Le 6 février, le Conseil d’Etat publiait ses lignes directrices révisées de l’emploi au 13ème Plan (2016-2020), avec la volonté de créer « au moins » 50 millions de jobs urbains, 5 millions de plus que lors du dernier Plan. Il considère l’objectif « très difficile », quoique de 2010 à 2015, il ait créé 64 millions d’emplois et maintenu le chômage à « 4,1% », très en dessous de l’objectif de 5%.
En fait, nuance Zhang Jun de l’université Fudan (Shanghai), le chômage urbain est plus élevé – de 10,7% en 2005. Mais il a baissé fortement et régulièrement, à 7% en 2012, du fait du trop grand succès du contrôle des naissances des années précédentes. De ce fait, la population a cessé de croître tandis que l’économie maintient encore la vapeur, à +6,5% par an. L’industrie lourde, non rentable, devrait reculer mais elle se maintient, boostée artificiellement par les subventions aux secteurs en surcapacité.
Le résultat, selon Zhang Jun, est un chômage qui baisse et un PIB qui ralentit – ce qui doit signifier une productivité nationale déclinante, et une menace à la croissance de demain. La tendance dénonce comme coupable le choix de l’Etat de protéger des emplois à faible qualification et des secteurs à faible valeur. Selon Zhang, « les leaders font face à un choix difficile, entre une hausse du chômage à court terme et une croissance plus faible à moyen terme ».
Les 50 millions d’emplois visés par le Plan, soit 10 millions par an, iront pour 48% aux remplacements des départs à la retraite, et pour le reste à des emplois de services et des secteurs connectés. De plus, selon le Boston Consulting Group, en 2035, le secteur digital en Chine pèserait 16.000 milliards de $ et 415 millions d’emplois, quasiment le double de 2020.
L’Etat soutiendra aussi la formation et les études, et donnera du travail par priorité aux licenciés des industries surnuméraires, ainsi qu’aux jeunes diplômés qui seront 8 millions en 2017, contre 1,14 million en 2001.
Une autre voix sonne l’alarme, celle du China Labour Bulletin de Hong Kong, centre d’études syndicales interdit en Chine. CLB décompte en 2016 quelques 2663 mouvements sociaux, qui sont sans doute « 10% de la réalité », les autres étant cachés par la censure. Une cause majeure de grèves et occupations d’usines, est la rétention des salaires. CLB constate aussi pour la première fois, une masse de protestations dans les services et dans l’économie nouvelle (industries digitales, environnementales…), dépassant celle du secteur industriel. Autant dire que la tension est partout, dans cette économie en quête d’un nouveau souffle.
Sommaire N° 5-6 (2017)