Depuis des mois, les douanes chinoises sont sur le qui-vive. Des emballages de produits congelés importés seraient à l’origine des récents foyers de contamination de Covid-19 à travers le pays : Pékin, Dalian, Qingdao, Tianjin… En cause, des crevettes équatoriennes, du bœuf et des ailes de poulet venus du Brésil, des jarrets de porc allemands, ou encore du poisson d’Indonésie…
S’il a été prouvé que le virus est capable de survivre plusieurs semaines à -18°C, le risque de contracter la maladie au contact d’un emballage contaminé serait « très faible » selon l’OMS, et très facilement écarté en se lavant les mains. A ce jour, mis à part la Chine, seule la Nouvelle-Zélande a également déclaré en août un foyer d’infection parmi des manutentionnaires de produits importés, sans pouvoir retracer le schéma de contamination avec certitude.
De manière surprenante, deux des derniers foyers de contamination n’ont pas de lien avec des produits réfrigérés ou congelés. À Kachgar (Xinjiang), des conteneurs provenant du Tadjikistan seraient la cause des 400 cas de Covid-19 dans la région, tandis que le tout dernier « cluster » à l’aéroport du Pudong à Shanghai serait lié à un manutentionnaire qui n’aurait pas porté de masque lors du déchargement d’un conteneur venu d’Amérique du Nord. Une origine apparemment confirmée par la souche du virus retrouvée chez les malades, similaire à celle prévalente dans cette zone du monde. La présence du virus dans ces conteneurs non réfrigérés pourrait s’expliquer par les températures hivernales, l’humidité et une mauvaise ventilation, d’après Zhang Wenhong, expert shanghaien.
En attendant, dans les ports chinois, les procédures strictes de désinfection de toutes les cargaisons créent du retard et les conteneurs s’accumulent… Selon les données officielles, pour 10 000 emballages testés, seuls 0,48 seraient positifs. Et mis à part à Qingdao, dans tous les autres cas, seules des « traces » de Covid-19 à la charge virale très faible auraient été détectées.
En cas de test positif, l’exportateur reçoit une semaine de suspension et jusqu’à un mois en cas de récidive. A l’inverse du système de bonus-malus strictement appliqué aux compagnies aériennes, ces mesures sont essentiellement symboliques, puisque même si la firme fait l’objet d’une suspension, il y a de fortes chances que le prochain convoi soit déjà en mer, le trajet depuis l’Europe par exemple nécessitant en moyenne 45 jours.
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Le porc français mis hors de cause
Mi-novembre, des traces de la Covid-19 ont été détectées à Xiamen sur l’emballage d’une cargaison de 25 tonnes de porc français, arrivée par Shanghai. Après enquête, le porc hexagonal était mis hors de cause, les autorités sanitaires concluant à une contamination croisée… Les producteurs allemand et danois n’ont pas eu cette chance : touchés par le coronavirus et par la fièvre porcine (PPA), leurs envois vers l’Empire du Milieu, représentant près de 50% des exportations européennes, ont été interrompus. Cet embargo provoque un afflux de porc sur le marché européen, qui tire les cours vers le bas, tandis qu’en Chine, les prix remontent en prévision du Nouvel An chinois – même s’ils restent inférieurs à ceux de 2019. Dans ce contexte, les importateurs chinois pourraient en profiter pour faire de meilleures affaires en Europe. Mais comme les pays exportateurs ne sont pas nombreux, l’Espagne, qui représente à elle seule 30% des exportations vers la Chine, et dans une moindre mesure, la France, pourraient maintenir leurs prix, la Chine ayant besoin de volume. Pour l’hexagone, l’enjeu est de rester indemne de PPA. Sous cette perspective, la reprise des négociations sur le zonage géographique, permettant d’éviter que toutes les exportations françaises vers la Chine soient pénalisées par un embargo national si la maladie était détectée dans une seule région, est une bonne nouvelle.
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Au total, des firmes exportatrices de plus d’une vingtaine de pays à travers le monde seraient concernées et réclament à la Chine des preuves de la contamination de leurs produits, considérant ces suspensions comme des « restrictions injustifiées au commerce ». Mais jusqu’à présent, aucune précision n’a été donnée par les autorités chinoises, ni sur la méthode de prélèvement et d’analyse, ni sur les résultats…
Une opacité dénoncée par les exportateurs et qui crée la suspicion autour des motivations chinoises : y a-t-il une volonté de « punir » certains pays, de favoriser les producteurs locaux, de blâmer les produits importés pour cacher le fait que la Covid-19 circule toujours en Chine ? La propension chinoise à systématiquement imputer à « l’étranger » (voyageurs comme produits importés, congelés ou non) tous ses nouveaux foyers domestiques, renforce ces soupçons.
