Le Vent de la Chine Numéro 36 (2022) – Spécial XXème Congrès
Le statut renforcé de Xi Jinping à l’issue de ce XXème Congrès du Parti (16 au 22 octobre) faisait peu de doute. Cependant, rares sont ceux qui avaient anticipé que le dirigeant de 69 ans manifeste aussi explicitement sa toute-puissance et brise autant de conventions.
Outre l’inclusion dans la charte du Parti des concepts garantissant la primauté de l’héritage de Xi Jinping et le rôle central du Parti, d’autres théories étroitement associées au dirigeant figurent également parmi les amendements, comme la « prospérité commune » et la « circulation duale », renforcant un peu plus l’influence idéologique du leader.
Le Congrès a également adopté une résolution stipulant qu’il faut « combattre et rejeter résolument toutes les tentatives séparatistes prônant l’indépendance de Taïwan ». Cela suggère que la réunification avec l’île sera l’une des priorités du Parti dans les années à venir.
Du point de vue des nominations, tous les éventuels rivaux de Xi Jinping ont été éjectés du Politburo et remplacés par des fidèles, au risque de commettre des erreurs de gouvernance en annihilant tout débat en haut lieu.
Lors de la présentation au public du nouveau Comité Permanent, ont emboîté le pas à Xi Jinping : Li Qiang (63 ans), Secrétaire général du Parti à Shanghai, contesté pour sa gestion calamiteuse du confinement de la ville au printemps dernier, qui deviendra sans doute Premier ministre ; Zhao Leji (65 ans), qui devrait présider l’Assemblée Nationale Populaire ; Wang Huning (67 ans), jusqu’alors responsable de l’idéologie, qui serait appelé à prendre la tête de la Conférence Consultative Politique du Peuple Chinois ; Cai Qi (66 ans), Secrétaire du Parti de la ville de Pékin qui prend la direction du Secrétariat général du Comité Central ; Ding Xuexiang (60 ans), actuel directeur du Bureau Central du Parti qui pourrait passer Vice-Premier ministre exécutif ; et Li Xi (66 ans), jusqu’alors Secrétaire de la province du Guangdong, qui devient le nouveau chef de l’anti-corruption.
Ce « casting », révélé quelques jours plus tôt par le Wall Street Journal et le SCMP, en a surpris plus d’un. En effet, Li Qiang n’a jamais occupé de fonction au Conseil d’État ; Wang Huning n’est pas connu pour être un orateur hors pair ; Cai Qi n’a jamais occupé de poste au gouvernement central ; et Ding Xuexiang n’a aucune expérience à la tête d’une province.
Autre surprise de taille : non seulement le Vice-Premier ministre Hu Chunhua (59 ans) n’a pas obtenu de place au Comité Permanent, mais il perd (ou abandonne) son siège au Bureau Politique après dix ans en poste – ce qui peut expliquer que cet organe passe étrangement de 25 à 24 membres… Surnommé « le petit Hu » (Jintao), l’ex-secrétaire du Parti au Guangdong avait pourtant le profil idéal pour devenir premier ministre ou vice-premier exécutif. En juillet dernier, il avait même chanté les louanges de Xi Jinping pour prouver son allégeance. Cela n’a apparemment pas suffi…
Ainsi, en comptant les départs du Premier ministre Li Keqiang et du n°4 du Parti Wang Yang (sans que ceux-ci aient atteint la limite d’âge de 68 ans), cela symbolise la disparition des plus hautes instances du pouvoir de la faction de la « Ligue de la Jeunesse » de l’ex-président Hu Jintao, qui a justement été traité bien étrangement lors de la cérémonie de clôture du Congrès.
Autre preuve que Xi Jinping soit enclin à passer outre les normes internes du Parti : son vieil ami Zhang Youxia a été promu 1er Vice-Président de la Commission Militaire Centrale (CMC) malgré ses 72 printemps. De par sa prestance, le général Zhang devrait l’aider à parachever ses réformes de l’Armée Populaire de Libération (APL), mais aussi à freiner les ardeurs belliqueuses d’autres généraux, comme He Weidong, son n°2 à la CMC.
Le Secrétaire général du PCC a également fait preuve de souplesse envers le chef de la diplomatie Wang Yi, qui a intégré le Politburo malgré ses 69 ans pour prendre la direction de la commission des Affaires étrangères du Parti. Mais alors, qui pour remplacer Wang Yi au ministère ? Seuls deux candidats se profilent au Comité Central : un « loup combattant » nommé Qin Gang, actuel ambassadeur à Washington, et un certain Liu Haixing, membre de l’unité de travail du Comité de la Sécurité Nationale.
