Technologie d’encryptage récente, la blockchain permet d’émettre sur internet des transactions publiques, vérifiables en temps réel par des milliers d’abonnés. Une fois émise, la formule reste « enchâssée » dans ce réseau bitcoin – consultable et infalsifiable à jamais.
Depuis le 19 octobre, la blockchain sert en Chine au commerce de la viande porc. Son progrès révolutionnaire consiste à publier à l’avance tous les paramètres de la commande (origine, prix, chaîne du froid, label vétérinaire…), puis d’en faire vérifier le respect par tout internaute, au moyen de « nœuds » dans la blockchain. Ainsi, le circuit est virtuellement suivi de l’élevage à l’abattoir, au camion frigo, jusqu’au grossiste. Walmart a introduit le système, assisté par IBM et l’université Tsinghua. S’étant trouvé impliqué dans des scandales de mauvais produits dont il était victime, le distributeur américain a réalisé que seul un contrôle de toute la chaîne, partagé avec les autres acteurs (pour faire face aux coûts prohibitifs d’installation liés à la blockchain), le prémunirait d’une telle mésaventure. Mais il y a loin de la (dé-)coupe aux lèvres ! Pour l’instant, son réseau ne dispose que de 3 nœuds — un géré par Walmart, un par IBM, un par un grossiste anonyme. Or, pour que le système fonctionne, il en faut au moins 10.
Mais il faut bien débuter quelque part. La technologie est d’une puissance inégalée de par sa capacité de supervision et de réduction des intermédiaires. Walmart espère l’élargir à tous les produits de base, contribuant ainsi à enterrer le plus grand fléau en ce pays, l’insécurité alimentaire.
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Autre sujet du moment, la campagne anti-corruption prend un tournant nouveau, annoncé fin octobre par un conclave de recadrage du Parti. Wang Qishan, tzar de la Commission Centrale de Discipline avait fustigé les cadres gâtés qui brocardaient les slogans, refusaient de payer leur cotisation au Parti ou se montraient incapables de citer leur année d’entrée au PCC. Une série d’interdictions sévères vient de suivre : défense (réitérée) de banquets « extravagants » aux frais du socialisme ; défense de croire en dieux, fantômes ou autres superstitions ; et défense de faire nommer ses favoris, de limoger arbitrairement—de telles décisions doivent être collectives.
De plus, par décision du Bureau Politique du 7 novembre, les privilèges liés à la fonction (véhicule, logement, primes, personnels, congés) se fixeront selon les normes, et devront prendre fin lors du passage à la retraite. Ici, l’ex-Président Jiang Zemin pourrait être visé, qui avait gardé au fil des ans une partie de ses avantages.
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Enfin, la Chine vient d’être reconnue des sphères scientifiques mondiales comme leader en matière de fusion nucléaire : en août à Hefei (Anhui), son anneau de confinement EAST (Experimental Advanced Superconducting Tokamak) a pu consumer durant plus d’une minute un plasma d’hydrogène ionisé – record mondial de durée. Pour le vice-directeur Luo Guangnan, c’est un grand pas vers le CFETR (Chinese Fusion Engineering Test Reactor), qui devrait être dès 2030 la 1ère centrale nucléaire à fusion, d’une capacité électrique de 200 MW par fusion de 2 atomes d’hydrogène en 1 atome d’hélium. À l’horizon 2040, elle devrait atteindre 1000 MW, capacité d’une centrale atomique actuelle, à fission.
Ce progrès est du à la richesse des crédits alloués à la recherche, la Chine étant un des rares pays à ne pas rogner sur ces budgets, sans se laisser décourager par l’absence de percée technologique depuis 50 ans. Elle est d’ailleurs aussi contributeur majeur au projet ITER (avec l’UE, Inde, Japon, Russie, Corée du Sud, USA, Suisse), bâti en Provence et destiné à fonctionner en 2025. Rendez-vous à ce moment-là !
Sommaire N° 40 (2016)