Depuis l’été, le virus porcin ASF (fièvre porcine africaine) envahit la Chine pas à pas. Trois foyers ont été découverts mi-octobre, portant le total à 42 à travers 11 provinces (dont le Yunnan, au Sud du pays). La plus lourdement frappée est le Liaoning avec 15 foyers. Le virus est venu de Russie, par camion.
Après avoir interdit le transport de porcs vivants (parfois sur des distances de 2000 km) dans les provinces touchées par l’ASF, le virus a continué à progresser sur le territoire chinois. C’est que le gouvernement a voulu éviter un vent de panique, tant du coté des consommateurs (ce qui provoquerait une chute brutale des prix), que du côté des éleveurs. Un facteur de propagation est d’avoir laissé arriver sur les marchés des viandes contaminées, issues d’abattages massifs. De plus, nombre de petits élevages ont été touchés après avoir nourri leurs bêtes avec des restes de porc mal cuits, récupérés dans des restaurants. Le cas le plus grave intervint le 16 octobre à Jinzhou (Liaoning), dans une méga-ferme du groupe Dabeinong : pas moins de 19.900 porcs furent abattus, portant à 100.000 en Chine le nombre des verrats sacrifiés à titre préventif. Comme d’autres acteurs du capitalisme agraire, pressés de prendre la place abandonnée par les petits paysans, Dabeinong, n°15 national (600.000 têtes en 2017), ne possède que 40% de l’élevage de Jinzhou (Liaoning).
Suite à quoi, Yu Kangzhen, vice-ministre de l’Agriculture, avertissait dès le 17 octobre que la supervision devrait être renforcée, surtout dans les grands élevages qui se sont multipliés ces dernières années. En effet, les mesures dites de « biosécurité » y sont largement insuffisantes. Les modes de transmission sont multiples : dans l’eau, l’air, ou la nourriture souvent contaminée par du lisier épandu comme engrais. Mais encore par les pneus des tracteurs qui pénètrent dans les halles, ou par le personnel des élevages, porteurs sains du virus. Pour maitriser le virus, des mesures de quarantaine, de filtration de l’air ou encore de désinfection systématique, des lieux comme des équipements, est nécessaire.
Autre alarme du vice-ministre : il adjure la collectivité de dénoncer les éleveurs pratiquant en secret l’éradication sélective, pour espérer épargner les bêtes n’ayant pas été en contact direct avec les porcs infectés. En effet, si un élevage se déclare touché, il est interdit de vente pendant 6 semaines. Une manière de prévenir la fraude, serait de dédommager systématiquement les éleveurs. Finalement selon un expert du secteur, « si la Chine s’en donne les moyens, cette épidémie peut être l’opportunité d’un bond en avant dans la biosécurité ». Mais à ce jour, ces trous au bouclier épidémiologique, font pendre une épée de Damoclès sur un élevage porcin chinois représentant 50% du total mondial.
2 Commentaires
severy
20 octobre 2018 à 22:01Quand verra-t-on enfin un élevage de qualité ne menaçant plus autrui et dont aucun cochon n’aille se faire trucider pour une question de mauvais sang lié alors que des éleveurs malhonnêtes se contentent d’apposer sur sa chair encore chaude la marque, à cinq heures, indiquant qu’elle est saine bien que le cochon n’est plus bon à être consommé? Voilà un combat qu’on voudrait voir mener à bon port. Salut!
severy
20 octobre 2018 à 22:05Pas la peine d’avoir des pieds de porc pour courir après les jeux de mots truffant le commentaire qui précède. Bonne chasse!