Dernier exemple de la propension de Xi Jinping à faire fi des règles établies : pour la première fois depuis 25 ans, le sexe féminin, traditionnellement représenté au poste de vice-premier ministre en charge de la santé et de l’éducation, est absent de ce nouveau Politburo.
En somme, sous Xi Jinping 3.0, la loyauté passe avant la compétence, l’expérience et les conventions internes. Cependant, obtenir une écrasante majorité au sein des organes dirigeants ne va pas résoudre tous les problèmes du n°1 chinois, ni le débarrasser des luttes de pouvoir, les tensions risquant de se déplacer au sein de son propre camp. Surtout, le principal inconvénient de ce type de configuration est qu’en cas d’échec, Xi Jinping et ses fidèles n’auront personne à blâmer et seront entièrement tenus pour responsables.
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PS : Mystère, ni Wang Xiaohong, ni Chen Yixin, les deux grands favoris pour succéder à Guo Shengkun à la tête de la puissante Commission Centrale des Affaires Politiques et Légales, n’ont obtenu une place au Politburo. Seul le ministre de la Sécurité d’Etat, Chen Wenqing, a fait une percée, quoi qu’il ne soit pas un allié de Xi Jinping à l’origine.
Le moment était particulièrement attendu : le 16 octobre, le Secrétaire général Xi Jinping a inauguré le XXème Congrès du Parti par un traditionnel discours présentant les grandes orientations politiques pour les années à venir et jusqu’en 2049. Des mesures plus concrètes seront dévoilées par la suite, notamment lors de la prochaine session du Parlement en mars 2023.
Fait notable, le dirigeant n’a lu qu’une partie du document de 72 pages, raccourcissant la durée de son intervention à 1h40 au lieu de 3h30 cinq ans plus tôt, probablement pour gagner du temps, par considération pour les anciens leaders du Parti présents au Grand Palais du Peuple ce matin-là, ou pour prouver que lui seul a le dernier mot.
Certains observateurs occidentaux se sont étonnés que le Secrétaire général n’évoque ni la guerre en Ukraine, ni le ralentissement économique, ni le chômage des jeunes, ni la crise immobilière, ni même la situation au Xinjiang…
C’est ignorer la nature même de cet exercice qui a pour unique objectif de renforcer la légitimité du Parti et l’autorité de son Secrétaire général.
Ainsi, le ton général était triomphaliste : le Parti a célébré en grande pompe son centenaire l’an passé, la Chine devenant officiellement une société « modérément prospère » en doublant son PIB par habitant entre 2010 et 2020. Xi Jinping a également défendu son bilan, de sa victoire contre la Covid-19 à sa reprise en main de Hong Kong, en passant par l’éradication de la grande pauvreté.
Lucide, le dirigeant voit néanmoins la fameuse « fenêtre d’opportunité stratégique » des vingt dernières années se refermer au profit d’une période où « les opportunités, les risques et les challenges coexistent ».
La Chine entre dans une période où « des incidents de tout type, cygnes noirs ou rhinocéros gris, peuvent avoir lieu à tout moment », a mis en garde Xi Jinping. De ce fait, le pays doit se préparer « à affronter les rudes épreuves qui se succéderont telles des tempêtes, voire des ouragans ».
Comment le « navire Chine » va-t-il surmonter de telles épreuves ? En s’unissant toujours plus fort autour du Parti et de son « timonier » Xi Jinping, implicitement présenté comme le seul leader capable de guider la nation à travers cette période de « grande incertitude ».
En retour, le dirigeant juge fondamental de contrôler rigoureusement le Parti, notamment via la poursuite de l’interminable campagne anti-corruption, et de mieux contrôler le pays.
Ce n’est donc pas un hasard si le Secrétaire général a lourdement insisté sur l’importance de préserver la « sécurité nationale », « insuffisamment protégée » lorsqu’il est arrivé au pouvoir et aujourd’hui étendue à bien d’autres aspects que celui de la défense pure.
Aux plans technologique et alimentaire, le leader rêve « d’auto-suffisance », appelant le pays à redoubler d’efforts pour « remporter la bataille des technologies-clés » de manière à se mettre hors d’atteinte de toute sanction étrangère. Le rapport ne fait pas non plus mystère que c’est l’État qui sera à l’initiative en ces domaines, pas le secteur privé.
Sous l’angle économique, Xi Jinping a rappelé que la priorité est toujours au « développement de haute qualité », manière tacite de reconnaître que la Chine entre dans une période de ralentissement économique.