En effet, cela fait des mois que la théorie voulant que la Covid-19 ne vienne pas de Chine est poussée par le gouvernement et la presse officielle. Elle a été formulée la première fois dès fin février par l’expert Zhong Nanshan, affirmant que « si la Chine a détecté le virus la première, elle n’en est pas forcément l’origine ». Fin mai, c’était au tour de Gao Fu, directeur de Centre national de Prévention des Maladies (CDC) de déclarer durant le Parlement, que les prélèvements réalisés quatre mois plus tôt au marché de Huanan à Wuhan et testant positifs à la Covid-19, n’étaient pas « d’origine animale » mais « environnementale ». Le marché ne serait donc qu’une « victime » du virus, et pas son origine. Puis, il y a eu l’épisode du marché de Xinfadi à Pékin début juin, où des traces du virus retrouvées sur une planche à découper du saumon importé semblaient indiquer une provenance étrangère… Enfin, mi-novembre, Wu Zunyou (cf photo), l’épidémiologiste en chef au CDC, est allé jusqu’à supposer que le virus pourrait avoir été « importé » au marché de Huanan à Wuhan, puisque les prélèvements positifs les plus nombreux se trouvaient dans la zone consacrée aux fruits de mer en provenance de l’étranger…
Une théorie réfutée par Jin Dongyan, professeur en sciences biomédicales à l’université de Hong Kong : « si des produits importés étaient à l’origine de la contamination à Wuhan, d’autres régions dans le monde auraient également connu une croissance exponentielle des cas de la maladie au même moment et les séquences génétiques du virus auraient été similaires ».
Ce débat sur l’origine du virus a resurgi début novembre après la publication d’une étude réalisée par l’institut national du cancer à Milan (Italie), détectant des anticorps réagissant à la Covid-19 chez des patients (asymptomatiques) dès septembre 2019. En Chine, cette découverte a été interprétée comme la preuve que le virus n’est pas né dans le pays et viendrait d’ailleurs… Les scientifiques italiens eux, déclarent que cette étude démontre simplement que la maladie circulait bien avant décembre 2019 à Wuhan.
Quatre mois plus tôt, des scientifiques espagnols avaient annoncé avoir retrouvé dans des prélèvements d’eaux usées de la ville de Barcelone (Espagne) datant de mars 2019 des traces « faibles mais positives » de la Covid-19, laissant penser que le virus pourrait avoir circulé dans le monde entier de manière silencieuse pendant un long moment avant d’avoir été détecté pour la première fois à Wuhan en décembre 2019.
C’est dans ce contexte que le 19 novembre, Zeng Guang, expert auprès de la Commission Nationale de Santé, notait qu’il est très possible que le virus ait coexisté à plusieurs endroits du globe avant d’être repéré à Wuhan. Zeng se félicitait au passage que « le système d’alerte chinois mis en place après le SRAS en 2003 a été le premier dans le monde à détecter ce nouveau virus », sous-entendant que les autres pays n’auraient pas été en mesure de le faire sur leur sol et surtout niant les précédentes déclarations d’autres membres du CDC, affirmant que le système d’alerte sanitaire n’aurait pas fonctionné. Dans le même esprit, Zhao Lijian, le porte-parole du gouvernement se réjouissait le 24 novembre que « la Chine soit le premier pays au monde à inviter des experts de l’OMS », se posant ainsi en modèle de coopération…
Justement, les premières informations à propos de l’enquête sur les origines du virus menée par l’OMS en Chine, étaient révélées courant novembre. Les 10 spécialistes de la santé publique, de la santé animale, chercheurs de virus, japonais, qatari, allemand, vietnamien, russe, australien, danois, hollandais, britannique et américain, seront chargés de recenser les animaux vendus au marché et leurs origines, remonter la trace du patient zéro (au moins avant le 17 novembre 2019 selon le South China Morning Post), fouiller dans les bases de données des hôpitaux pour retrouver des patients atteints de pneumonie avant décembre 2019, retester les prélèvements encore disponibles, consulter les registres des décès…
Cependant, aucune date n’a pour l’instant été annoncée pour leur arrivée. En effet, en dépit des promesses publiques de Pékin, Mike Ryan, responsable des situations d’urgence à l’OMS, déclarait le 23 novembre que l’organisation internationale aurait toutes les peines du monde à envoyer ses experts sur le terrain.
Surtout, la plupart de ces recherches seront conduites – ou ont très probablement été déjà réalisées – par des scientifiques chinois, qui présenteront par la suite leurs données aux experts internationaux. Cela signifie que les chances que de nouveaux éléments soient communiqués sont très minces. Néanmoins, si la Chine n’arrive pas à convaincre le monde entier qu’elle a fait preuve de transparence durant cette mission, la thèse selon laquelle le virus ne vient pas de chez elle aura bien du mal à gagner du terrain au-delà de ses frontières…
1 Commentaire
severy
29 novembre 2020 à 21:35La Covid-19 ne serait pas d’origine chinoise.
« C’est la rumeur
C’est la rumeur publique
Qui sème la panique
On n’saura jamais qui l’a dit
Car c’est la rumeur
C’est la rumeur publique
Qui sème la panique
Tout l’monde, tout l’monde l’a dit »