Le 11 décembre verra le 15ème anniversaire de l’entrée de la Chine à l’OMC (Organisation mondiale du Commerce). Durant les 15 ans de période transitoire, l’Union Européenne régulait les cas de dumping chinois par des taxes compensatoires calculées à partir des chiffres de « pays de référence », en estimant les coûts de production en Chine à partir de ceux de pays comparables. Devant l’OMC, l’UE justifiait cette pratique, la Chine n’ayant pas le « statut d’économie de marché ». Mais c’était une discrimination, que l’OMC limitait à 15 ans, après quoi Pékin aurait droit à ce statut—quoique son dumping se poursuive vers les 5 continents, du fait des énormes surcapacités du pays, et de la concurrence non régulée des provinces.
Or, le 9 novembre, l’UE introduisait un nouveau système. Le statut qui fâche disparaît, relayé par une autre défense antidumping, applicable à tous les pays de l’OMC. Une fois validé par les 28 Etats membres et le Parlement européen, le nouveau système permettra à la Commission d’identifier les cas de dumping et d’imposer des droits compensatoires-comme avant, mais sans plus invoquer un manquement à « l’économie de marché ». « En tout cas, remarque-t-on à la Délégation européenne à Pékin, les exportations chinoises sous droits compensatoires ne forment qu’une part faible (autour de 2%) des livraisons de ce pays aux 28 Etats membres ».
Cette explication n’empêche pas Pékin de se lancer dans un travail de lobby contre le nouvel outil, pour tenter de bloquer sa validation – et parfois, de marquer des points. A Londres, le vice-premier Ma Kai a glané une condamnation ferme de cet outil, « en infraction aux normes de l’OMC ». La rupture de solidarité britannique s’explique par le « Brexit ». Conscient de son besoin imminent de nouvelles alliances commerciales et politiques, afin de compenser sa probable lourde perte d’accès au marché communautaire, le Royaume-Uni réapprend très vite à faire cavalier seul.
Face à la France par contre, et en dépit du climat d’amitié, le succès n’est pas au rendez-vous : Ma Kai échoue à obtenir le même ralliement auprès de Michel Sapin, ministre de l’Economie, lors du 4ème Dialogue économique franco-chinois (16 novembre). Voilà donc un différend qu’on verra rebondir à coup sûr en 2017, lors du vote à Bruxelles entre les 28 Etats membres sur ce nouveau bouclier. Mais au Conseil européen, ce type de décisions se prend à majorité « qualifiée » – Londres seule ne pourra rien faire. A ce stade, les chances pour Pékin de faire capoter le nouveau système, sont donc diaphanes.
Sommaire N° 40 (2016)