Malgré des résultats plutôt mitigés jusqu’à présent, la théorie de « circulation duale » qui consiste à réduire l’importance de la demande extérieure en stimulant la consommation intérieure, a tout de même été citée.
Mais c’est le concept de « prospérité commune », censé réduire les inégalités sociales, qui a été véritablement mis en avant, sans que le rapport ne donne davantage d’indications sur la manière dont il serait mis en pratique. Seul un vague projet de réguler le mécanisme « d’accumulation de richesses » et « les revenus excessifs » a été formulé, ce qui devrait suffire à sonner l’alarme chez les plus riches.
En parallèle, le leader a pris soin de ne pas effrayer les entrepreneurs en omettant le terme « d‘expansion désordonnée des capitaux » qui a tant fait trembler les géants de la tech ces dernières années.
S’adressant aux investisseurs étrangers, le rapport se contente de leur promettre « un haut niveau d’ouverture du pays », un accès au marché chinois « inégalé » et de remédier aux inégalités de traitement entre acteurs privés, publics et étrangers. Rien de bien nouveau sous le soleil…
À propos de la politique « zéro Covid », le leader a clairement laissé entendre que le pays ne changerait pas de stratégie de sitôt. Si pour beaucoup, elle est l’une des causes majeures du ralentissement économique, le document insinue au contraire qu’elle préserverait l’économie du pays en évitant une catastrophe sanitaire.
Autre domaine où Xi Jinping n’y est pas allé par quatre chemins : celui de la protection de l’environnement et de la décarbonisation. Le dirigeant aimerait que le mix énergétique chinois devienne plus vert, plus vite. Cependant, le pays n’est pas prêt à se débarrasser tout de suite du charbon : la sécurité énergétique passe avant tout.
Au chapitre diplomatique, l’initiative « Belt & Road » (BRI) obtient une seule mention en tant que « plateforme de coopération internationale bien accueillie à travers le monde », mais est reléguée au second plan par les nouvelles initiatives de « sécurité globale » et de « développement global ».
Plus fondamentalement, le rapport dresse un portrait du monde dominé par « des forces hostiles à la montée en puissance chinoise ». Même si le grand rival américain n’a pas été explicitement cité, ses « tactiques d’intimidation », ses « doubles standards », sa « mentalité de guerre froide » et ses « ingérences dans les affaires d’autrui » ont longuement été dénoncées. En d’autres termes, la confrontation sino-américaine est là pour durer.
Justement, au sujet de Taïwan, Xi Jinping a réaffirmé que la « réunification pacifique » sous le schéma hongkongais « un pays, deux systèmes » reste l’option préférée de Pékin, sans « promettre de ne pas avoir recours à la force ». Bien qu’aucun calendrier de réunification avec l’île « renégate » n’ait été dévoilé, le dirigeant a clairement sommé l’Armée Populaire de Libération (APL) d’être capable de remporter une guerre « locale ». Applaudissements appuyés dans la salle.
Il aura fallu attendre la cérémonie de clôture pour que le ballet monotone du XXème Congrès du Parti soit rompu.
Le 22 octobre, autour de 11h, alors que la presse venait d’être admise dans le vaste auditorium du Grand Palais du Peuple après l’élection à huis clos des 205 membres du Comité Central, deux hommes se sont approchés de Hu Jintao, l’ex-Secrétaire général du PCC de 2002 à 2012, assis à côté de Xi Jinping, puis l’ont contraint à se lever et à quitter la tribune d’honneur.
Quelques instants plus tôt, Hu Jintao, 79 ans, aurait tenté de prendre le dossier en face de lui, avant d’en être empêché par Li Zhanshu, n°3 du Parti et proche de Xi Jinping. Des membres du staff ont alors été appelés pour venir escorter l’ex-président de la République à l’extérieur, apparemment contre son gré. Une fois debout, Hu Jintao interpelle Xi Jinping, qui lui répond par un hochement de tête sans se retourner, puis tapote l’épaule de son protégé, le Premier ministre Li Keqiang, en un signe de soutien.
L’ancien leader à l’allure frêle et aux cheveux grisonnants est alors accompagné vers la sortie dans l’apparente indifférence d’une vingtaine de membres du présidium du Comité Central, qui se gardent bien de croiser son regard.
Aucune explication à cette drôle de scène n’a été fournie par les médias d’État. L’absence de Hu Jintao en fin de cérémonie n’a pas non plus été cachée au journal télévisé le soir-même. Sur les réseaux sociaux Weibo, Douyin, WeChat et Zhihu, le nom de l’ancien dirigeant n’offrait aucun résultat.
