Environnement : COP15 – Le tigre n’a plus sa place en Chine du sud

COP15 – Le tigre n’a plus sa place en Chine du sud

Alors que Kunming (Yunnan) a finalement accueilli – en majeure partie virtuellement – la première partie du sommet de l’ONU sur la biodiversité (COP15) du 11 au 15 octobre, la Chine peut se targuer d’avoir réussi à sauver plusieurs espèces, menacées d’extinction.

Selon un livre blanc publié par le gouvernement le 8 octobre, le nombre de pandas géants dans la nature a augmenté en 40 ans de 1114 à 1864 aujourd’hui, celui d’ibis à crête de seulement 7 à 500, celui des gibbons de Hainan de moins de 10 à 35, et celui des éléphants d’Asie de 180 à 300. Quelques spécimens de ces derniers se sont d’ailleurs illustrés ces derniers mois (cf photo) par une folle épopée de milliers de kilomètres à travers la province du Yunnan, probablement poussés à l’exode par la perte de leur habitat naturel, causée par la déforestation…

Des centaines d’autres espèces, présentes en Chine, sont sur la liste « rouge » de l’UICN (Union internationale pour la conservation de la nature), dont de nombreuses en « danger critique » d’extinction. C’est le cas de l’alligator de Chine, du chameau de Mongolie (de Bactriane), du marsouin aptère du Yangtsé, de la salamandre géante de Chine, ou encore du tigre de Chine méridionale, considéré comme « l’ancêtre » de tous les autres tigres.

Jusqu’en 1950, ce grand félin vivait – presque tranquillement – sa vie dans les forêts et bambouseraies de Chine du sud, en évitant les chasseurs qui voulaient transformer sa carcasse en médecine traditionnelle : les os fournissaient le « vin de tigre », un sirop guérit-tout ; les dents et les griffes traitaient l’insomnie et la fièvre ; la bile et les yeux l’épilepsie ; le cerveau, la fatigue et les boutons ; le pénis était particulièrement apprécié, plus goûteux, paraît-il que le Viagra ; les moustaches, coupées en petits morceaux et glissées dans la potée du voisin devenu importun, permettaient de s’en débarrasser… Et puis, Mao Zedong, qui avait dû croiser un tigre de près, le déclara « bête nuisible ». Certains disent qu’il préférait « les tigres de papier » (1956) !

Plus tard, au tournant du siècle, les Chinois pensaient avoir capturé les derniers tigres de Chine méridionale, sous-espèce alors quasi éteinte à l’état sauvage (il en restait 57 en 2005, quasiment tous dans des zoos), et les envoyaient, en « entrainement » dans des réserves d’Afrique du sud pour qu’ils puissent se réhabituer à une vie sauvage, y trouver des proies et conserver leurs instincts de chasseurs, tout en préservant au passage un minimum de libido pour que l’espèce se perpétue. Un tigron naissait pour la première fois hors de Chine en 2007.

Fin août, le portail « Espèces Menacées » s’interrogeait : « Le tigre de Chine méridionale est-il condamné » ? A juste titre car il existe moins de 5000 tigres dans les milieux naturels de plus en plus restreints d’Asie et, selon le point fait lors de la journée mondiale du tigre le 29 juillet 2021, aujourd’hui, « la population sauvage » du tigre de Chine du sud « est considérée comme fonctionnellement éteinte ». Seule lueur apparente d’espoir : il en resterait une centaine en captivité en Chine et même plus car, selon Born Free USA, organisation américaine de défense des animaux, jusqu’à 10 000 tigres seraient élevés aux Etats-Unis comme « bêtes de compagnie », et parmi eux des sudistes chinois.

Ces captifs ayant d’énormes problèmes de consanguinité et de maladies héréditaires, et surtout, leur milieu naturel ayant disparu sous l’urbanisation irrémédiable des régions sud de la Chine, il est à craindre que la malédiction du Grand Timonier condamne désormais ce grand prédateur à la captivité perpétuelle. Au mieux !

Avec Alain P.  Bonjean

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1 Commentaire
  1. severy

    En Chine, il semble que le tigre comme la democratie, ne survive qu’en captivite.

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