Le conflit commercial entre Chine et USA a dérapé au sommet de l’APEC à Port Moresby, Papouasie-Nouvelle-Guinée (17-18 novembre). A l’issue, le Président Xi Jinping mit son veto au communiqué, refusant de condamner les « pratiques commerciales inéquitables » dans le monde. La délégation chinoise tenta même d’investir le bureau du ministre papouasien, avant d’être refoulée par les forces de sécurité… L’échec aura pour conséquence une sérieuse perte d’image pour l’APEC. L’OMC est également en crise : les USA menacent de la quitter, exigeant qu’elle sanctionne les aides déloyales chinoises à ses entreprises d’Etat et la pression qu’ elle exerce sur les multinationales étrangères pour s’approprier leurs technologies. Mais la Chine tient bon, quoique le conflit commence à lui coûter : le PIB pour 2018 vient de baisser de 0,5%, à 6%.
Une dernière chance pour éviter que le conflit sino-américain ne s’enlise, est cette rencontre prévue le 1er décembre, en marge du G20 de Buenos Aires, entre Xi Jinping et Trump. Mais depuis le psychodrame de Port Moresby, peu d’experts osent miser sur un déblocage.
En effet, en arrière-plan de la guerre commerciale se déroule une rude bataille d’influence, à commencer par celle sur les pays d’Asie. Pékin offre son initiative BRI d’aide à la croissance, «une ceinture, une route». Washington lui oppose son plan indopacifique géré par son IDFC (l’ex OPIC) à 60 milliards de dollars, sans compter des fonds japonais et australiens, pour percer routes et lignes ferrées, monter réseaux de télécom…
Les 20-21 novembre, Xi était aux Philippines, l’ancien allié américain passé à la Chine en 2016 moyennant une promesse de 24 milliards de $. Aujourd’hui, Xi offre un plan d’exploration pétrolière conjointe en mer de Chine du Sud, et une zone industrielle sur le périmètre de 2 vieilles bases de l’US Army… Mais les Philippins grognent contre la visite, craignant qu’elle ne les réduise au rang d’une « province » chinoise. Ils redoutent aussi le piège de la dette, avec ces milliards de $ qui accroissent leur dépendance envers Pékin. Ils ne sont pas les seuls. Après la Malaisie en août, c’était aux Maldives de dénoncer des projets signés : afin de renégocier la dette, le nouveau Président se sert de l’accord de libre-échange avec Pékin depuis 2017, qu’il menace d’abolir… C’est en somme, un bras de fer aux enjeux immenses qui a lieu : la tentative de remplacement d’un « ordre américain » économique et financier sur la moitié du monde, par un « ordre chinois » de même nature.
1 Commentaire
severy
26 novembre 2018 à 12:46Allons, allons! S’il n’était plus permis de choisir son maître! Où irions-nous?