Comment expliquer cette sortie prématurée ? Xinhua avancait quelques heures plus tard sur Twitter que l’ex-leader aurait insisté pour participer à la session de clôture du Congrès, malgré un état de santé laissant à désirer. Après deux heures de réunion, Hu Jintao aurait eu un moment de faiblesse et aurait été accompagné dans une autre pièce pour se reposer, explique une journaliste de l’agence de presse officielle.
Sept jours plus tôt, son état de santé avait pourtant été jugé suffisamment bon pour assister à la cérémonie d’ouverture et occuper la place d’honneur à côté de Xi Jinping. Et malgré son air hagard, Hu Jintao n’a pas eu l’air de perturber le bon déroulement de l’événement avant d’en être évincé.
Le manque d’empathie des dirigeants présents ont poussé certains observateurs à soupçonner un motif politique à cette expulsion, assimilée à une humiliation publique du vieux Hu.
Mais quel serait l’intérêt pour le tout-puissant Xi Jinping de s’en prendre ainsi à un homme que l’on dit atteint d’une forme de démence et dont les éventuels partisans au sein du nouveau Comité Central se comptent sur les doigts d’une main ?
En effet, avec le départ annoncé de Li Keqiang et de Wang Yang, ainsi que la rétrogradation de Hu Chunhua, la faction de la « Ligue de la Jeunesse » se retrouve décimée au plus haut niveau.
Partant de ce constat, une autre interprétation de l’incident circule : Hu Jintao n’aurait pas été mis au courant de l’éviction de ses protégés, mais l’aurait appris en consultant la farde rouge posée devant lui, contenant la composition finale du Bureau Politique et du Comité Permanent, ce qui aurait pu susciter une vive réaction de sa part..
Quelle que soit la raison de cette abrupte sortie de scène, la situation aurait certainement pu être gérée autrement afin d’éviter une embarrassante interruption sous les objectifs des caméras, le siège vide de Hu Jintao ne contribuant en aucun cas à l’image d’unité que le leadership souhaitait projeter en faisant participer ces anciens leaders. L’incident évoque également en filigrane la question du vieillissement des dirigeants : si Xi Jinping se maintient pour un 4ème mandat, il aura le même âge que Hu Jintao en 2032.
Liste des 7 membres du Comité Permanent du Bureau Politique (nouveaux membres signalés par une *) :
- Xi Jinping (Secrétaire général du Parti)
- Li Qiang *(futur Premier ministre)
- Zhao Leji (probable Président de l’Assemblée Nationale Populaire – ANP)
- Wang Huning (probable Président de la Conférence Consultative Politique du Peuple Chinois – CCPPC)
- Cai Qi *(Secrétaire général du Comité Central)
- Ding Xuexiang *(probable vice-premier exécutif)
- Li Xi *(Secrétaire de la Commission Centrale de l’Inspection de la Discipline – CCID)
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Liste des 24 membres du Bureau Politique (nouveaux membres signalés par une *) :
Les 7 membres du Comité Permanent ainsi que :
- Li Shulei *(nouveau directeur du Département central de la Propagande),
- Shi Taifeng *(nouveau directeur de Département du Front Uni),
- Li Ganjie *(probablement directeur du Bureau de l’organisation),
- Li Hongzhong (probablement vice-président de l’ANP),
- Zhang Guoqing * (futur 2nd vice-premier),
- Liu Guozhong *(futur 3ème vice-premier),
- He Lifeng *(directeur de la NDRC, futur 4ème vice-premier en charge des finances),
- Chen Wenqing *(Secrétaire de la Commission centrale des Affaires Politiques et Légales)
- Wang Yi *(futur Directeur de la Commission des Affaires Etrangères du Parti),
- Yin Li *(nouveau Secrétaire du Parti à Pékin),
- Chen Jining *(nouveau Secrétaire du Parti à Shanghai),
- Chen Min’er (nouveau Secrétaire du Parti à Tianjin)
- Yuan Jiajun *(nouveau Secrétaire du Parti à Chongqing)
- Huang Kunming (nouveau Secrétaire du Parti dans le Guangdong),
- Ma Xingrui *(nouveau Secrétaire du Parti au Xinjiang),
- Zhang Youxia (1er vice-président de la Commission Militaire Centrale),
- He Weidong *(2nd vice-président de la Commission Militaire Centrale).
