal. Pour raffiner l’offre, elle dut aussi diversifier ses employés par personnalité : quiconque cherchait une fille pouvait choisir entre « poupée, pétulante, femme mure » ou « fille d’ à côté ». Le garçon lui, pouvait se présenter « sous l’uniforme, jeune premier, chef d’entreprise ou tonton qui console ». Payable d’avance par carte, la commission retombait en espèces sonnantes et trébuchantes dans les escarcelles de Taobao (10%), de l’amant(e) et de Duo Na (45% chacun).
La jeune femme d’affaires n’en fait pas mystère : à son armée d’amoureux vénaux, impossible de faire leurs choux gras puisque chacun ne peut servir –qualité oblige- qu’un client à la fois. Le job peut par contre faire perdre le sommeil : amantes et amants doivent chaque matin réveiller le (la) client(e), répondre à ses appels tout au long de la journée. Elle-il entend ses confidences, le conseille, l’aide à ses devoirs, l’assiste aussi dans ses jeux en ligne, à conquérir l’épée magique, sauver la princesse… Le soir venu, il-elle lui souhaite bonne nuit –le ou la borde virtuellement dans son lit.
La demande de service se concentre invariablement le soir, heure où les jeunes ressentent fatigue et besoin de soutien. Elle s’exacerbe entre mars et juin, période du bachotage. La composante émotionnelle est aussi essentielle : Madame Zhang Xiaoli, Présidente de l’Association nationale de santé mentale, décrit ce client-type comme un ado bourré de complexes, malhabile face aux filles.
Toujours est-il qu’après deux ans, Duo Na est au seuil de la richesse. En octobre 2013, Hello baby faisait 30 contrats par jour, mais en août suivant, pour la pause estivale où les jeunes cherchent à tromper l’ennui, l’agence était passée à 200 par jour : Duo Na gagnait, cet été-là, 300.000 yuans.
Au fait, comment juger le travail de Duo Na ? Est-elle amorale, diabolique, à profiter de la misère existentielle des jeunes autour d’elle pour leur vendre du vent ? Ou bien est-elle une sainte, ayant réussi à cultiver chez des milliers d’ados la friche émotionnelle laissée déserte par les parents et les professeurs ?
Toujours est-il que cette businesswoman fait preuve d’une éblouissante énergie vitale et fait fortune par son initiative : encore une qui n’a pas attendu que lui tombe dans la bouche les cailles rôties. En chinois, cela se dit par une jolie formule, « 守株待兔 » (shǒu zhū dài tù) : « attendre à côté de la souche, que le lapin vienne s’y assommer ».
Par Eric Meyer
NDLR: Notre rubrique « Petit Peuple » dont fait partie cet article raconte l’histoire d’une ou d’un Chinois(e) au parcours de vie hors du commun, inspirée de faits rééls.
Ce « Petit Peuple » a été publié pour la première fois le 8 février 2014 dans le Vent de la Chine – Numéro 5 (2015)

4 – 6 mars, Canton: SIAF GUANGZHOU 2024, Salon international pour l’automatisation des procédés
6 – 8 mars, Shanghai: CCEC CHINA 2024, Salon international et conférence sur les carbures cémentés de Shanghai
6 – 8 mars, Shanghai: PM CHINA 2024, Salon international et conférence de Shanghai sur la métallurgie des poudres
6 – 9 mars, Tianjin: CIEX 2024, Salon international de l’automation, de la robotique et de la machine-outil
6 – 9 mars, Tianjin: CIRE 2024, Salon international chinois de la robotique industrielle
13-15 mars, Shanghai : CAC SHOW 2024, Salon international et conférence dédiés à l’agrochimie et aux technologies de protection des récoltes
13-15 mars, Shanghai : CHINASHOP – CHINA RETAIL TRADE FAIR 2024, Salon dédié aux technologies de pointe et aux toutes nouvelles solutions pour le commerce de détail
19-21 mars, Canton : MRO SUMMIT GUANGZHOU 2024, Salon et conférences B2B en Chine pour l’industrie aérospatiale MRO (Maintenance, Réparation et Opérations)
20-22 mars, Shanghai : PRODUCTRONICA CHINA 2024, Salon international de la production électronique
20-22 mars, Shanghai : SEMICON CHINA 2024, Salon international de l’équipement et des matériaux pour les semi-conducteurs
20-23 mars, Jinan : JINAN INTERNATIONAL INDUSTRIAL AUTOMATION 2024, Salon chinois international des technologies d’automation industrielle et de contrôle
25-27 mars, Pékin : CIPPE 2024, Salon international chinois du pétrole, des technologies pétrochimiques et de leurs équipements
26-28 mars, Shanghai : CTW CHINA 2024, La principale conférence sur la gestion des voyages d’entreprise en Chine
26-29 mars, Shanghai : HDE – ECOBUILD CHINA 2024, Salon de la construction et du bâtiment durable
27-30 mars, Hefei : CCEME – HEIFEI 2024, Salon international des équipements de fabrication pour la Chine intérieure
28-30 mars, Shenzhen : ITES EXHIBITION (SIMM) 2024, Salon des technologies et d’équipements de fabrication de pointe dans le sud de la Chine.
10 – 13 avril, Pékin, Shanghai : ACCESS MBA – BEIJING 2024, Campagne de communication spécialement conçue pour mieux informer les étudiants des opportunités de MBA
11-14 avril, Shanghai : CMEF – CHINA MEDICAL EQUIPMENT FAIR 2024, Salon chinois international de l’équipement médical
15-17 avril, Fuzhou : HEEC – HIGHER EDUCATION EXPO CHINA 2024, Le grand salon de l’éducation de haute qualité en Asie
17-19 avril, Pékin : BEIJING INFOCOMM CHINA 2024, Beijing Infocomm China comprend une exposition qui présente les inventions des TIC les plus avancées et les plus demandées au monde
18-20 avril, Shanghai : IE EXPO CHINA 2024, Salon professionnel international de la gestion et traitement de l’eau, du recyclage, du contrôle de la pollution atmosphérique et des économies d’énergie
23-26 avril, Shanghai : CHINAPLAS ‘2024, Salon international des industries du plastique et du caoutchouc