« Les femmes soutiennent la moitié du ciel » a dit Mao. C’est encore plus vrai depuis que Wang Yaping (王亚平, 41 ans) est devenue, dans la nuit du 7 et le 8 novembre, la première femme astronaute chinoise à faire une sortie dans l’espace, dans le cadre de la mission Shenzhou-13, lancée mi-octobre.
Cette « sortie extravéhiculaire », aux côtés du général Zhai Zhigang (55 ans), aura duré 6h30 et avait pour but d’installer de nouveaux éléments d’un bras robotique extérieur, de s’assurer de la fiabilité des équipements ou encore de tester de nouvelles combinaisons spatiales.
L’équipage devrait séjourner six mois dans le module Tianhe (« Harmonie céleste »), le seul déjà en orbite sur les trois qui constitueront à terme la station spatiale Tiangong (« Palais céleste ») qui devrait être achevée fin 2022. Ce long séjour – un record pour la Chine – testera les capacités de résistance des taïkonautes, l’apesanteur mettant à rude épreuve les organismes.
Née en 1980 à Yantai (Shandong), Wang Yaping était auparavant pilote de chasse au sein de l’armée chinoise, avec 1600 heures de vol à son actif. En 2013, elle est devenue la seconde femme chinoise à être envoyée défier les lois de la pesanteur, ce qui lui valait le surnom de « déesse des cieux » (飞天女神).
Durant ce précédent séjour, la colonelle de l’armée de l’air avait fait sensation en donnant en direct un cours de physique à 60 millions d’écoliers grâce à une liaison vidéo (cf photo). Elle devrait renouveler l’expérience lors de cette mission.
Si la presse officielle n’a pas manqué de saluer l’exploit de Wang Yaping – vu 670 millions de fois sur Weibo -, l’attention médiatique s’est surtout focalisée sur sa condition féminine (et de mère), soulignant que des serviettes hygiéniques, du chocolat, et des cosmétiques ont été embarqués dans le module. « Les femmes astronautes pourraient se sentir mieux si elles se maquillent », a déclaré Pang Zhihao, expert de l’agence spatiale chinoise.
Autres clichés repris par les organes de presse officiels : les représentantes du « beau sexe » seraient plus méticuleuses, moins sujettes aux sautes d’humeur, plus attentives aux éventuels problèmes qui les entourent, et douées de capacités de communication qui aideraient l’équipage « à garder le moral » …
Pour les internautes, ce sont les capacités physiques de Wang Yaping – particulièrement lors de sorties dans l’espace – qui ont le plus inquiété avant son départ. « Je dois reconnaitre que les femmes ont moins de force que les hommes, a-t-elle un jour déclaré en interview. Comme les exigences ne seront pas revues à la baisse, la seule solution pour moi est de m’exercer ». C’est la raison pour laquelle elle s’est régulièrement entrainée sous l’eau avec une combinaison pesant 200 kg. Lucide, la taïkonaute a affirmé que « les conditions dans l’espace ne changeront pas pour l’arrivée d’une femme ». Mais les mentalités sur Terre, peut-être un jour ?
Sommaire N° 37 (2021)