La nouvelle a pris les économistes de court : le 17 octobre, le Bureau national des statistiques (BNS) a abruptement annulé la très attendue annonce de la croissance du PIB du 3ème trimestre, prévue le lendemain. D’autres administrations ont également reporté la publication d’indicateurs économiques pour la période de juillet à septembre (ventes de détail, production industrielle, importations, exportations, taux de chômage urbain, prix de l’immobilier…), sans donner davantage d’explication, ni de nouvelle date.
Le gouvernement chinois n’a pas tellement coutume de bousculer ses habitudes. Même en pleine crise sanitaire en 2020, Pékin avait publié l’ensemble de ses indicateurs économiques.
Ce report est d’autant plus surprenant que ces chiffres étaient censés refléter un rebond estival de l’économie (3,9%*) par rapport à un printemps marqué par le confinement de Shanghai et de nombreuses métropoles (seulement 0,4%).
Le jour même de l’annonce du report, le Premier ministre Li Keqiang déclarait que « l’économie avait repris de la vigueur » tandis que le porte-parole de l’organe de planification de l’économie (NDRC) affirmait que « d’un point de vue international, la performance chinoise est remarquable ».
Certains médias ont pourtant imputé ce retard à une tentative maladroite de dissimuler des données qui pourraient venir gâcher l’atmosphère triomphante du XXème Congrès du Parti, en laissant entrevoir que l’objectif de croissance « d’au moins de 5,5% » ne serait pas atteint en 2022. Selon le FMI, la Chine devrait plutôt enregistrer une croissance du PIB de 3,2% cette année, la plus faible depuis quarante ans (en excluant l’année 2020).
Si c’est véritablement la raison de ce report, ce calcul s’avère contreproductif, ne faisant que renforcer les doutes sur la fiabilité de chiffres déjà suspectés d’être enjolivés, au moment précis où le Parti semble se résoudre à accepter une croissance ralentie, mais « qualitative ».
D’autres expliquent ce délai par les restrictions sanitaires imposées aux cadres chargés de valider la publication de ces statistiques pendant le Congrès. Si c’est le cas, cela révélerait une bien piètre organisation des administrations en question et une négligence plutôt étonnante à un moment où tous les fonctionnaires sont au garde à vous.
Dans un cas comme dans l’autre, cet épisode vient rappeler, s’il le fallait encore, que ces statistiques publiées par l’État sont avant tout au service du Parti et de ses intérêts, et que sous Xi Jinping, l’aspect idéologique prime désormais sur les considérations économiques.
* Le 24 octobre, au lendemain de la cloture du XXème Congrès, le Bureau National des Statistiques a finalement annoncé que le PIB avait augmenté de 3,9% au 3ème trimestre 2022.
30 000 caractères : c’est la longueur du rapport qu’a partiellement lu le Secrétaire général Xi Jinping en ouverture du XXème Congrès du Parti. Pain béni pour la propagande, les médias d’Etat ont inondé l’internet de photos de bons citoyens, écoliers, étudiants, retraités, moines bouddhistes, soldats de l’Armée Populaire de Libération aux quatre coins du pays, en train d’écouter religieusement le discours du leader et de prendre des notes. Dans la même veine, il était possible en 2017 de télécharger sur son portable un jeu pour applaudir le plus de fois possible le discours de Xi Jinping au XIXème Congrès du PCC.
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0 : c’est le nombre de fois où le terme de « réforme du système politique » (政治体制改革) a été mentionné dans le rapport présenté au XXème Congrès du Parti par Xi Jinping. Cette notion avait connu son apogée au XIIIème Congrès de 1987, lorsque son Secrétaire général de l’époque, Zhao Ziyang, lui consacrait une section entière, soulignant le besoin de réformer le système politique au même rythme que l’économie. Après le printemps de Pékin de 1989, l’idée a progressivement perdu en importance, sans toutefois disparaître du rapport. Les différents appels du pied en 2011 et 2012, du Premier ministre Wen Jiabao, aurait pu marquer le retour en force de l’impératif de réforme politique – sans succès. En 2017, à la fin du premier mandat de Xi Jinping, le terme survivait grâce à une seule mention dans un texte de plus de 32 000 caractères. Cette fois-ci, et pour la première fois en presque 40 ans, il a complètement disparu…
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4,6 millions : c’est le nombre de personnes mises sous enquête par la Commission Centrale pour l’Inspection de la Discipline (CCID) durant la dernière décennie, « mouches » (petits fonctionnaires), « renards » (cadres intermédiaires) et « tigres » (hauts dirigeants) confondus. Parmi ceux-ci, 553 cadres de niveau ministériel (et supérieur) et 61 membres du Comité Central du Parti, cœur du pouvoir. Près de la moitié d’entre eux avaient commis leurs premières offenses avant 2012, contre seulement 11% ces cinq dernières années. Une tendance censée indiquer que « la propagation de la corruption a été maitrisée ». Ces chiffres ont été présentés durant le XXème Congrès comme la preuve de la capacité du Parti à « s’auto-réformer ». Dans les faits, la campagne anti-corruption est surtout devenue un outil pour contrôler l’élite politique. À l’avenir, l’accent sera mis sur les liens de collusion entre les cadres, leurs proches et leurs collaborateurs avec le monde des affaires. Le Parti a également annoncé vouloir renforcer la présence de ses cellules au sein des entreprises privées. Elles étaient déjà 1,6 million en 2018 – un chiffre qui a été multiplié par 10 en 15 ans.
