Hong Kong : Proche de l’impasse

A Hong Kong le 8 novembre, le décès d’un manifestant de 22 ans ayant chuté d’un parking à étages à proximité duquel la police avait tiré des gaz lacrymogènes, déclenchait une vague de colère. Les jours suivants virent des affrontements d’une violence encore inédite, même comparés à ceux ayant eu lieu le 1er octobre, lors du 70ème anniversaire de la RPC,  où une journée de deuil national avait été décrétée. Le 11 novembre, un policier tentant de maitriser au sol un manifestant, tira à balle réelle sur un autre jeune qui s’approchait pour attraper son arme. Le même jour, un balayeur de rue de 70 ans, fut atteint d’un jet de brique en pleine tête, et décéda des suites de ses blessures quelques jours plus tard… Un autre homme, en pleine dispute avec les manifestants, fut arrosé d’un liquide inflammable puis transformé en torche humaine. Les grands axes et ponts étaient bloqués par des pavés disposés au sol, tandis que certains campus universitaires devenaient le lieu d’affrontements entre les manifestants armés de briques, cocktails Molotov et flèches enflammées, et policiers faisant usage de gaz lacrymogènes, matraques, balles en caoutchouc, canons à eau et armes de poing… Le 12 novembre, le porte-parole de la police de Hong Kong mettait en garde que « l’État de droit est sur le point de s’effondrer », tandis que le bureau de liaison affirmait que « la ville était sur le point de tomber dans l’abysse du terrorisme ». Ainsi, la rumeur de l’application d’un couvre-feu émergeait…

Autre source potentielle de conflit : les élections locales prévues le 24 novembre, où les candidats pro-démocratie devraient gagner des sièges. Même si la cheffe de l’exécutif Carrie Lam affirmait qu’elles seraient maintenues, certaines voix s’élèvent sur le continent affirmant qu’il est impossible de tenir des élections dans de telles conditions.  

Forte du soutien affiché par le Président Xi Jinping et le vice-premier ministre Han Zheng, lors de sa tournée continentale, Mme Lam se montrait encore et toujours inflexible : son gouvernement ne cédera à aucune des demandes « soi-disant politiques » des manifestants. Une position dure qui ne fera probablement que renforcer l’obstination des plus radicaux. Carrie Lam a pourtant un large choix de gestes symboliques pour faire baisser la tension : reprendre les tentatives de dialogue sans émettre de conditions, ou relâcher quelques manifestants ayant commis des infractions mineures.

Lors du 4ème Plenum, le leadership s’était mis d’accord sur une solution à moyen et long terme pour Hong Kong : passer une loi de sécurité nationale et renforcer l’éducation patriotique. Mais quelle réponse apporter à court terme pour apaiser les esprits ? Faire intervenir l’armée (ou la PAP) engendrerait un scénario catastrophe : la bourse s’effondrerait, les prix de l’immobilier aussi. La panique gagnerait les banques et l’aéroport. Washington renoncerait aussi à un accord mettant fin à la guerre commerciale. Le Sénat américain se dépêcherait d’appliquer la « loi sur les droits de l’Homme et la démocratie à Hong Kong », qui révoquerait son statut économique spécial. Les multinationales feraient leurs valises, laissant la place aux seules firmes chinoises. Une loi de sécurité nationale serait mise en place et la loi martiale serait maintenue pour plusieurs mois.

Alors, ni Pékin, ni l’exécutif hongkongais, peu habitués à traiter avec leurs citoyens en négociant, ne semblent avoir trouvé d’alternative valable, si ce n’est de « militariser » la police anti-émeute hongkongaise pour restaurer l’ordre coûte que coûte, entrainant inévitablement des affrontements qui pourraient encore durer des semaines, voire des mois. Et même si, par miracle, Hong Kong retrouve le calme, les tensions d’hier et d’aujourd’hui, resteront celles de demain.

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