Spatial : Shenzhou-XI sur orbite

Le 17 octobre, de Jiuquan (Gansu) à 7h30, la fusée Longue Marche-2F a décollé, emportant la cabine spatiale Shenzhou XI et ses taïkonautes Jin Haipeng et Chen Dong. Objectif de ce 6ème vol habité depuis 2003 : la rencontre avec le laboratoire spatial Taigong-II. Une fois les vaisseaux amarrés, les hommes passeront à bord de la station pour 30 jours, en préparation de vols plus longs. D’ici 2022, la Chine vise des séjours habités jusqu’à un an. 
Doyen des astronautes chinois (qui fêtera ses 50 ans durant le vol), le Major Général Jin en est à son troisième séjour spatial après ses vols de 2008 et 2012. Il a été choisi pour permettre aux médecins d’étudier en temps réel l’effet de l’apesanteur prolongée sur son organisme, au moyen des « B-scan » par ultrasons.

À mesure que se succèdent les vols habités, savants et militaires affinent le programme, et sans délaisser la technologie mécanique, se préoccupent de l’humain. Pour éviter les effets psychologiques pervers, Jin et Chen devront s’occuper en permanence, observer les changements apportés à leurs organismes par l’apesanteur, et surveiller 40 expériences scientifiques, parmi lesquelles la culture de diverses semences de riz, l’élevage de vers à soie (projet d’écoliers hongkongais). Quant à l’horloge atomique froide embarquée à bord, il s’agit d’un outil expérimental pour mesurer les interférences gravitationnelles. Une application potentielle étant la détection de sous-marins ! La tenue de cabine a été conçue pour prévenir  la perte de masse musculaire—dans ce même souci, les hommes feront quotidiennement du vélo et de la marche. Ainsi, chaque jour, les deux hôtes de la station disposeront de deux heures de relative intimité, « coupés du monde », avec droit de téléphoner à leurs proches, et de lire, écouter de la musique ou regarder des films.

Avec ce vol, et son programme de station orbitale permanente, la Chine se hisse un peu davantage dans la cour des grands, de manière à s’imposer comme partenaire incontournable de la coopération spatiale internationale. D’ailleurs, un porte-parole du programme chinois n’en fait plus mystère, sauf fait nouveau d’ici là, la future station chinoise – une fois « Tianhe-1 », son corps principal lancé en 2018 et complété par l’adjonction de nouveaux modules – risque d’être devenue d’ici 2024 la seule présence humaine habitée hors de la Terre, une fois décommissionnée la station internationale euro-russo-américaine (ISS).

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