Comme chaque année à même époque, le Conseil d’ Etat dévoile (4 février) son document n°1 consacré aux 600 millions de ruraux chinois. D’ici 2020, la Chine veut en avoir arraché 30 millions à la pauvreté, avoir achevé sa réforme agraire pour 2035, et comblé l’écart de richesse entre villes et campagnes pour 2050. Sa liste de tâches inclut une mécanisation poussée, un effort dans la formation et dans les semences, une dépollution des sols lessivés par l’excès d’engrais, et un soutien aux industries rurales.
Pour offrir aux migrants la chance d’un pécule pour refaire leur vie, il veut leur permettre de céder leurs terres. Il prépare donc une dérégulation du droit foncier socialiste, séparant les droits de propriété, de vente et de fermage. En 2016, 16 à 30 millions d’hectares de lopins en friche attendaient leur réhabilitation – un processus ralenti par la crainte de Pékin de voir des cadres peu scrupuleux accaparer ces terres à tarif de misère. La réforme garantira le maintien de leur usage agricole (bloquant la voie aux promoteurs immobiliers), et la cession à des paysans « aptes » ou à des groupes agro-industriels, à prix respectant le paysan.
L’autre nouvelle du mois, concernant la Chine verte, fut la visite du couple royal néerlandais à Pékin les 7 et 8 février, reçu par le 1er ministre Li Keqiang et le Président Xi Jinping. Cette visite préludait à celle du 1er ministre des Pays-Bas Mark Rutte en avril. La Hollande est le second exportateur agricole mondial, et est détenteur d’une agronomie hors pair : à Pékin, entre Hollandais et Chinois, on a surtout parlé de transfert de technologies, en élevage bovin comme porcin, en production légumière comme en horticulture.
Pour se rapprocher des Pays-Bas, la Chine des affaires n’a pas attendu. Dès 2016, elle était le second importateur mondial des produits de l’Europe verte, dont elle acquérait 8,7% des exportations—de ces montagnes de produits agricoles, une belle part provenait des PaysBas. Dès 2012, Ausnutria, de Changsha (Hunan) achetait Hyproca, firme hollandaise de lait en poudre bio. Depuis, son PDG Yan Weibin, s’appuyant sur la main d’œuvre qualifiée locale, a monté sur place cinq usines et un centre de R&D, créant 460 emplois et une chaîne intégrée de produits, du fourrage au lait en poudre. Ses produits «néerlandais», Yan les écoule à travers 65 pays, et se dit prêt à rapatrier ce savoir-faire, vers le Céleste Empire.
1 Commentaire
severy
15 février 2018 à 12:24Autant demander aux Belges de leur donner les secrets de la frite parfaite pour pouvoir un peu plus tard avoir l’avantage, le plaisir et l’honneur d’importer de Chine ce fleuron de la gastronomie d’un pays à plat.