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Au plus haut depuis 4 mois : c’est le nombre de cas de Covid-19 recensés à Pékin durant la durée du XXème Congrès. Le 18 octobre, la ville enregistrait 42 cas, le chiffre le plus élevé depuis mi-juin. Pour la capitale qui devait rester immune au virus grâce à un filtrage strict de ses entrées, c’est un échec. En parallèle, les confinements font leur grand retour dans plusieurs résidences à Shanghai, même en l’absence de cas confirmé ou de cas contact, par simple mesure de précaution. Cet excès de zèle sanitaire, que l’on peut observer un peu partout à travers le pays, s’explique par la tenue du grand rendez-vous politique : pas question de mettre dans l’embarras son maire, son gouverneur ou son secrétaire du Parti à un moment aussi crucial.
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1,43 million : c’est le nombre de Chinois qui ont été arrêtés dans le cadre d’une opération « coup de poing » de 100 jours, lancée à travers le pays entier par le ministère de la Sécurité Publique le 25 juin. D’après la police, petits délinquants, voleurs à la tire et membres de gangs mafieux ont été attrapés dans ce vaste coup de filet. Cette campagne avait pour but de préserver l’ordre public en amont du XXème Congrès du Parti, ce qui laisse entrevoir des chiffres volontairement exagérés.
- Gouvernement : 政府 ; zhèngfǔ
- Convoquer, réunir : 召开 ; zhàokāi (HSK 5)
- Semi-conducteurs : 半导体 ; bàndǎotǐ
- Industrie : 行业 ; hángyè (HSK 5)
- Urgent : 紧急 ; jǐnjí (HSK 5)
- Réunion, conférence : 会议 ; huìyì (HSK 3)
- Discuter, délibérer : 商讨 ; shāngtǎo
- Comment : 如何 ; rúhé (HSK 5)
- Répondre, réagir : 应对 ; yìngduì
- Etats-Unis : 美国 ; měiguó
- Anoncer, rendre public, publier : 公布 ; gōngbù (HSK 5)
- Micro-processeurs, puces : 芯片 ; xīnpiàn
- Technologies : 技术 ; jìshù (HSK 4)
- Export, exportation : 出口 ; chūkǒu (HSK 5)
- Restreindre, contrôler : 管制 ; guǎnzhì
- De nombreux, plusieurs : 许多 ; xǔduō (HSK 4)
- Participants (à une réunion) : 与会者 ; yùhuì zhě
- Mesures : 措施 ; cuòshī (HSK 5)
- Sévère, grave, sérieux : 严重 ; yánzhòng (HSK 4)
- Nuire : 损害 ; sǔnhài
- Intérêt, bénéfice : 严重 ; lìyì (HSK 5)
中国政府据信召开了半导体行业紧急会议,以商讨如何应对美国政府最新公布的芯片和技术出口管制。许多与会者认为美国的这项出口管制措施将严重损害行业利益。
Zhōngguó zhèngfǔ jù xìn zhàokāi le bàndǎotǐ hángyè jǐnjí huìyì, yǐ shāngtǎo rúhé yìngduì měiguó zhèngfǔ zuìxīn gōngbù de xīnpiàn hé jìshù chūkǒu guǎnzhì. Xǔduō yùhuì zhě rènwéi měiguó de zhè xiàng chūkǒu guǎnzhì cuòshī jiāng yánzhòng sǔnhài hángyè lìyì.
« Le gouvernement chinois aurait convoqué en urgence une réunion avec les acteurs de l’industrie des semi-conducteurs pour discuter de la manière de répondre aux dernières restrictions à l’export des puces et les technologies décrétées par le gouvernement américain. De nombreux participants pensent que cette mesure de contrôle des exportations américaines pourrait gravement nuire aux intérêts de l’industrie ».
