Trois nouvelles dessinent l’air pré-hivernal :
1) A peine Trump a-t-il quitté la Chine, où il était venu échanger mille promesses d’amitié avec Xi Jinping, le Département américain du Commerce établissait le 13 novembre que la Chine exporte aux USA du contreplaqué sous dumping avec 195% de subventions. Il porte donc à 195% sa taxe compensatoire, qui oscillait auparavant entre 0% et 8% – tarif qui condamne ce produit à disparaître des USA. C’est conforme aux menaces de « tolérance zéro » de Trump en matière d’échanges.
Dès le 14 novembre, Pékin protestait contre la lourdeur d’une sanction sur un si petit marché (1,1 milliard de $/an, 0,25% des échanges). Trump répondait dans un tweet : « après mon voyage asiatique, tous nos partenaires commerciaux doivent savoir que les règles ont changé – nos déficits commerciaux massifs doivent disparaître – et vite ! » De son côté, le Congrès américain accélère les préparatifs d’adoption en 2018 d’une loi faite pour limiter les achats « étrangers » de firmes à technologies avancées — produisant fusées, capteurs sensoriels, électronique appliquée aux satellites et drones… Pour respecter l’OMC, la loi se garde d’évoquer la Chine et se borne à défendre le droit à la « défense du territoire ».
2°) Le futur marché carbone national est en vue. Depuis 2015, le pays compte 7 bourses locales, où les firmes énergivores qui ne peuvent pas tenir leurs quotas d’émission de CO2, peuvent racheter des crédits carbone à celles qui en ont en reste. Or, Xie Zhenhua, « Mr. Environnement », annonce (14 novembre) que la bourse unifiée est « prête à fonctionner ». Xie toutefois refuse de donner une date (début 2018 selon la rumeur) et avertit contre les intérêts financiers qui voudraient spéculer sur les crédits carbone. Seuls les émetteurs réels pourront être présents sur cette place boursière. Et dans un premier temps, les étrangers en seront bannis, tout comme la pratique des marchés à terme. En effet, le danger est là : sans précautions, les gros pollueurs pourraient acheter assez de crédits pour couvrir toutes leurs émissions sans avoir à les réduire – crédits d’origine douteuse qui auraient été générés par les financiers. L’Etat ne peut pas se permettre un tel risque !
3°) Incident au Népal : après avoir offert en juin au groupe chinois Gezhouba le chantier de barrage de Budhi Gandaki (80km de Katmandou) à 2,5 milliards de $, destiné à la génération électrique (1200MW) et à la fourniture d’eau potable, le Conseil des ministres népalais rejette le contrat, qu’il dit grevé de « lourdes failles ». Pourtant l’Etat himalayen, un des plus pauvres sur Terre, dépend désespérément de la Chine, laquelle est elle-même avide de prouver sa capacité à assister ses partenaires dans leur croissance—ce barrage aurait été son 4ème au Népal… La presse indienne suggère comme raison à ce rejet, un « conseil » de New Delhi d’éviter un contrat aux conditions trop draconiennes, faisant risquer à la nation entière un « piège de la dette », comme il advint au Sri Lanka, en faillite en 2015 après réalisation par des groupes chinois de deux mégaports à Colombo et Hambantota. Suite à quoi le consortium chinois devint propriétaire pour un siècle de 90% des deux projets. Un autre cas est celui du barrage de Myitsone à 3,6 milliards, dénoncé en 2011 par la junte birmane.
Est-ce encouragé par la « fronde » népalaise que Islamabad au Pakistan, rejetait à son tour le 16 novembre le projet de barrage de Diamer-Bhasha à 14 milliards de $, pour une capacité de 4500MW : « les conditions de financement hyper strictes sont intenables et contraires à nos intérêts », déclare M. Hussain, président de l’autorité de l’eau et de l’énergie. En tout cas, cette série de ratés dans la coopération entre la Chine et les pays frères, suggère un problème de concertation du modèle d’aide chinoise au développement et de son initiative « une ceinture, une route » (BRI).
1 Commentaire
severy
27 novembre 2017 à 13:59Je me demande si la Malaisie saura éviter le chant des sirènes chinoises. Evidemment, si le gouvernail est entre les gros bras de Madame Corruption, c’est mal barré…