Politique : Le retour surprise de Wang Qishan

Le 18 octobre, Wang Qishan, 69 ans, alors président de la Commission Centrale de Discipline du Parti (CCID) se retirait de tous ses mandats, y compris du Comité Permanent (CP), l’organe exécutif suprême. En effet, la règle spécifie qu’à 67 ans, les cadres peuvent être promus mais doivent partir à la retraite à 68 ans («七上八下»). Ce départ reflétait la décision de Xi Jinping, afin de ne pas permettre à d’autres membres du CP de se maintenir à plus de 67 ans.

Mais voici que de bonne source, Wang Qishan assistait encore aux réunions du CP en tant qu’« ancien » et « conseiller » sans droit de vote. La rumeur lui prête même de bonnes chances d’être élu en mars 2018 par l’Assemblée Nationale Populaire, vice-Président de la République. Voilà qui change la donne ! Siéger au Comité Permanent (et au Politburo) sans y être élu s’est déjà vu à plusieurs reprises dans le passé, notamment en mai 1989 quand un « comité des conseillers » s’était adjoint au Politburo pour voter l’éviction de Zhao Ziyang, sur demande de Deng Xiaoping. Toutefois cette décision, au demeurant exécutoire et définitive, avait été reçue comme d’une légitimité contestable.

Que faut-il donc penser du maintien de Wang Qishan au Comité Permanent ? D’aucuns y voient un processus raisonnable et temporaire de « soudure » entre le CP d’hier, et celui d’aujourd’hui, dont 5 membres sont nouveaux. Ces mêmes sources écartent néanmoins la possibilité pour Wang Qishan de devenir vice-Président. Mais pour d’autres, c’est la volonté de Xi Jinping qui s’exprime, qui a besoin de cet homme fort pour influencer les décisions futures, notamment sur l’imminente Commission Centrale de Supervision, en préparation depuis 2015. Dans ce cas, le nouveau chef de la CCID, Zhao Leji ne peut voir d’un bon œil le maintien en place de son prédécesseur.
En septembre dernier, un indice de la survie politique de Wang Qishan avait consisté en deux rencontres au sommet, avec Lee Hsien Loong le 1er ministre singapourien, et Steve Bannon, l’envoyé de D. Trump. Il s’agissait d’activités diplomatiques, sans aucun lien avec ses attributions, et de telles rencontres n’ont été possibles qu’avec l’accord de Xi Jinping.

Enfin, devenir vice-Président de la République est une fonction honorifique, mais elle permettra à Wang Qishan de garder un œil direct sur l’activité de Li Keqiang le 1er ministre, et sur le Conseil d’Etat—réduisant un peu plus les prérogatives de la branche civile du pouvoir en Chine.

Avez-vous aimé cet article ?
Note des lecteurs:
0.63/5
8 de Votes
1 Commentaire
  1. severy

    Bel exemple de la politique à cran d’arrêt. Les hommes politiques s’accrochent au pouvoir comme ils peuvent, que ce soit utile au pays ou non.

Ecrire un commentaire