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- Selon : 根据 ; gēnjù (HSK 3)
- Bloomberg (agence) : 彭博社 ; péngbóshè
- Actuellement, à présent : 目前 ; mùqián (HSK 5)
- Discuter : 讨论 ; tǎolùn (HSK 4)
- Réduire : 减少 ; jiǎnshǎo (HSK 4)
- Devenir, transformer : 成为 ; chéngwéi (HSK 4)
- Arranger, arrangement : 安排 ; ānpái (HSK 4)
- Considérer comme : 作为 ; zuòwéi (HSK 5)
- Frontière : 边界 ; biānjiè (HSK 6)
- S’ouvrir : 开放 ; kāifàng (HSK 5)
- Signe, indication, marque : 迹象 ; jīxiàng (HSK 6)
- Compagnie aérienne : 航空公司 ; hángkōng gōngsī
- Préparer : 准备 ; zhǔnbèi (HSK 2)
- Considérablement, substantiellement : 大幅 ; dàfú
- Augmenter : 增加 ; zēngjiā (HSK 4)
- Aller-retour, à destination et en provenance : 往返 ; wǎngfǎn (HSK 5)
- International : 国际 ; guójì (HSK 4)
- Vol : 航班 ; hángbān (HSK 4)
根据彭博社,目前正在讨论的新措施则将10天的防疫管制减少到7天,使其成为2+5的安排。作为中国边界可能会进一步开放的迹象,中国几大航空公司正准备大幅增加往返中国的国际航班。
Gēnjù péngbóshè, mùqián zhèngzài tǎolùn de xīn cuòshī zé jiāng 10 tiān de fángyì guǎnzhì jiǎnshǎo dào 7 tiān, shǐ qí chéngwéi 2+5 de ānpái. Zuòwéi zhōngguó biānjiè kěnéng huì jìnyībù kāifàng de jīxiàng, zhōngguó jǐ dà hángkōng gōngsī zhèng zhǔnbèi dàfú zēngjiā wǎngfǎn zhōngguó de guójì hángbān.
« Selon Bloomberg, les nouvelles mesures actuellement en discussion réduiraient la quarantaine de 10 jours à 7, ce qui correspondrait à un arrangement de 2+5. Signe que les frontières chinoises pourraient s’ouvrir davantage, les principales compagnies aériennes chinoises se préparent à augmenter considérablement les vols internationaux à destination et en provenance de Chine ».
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- Protestation : 抗议 ; kàngyì (HSK 6)
- Incident, événement : 事件 ; shìjiàn (HSK 6)
- Internet, réseau : 网络 ; wǎngluò (HSK 5)
- Susciter : 引起 ; yǐnqǐ (HSK 6)
- Attention, intérêt, suivre (réseaux sociaux) : 关注 ; guānzhù (HSK 3)
- Sujet (d’une conversation) : 话题 ; huàtí (HSK 5)
- Interdire, bloquer (sur internet) : 封禁 ; fēngjìn
- Plusieurs dizaines : 数百 ; shù bǎi
- WeChat : 微信 ; wēixìn (HSK 5)
- Utilisateur : 取消 ; yònghù (HSK 5)
- Transférer, partager, republier, retweeter : 转发 ; zhuǎnfā
- Message, post (internet) : 帖子 ; tiězi
- Bannir, fermer (un compte en ligne) : 封号 ; fēnghào
北京四通桥抗议事件在中国网络上引起关注后,该话题被全面封禁。数百名中国微信用户因转发了有关的帖子而被封号。
Běijīng sì tōng qiáo kàngyì shìjiàn zài zhōngguó wǎngluò shàng yǐnqǐ guānzhù hòu, gāi huàtí bèi quánmiàn fēngjìn. Shù bǎi míng zhōngguó wēixìn yònghù yīn zhuǎnfā le yǒuguān de tiězi ér bèi fēnghào.
« Après que l’incident du pont Sitong à Pékin ait suscité l’attention de l’internet chinois, le sujet a été complètement bloqué. Des centaines d’utilisateurs de WeChat ont été bannis pour avoir partagé ce message (ci-dessous) ».
