Editorial : Shanghai — Un G20 de petits riens

Tel est le paradoxe de ce G20, le meeting financier des 26-27 février à Shanghai, entre 19 puissances et des institutions telles FMI, Banque Mondiale ou Union Européenne. Chacune campa sur des positions souvent antagonistes, bloquant toute chance d’accord substantiel. Mais en même temps, chacune réaffirma la valeur de ce G20, au vu des bénéfices forts acquis en 10 ans en son sein, telle la réforme du FMI ayant doublé à 670 milliards de $ ses fonds propres et ayant élargi sa base décisionnelle à un nombre de pays émergents. Ces positions ambiguës reflétaient en partie la conjoncture, entre récession et reprise fragile. 

Le 26 février encore, la bourse de Shanghai perdait 6%, marquant l’inquiétude palpable des investisseurs face au quasi-gel de la réforme des conglomérats publics. Mais chez les négociateurs, l’ambiance était différente. Jim Yong Kim, patron de la Banque Mondiale, s’attendait à voir ce G20 donner au marché « un signal de confiance » avec l’exemple d’une Chine déterminée à refuser les solutions de facilité, comme dévaluer pour soutenir l’export, ou « dépanner » ses grands groupes par un vaste « stimulus ». Zhou Xiaochuan, patron de la Banque Centrale, donna le même signal en ré-affichant l’objectif d’un yuan convertible « sous quelques années ». Au G20, Zhu Guangyao, vice-ministre des Finances, jura d’assurer « la transparence du marché » et la stabilité du yuan, en poursuivant son « flottement assisté », et la dynamisation du management des consortia.

 Durant ce sommet, la Chine, puissance invitante, se montra déterminée à prouver, par une attitude ouverte et pragmatique, ses capacités de gestion de l’univers multilatéral. Une surprise de ce conclave fut de constater combien elle s’était inspirée, pour les préparatifs, d’un modèle diplomatique… français, ne se cachant pas d’admirer le succès, à Paris en décembre, à la COP21, et l’accord climatique obtenu même de nations fort opposées à l’origine. Aussi ces cadres jeunes, souvent formés en Occident, avaient multiplié les mois précédents les missions pour aller écouter tous les acteurs. Plutôt que viser un stimulus réclamé par le FMI et les USA mais refusé par l’Allemagne, ou un rapprochement des taux d’intérêt (rejeté par la FED américaine), ils se concentraient sur des « réformes structurelles ». 

L’une d’elles pourrait être l’«  obligation verte » (green bond), qui vise à atteler l’épargne dormante à des projets de chantiers et usines à faible pollution. Ici, la Chine a avancé vite, ayant voté dès décembre sa législation et ses normes « vertes », pour émettre 40 milliards de $ de ces titres pour le seul mois de janvier 2016. A ce rythme, la Chine va 5 fois plus vite que le reste du monde (80 milliards sur l’année 2015). Grâce à cette manne de financement panaché privé-public, elle veut d’ici 2020 créer 69 millions d’emplois. Au G20, Pékin proposait donc de populariser ce nouvel outil, en harmonisant « en douceur » des normes communes. Pékin offrit aussi aux partenaires de lancer un « indicateur de réforme structurelle », permettant de comparer les progrès entre les différents pays selon leurs niveaux de productivité, d’inégalités, d’émissions de CO2 et de leur dette publique. 

Une des autres vertus majeures du G20 par le passé, est d’avoir monté une protection contre le risque d’effondrement des banques, pour cause de trop faibles réserves… A Shanghai, le G20 ouvrit un nouveau chapitre à ce travail, contre le risque lié à la banque grise et aux prêts sur internet, en croissance foudroyante mais hors du radar régulateur et de tout règlement de protection du consommateur.

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