En matière commerciale, sous le fouet des taxes américaines et du frein au crédit, 2018 a été une année de Chien ! Aussi la Chine attend le règne du Cochon au nouvel an lunaire (5 février) sous l’élément de la Terre. Mais dans ce signe, elle voit une promesse de dualité, tantôt bonheur, tantôt ennuis !
2019 devrait être une année fertile, portant récolte abondante aux fermes et dans les berceaux. D’ailleurs, non pas deux, mais trois porcelets figurent sur le timbre dédié au signe, indice d’un espoir du régime de relancer une natalité en berne depuis 1961.
Selon l’astrologue Paul Ng, l’année apportera « des ajustements majeurs pour l’avenir, qui replaceront l’Empire du Ciel au centre du Monde ». Finance et économie seront les maîtres mots. La Chine devrait commercer plus avec l’Europe et les pays en développement. Pour être à la hauteur, les leaders devraient déployer discipline, sagesse, éthique et responsabilité. Les secteurs favorisés seront ceux liés aux éléments du Métal, de l’Eau et du Feu : divertissement, finance, éducation, tourisme, énergie, voitures électriques et restaurants – s’ils sont de BBQ ! À l’inverse, les métiers liés au Bois et à la Terre risqueront de souffrir : mode, médecine traditionnelle, pharmacie…
Mais le Cochon réserve aussi des surprises – pas toujours bonnes. A Singapour, des panneaux annoncent le guignon à ceux nés sous ce signe (本命年), qui ont eu le malheur d’« offenser le Tai Sui ».
D’ailleurs les années Cochon de Terre sont prônes aux catastrophes naturelles, glissements de terrain ou séismes : la Chine n’a pas oublié juillet 1959, où le Fleuve Jaune était en crue, noyant deux millions d’êtres. Des conflits peuvent aussi advenir, la révolte des Boxers de 1899, le soulèvement du Tibet de 1959 qui se solda par la fuite en Inde du Dalai Lama (lui-même né en 1935 sous le signe du Cochon) avec 100.000 fidèles. Parmi les célébrités « Cochon » figurent le général Chiang Kai-shek (1887), l’actuel secrétaire du Parti de Shanghai Li Qiang (1959) ou le patron de Tesla Elon Musk (1971), qui vient de poser la première pierre de son usine shanghaienne de voitures électriques.
Les traits de caractères du Cochon astral sont concentrés en la personnalité de Zhu Bajie, un des héros du « Voyage à l’Ouest ». Il est loyal, débonnaire, ne manque ni de bon sens ni de courage. Mais il lui arrive de céder aux péchés de gourmandise, de cupidité et de paresse. Il met ainsi l’an 2019 à risque de retomber dans la corruption et la fraude, surtout sur internet, précise l’astrologue.
Un autre cochon dispute à Zhu Bajie la palme de popularité : « Peppa Pig » (小猪佩奇), la cochette du dessin animé anglais. Devenue icône des jeunes adultes rebelles, Peppa passa d’abord pour subversive auprès d’un pouvoir peu porté sur l’humour, et fut bannie de la toile. Mais remontant la pente, son premier long métrage, en coproduction avec Alibaba, s’apprête à faire un tabac dans les salles obscures durant les fêtes—pour ceux qui resteront en ville. Mais bien plus nombreux seront ceux qui en train, en bus ou en avion, retourneront au village retrouver la famille. Trois milliards de voyages sont attendus, sur 40 jours.
Signe des temps, cette année, la viande de porc ne devrait pas avoir la cote. En raison de l’épidémie de fièvre porcine, galopante depuis l’été 2018, 916.000 bêtes ont déjà été abattues dans 24 provinces, sans parvenir à endiguer le fléau. Les élevages sont trop concentrés, facilitant la propagation du virus. Surtout le manque de mesures de « biosécurité » dans les fermes et les diverses tentatives d’éleveurs de cacher la contamination de leur cheptel n’arrangent rien. Au plus profond des campagnes, le proverbe chinois garde toute sa force, « le ciel est haut et l’empereur est loin » !
Sommaire N° 4-5 (2019)