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- Test PCR : 核酸 ; hésuān
- Confinement : 封控; fēng kòng
- Liberté : 自由; zìyóu (HSK 5)
- Mensonge : 谎言; huǎngyán
- Dignité : 尊严; zūnyán (HSK 6)
- Révolution culturelle : 文革 ; wéngé
- Réforme : 改革 ; gǎigé (HSK 5)
- Dirigeant, leader : 领袖 ; lǐngxiù (HSK 6)
- Vote : 选票 ; xuǎnpiào
- Esclave : 奴才 ; núcái
- Citoyen : 公民 ; gōngmín (HSK 6)
“不要核酸要吃饭,不要封控要自由,不要谎言要尊严,不要文革要改革,不要领袖要选票,不做奴才做公民”
Bùyào hésuān yào chīfàn, bùyào fēng kòng yào zìyóu, bùyào huǎngyán yào zūnyán, bùyào wéngé yào gǎigé, bùyào lǐngxiù yào xuǎnpiào, bù zuò núcái zuò gōngmín.
« Pas de tests Covid, mais de la nourriture. Pas de confinement, mais la liberté. Pas de mensonge, mais de la dignité. Pas de Révolution culturelle, mais des réformes. Pas de dirigeants, mais un vote. Je ne veux pas être un esclave, mais un citoyen ».
25 octobre, Canton ; 27 octobre, Chengdu ; 29 octobre, Shanghai ; 11-12 novembre, Pékin : CHINA EDUCATION EXPO, Salon international de l’éducation et des formations supérieures
27-30 octobre, Canton : CIBE – China International Beauty Expo, Salon international de l’industrie du bien-être et de la beauté. ANNULE, reprogrammé du 18 au 21 décembre 2022
1-3 novembre, Chengdu : CILE – China International Licensing Expo, le plus grand salon des licences en Asie
2-4 novembre, Shenzhen : CHIC SHENZHEN, Salon chinois international de la mode, de l’habillement et des accessoires. ANNULE, reprogrammé du 8 au 10 mars 2023
3-5 novembre, Shenzhen : CIBE – China International Beauty Expo, Salon international de l’industrie du bien-être et de la beauté
3-5 novembre, Shenzhen : IAMD – Industrial Automation, Motion and Drive, Salon international pour l’automatisation des procédés
5-7 novembre, Shenzhen : ELEXCON, Salon chinois de la Hi Tech
5-10 novembre, Shanghai : CIIE – China International Import Expo, Salon international des importations de Chine
8-13 novembre, Zhuhai : Airshow China,Salon international de l’aéronautique et de l’espace
9-11 novembre , Qingdao : API CHINA, Salon chinois de l’industrie pharmaceutique
12-13 novembre, Shanghai : FIBO CHINA, Salon international du fitness, du bien-être et de la santé en Chine et en Asie
14-16 novembre, Shanghai : SWOP, Salon international de l’agro-alimentaire et de l’emballage
15-17 novembre, Shenzhen : IE EXPO, Salon professionnel international de la gestion et traitement de l’eau, du recyclage, du contrôle de la pollution atmosphérique et des économies d’énergie
16-18 novembre, Canton : Asian Flower Industry Expo, Salon asiatique de l’industrie des fleurs
17-20 novembre, Nanjing : MUSIC CHINA, Salon international des instruments de musique et des services
18-20 novembre, Chengdu : CAHE – China Animal Husbandry Exhibition, Rencontre internationale pour les professionnels de l’élevage en Chine
18-20 novembre, Canton : Silver Industry Guangzhou, Salon chinois et congrès de l’industrie des soins aux personnes âgées
20-22 novembre, Shanghai : HOTELEX SHANGHAI, Salon international de l’agro-alimentaire et de l’industrie hôtelière
20-22 novembre, Shanghai : FHC CHINA, Salon international de l’agro-alimentaire
20-22 novembre, Shanghai : PROPAK CHINA, Salon spécialisé dans la transformation alimentaire et l’emballage
20-22 novembre, Shanghai : RUBBERTEC CHINA, Salon dédié aux machines de traitement du caoutchouc, produits chimiques, aux additifs et matières premières
23-25 novembre, Canton : CGMT, Salon international des machines-outils CNC
23-26 novembre, Shenzhen : CMEF – China Medical Equipment Fair, Salon chinois international des équipements médicaux
24-26 novembre, Shanghai : CIBE SHANGHAI – China International Beauty Expo, Salon international de l’industrie du bien-être et de la beauté
25-28 novembre, Shanghai : CEMAT ASIA, Salon des matériels de manutention, des techniques d’automatisation, de transport et de logistique
25-28 novembre, Shanghai : PTC ASIA 2022, Salon de la transmission et du contrôle de puissance, l’hydraulique et la pneumatique, les techniques de l’air compressé, les moteurs à combustion interne et les turbines à gaz