À la veille de l’ouverture du XIX. Congrès, un état des lieux s’impose :
– Pour son dernier Plenum du quinquennat 2012-2017 (9-13 octobre) avant renouvellement, le Comité Central fait le nettoyage, écartant une douzaine de cadres mouillés dans des scandales : 8 membres et 3 suppléants sont exclus. En tête de la liste, Sun Zhencai, ex-secrétaire du Parti à Chongqing, ex-prétendant au pouvoir suprême en 2022, est suivi par Xiang Junbo l’ex-patron de la tutelle des assurances et Huang Xingbo, l’ex-secrétaire du Parti au port de Tianjin. Le Plenum a aussi arrêté la composition du prochain Comité Central, et les amendements à la charte du Parti, incluant probablement l’intégration d’une « théorie de Xi Jinping ».
– Zhou Xiaochuan, gouverneur de la Banque Centrale depuis 15 ans, fait son dernier appel, en forme de chant du cygne : le gouvernement devrait « libérer les comptes des capitaux, renoncer à l’encadrement du yuan et déréguler le commerce et les investissements ». Zhou précise que « ces trois mesures sont interdépendantes – et toutes obligatoires pour créer une économie ouverte. ».
Dans cette interview donnée à Caixin, Zhou suggère que cette demande ancienne, a été contrecarrée par les objections de différents ministères ancrés sur la défense de leurs privilèges sectoriels. Il exhorte donc à aller de l’avant : « Si l’on attend que tous les ministères soient d’accord, on n’atteindra que l’irresponsabilité et le blocage. Et pourtant, adopter ces trois mesures n’établira que l’indépendance de la Banque Centrale, mais non celle des autres grands corps de l’Etat, qui resteront assujettis ! »
– Une improbable rumeur circule, évoquant un refroidissement entre Xi Jinping, le maître du pays, et Wang Qishan le président de la CCID, Commission Centrale de la Discipline—la police du Parti.
Lancée dès mars depuis les Etats-Unis par le transfuge milliardaire Guo Wengui, celle-ci est alimentée le 9 octobre, par la publication de deux communiqués successifs, suite au Plenum de la CCID du 6 octobre. Le 1er document n’avait pas évoqué le chef de l’Etat, et le second avait rappelé que la CCID demeurait une institution subordonnée à la supervision du Comité Central.
Prise avec fort scepticisme par les observateurs, cette rumeur a le mérite d’expliciter la tension du moment. La question de fond est celle du maintien en poste ou non de Wang Qishan lors du quinquennat suivant (2017-2022). De bonnes sources évaluent à 40% les chances de Wang de se maintenir au pouvoir, dans son poste présent ou dans un autre (y compris économique, sa compétence d’origine), et à 60% celles de le voir prendre sa retraite. Son départ priverait Xi Jinping d’un allié capable, forgeron de la campagne anti-corruption.
Un ex-premier ministre taïwanais prédit lui, que Wang Qishan serait nommé à la tête d’une toute nouvelle Commission Nationale de Supervision, en préparation depuis 18 mois, et aux pouvoirs exceptionnels sur les autres institutions centrales et provinciales.
Si cette nomination se confirme, se posera la question des autres membres du Comité Permanent atteints comme Wang par la limite d’âge de 68 ans (règle implicite), tels Liu Yunshan ou Zhang Dejiang, qui ne sont pas des alliés de Xi. Un avenir désormais imminent, enseignera comment Xi s’y sera pris pour régler cette épineuse question.
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Contrôle resserré
A l’approche du XIX Congrès, on assiste à un resserrement considérable du contrôle social : WeChat surveillé, Whatsapp bloqué, internet et VPN au ralenti, contrôles policiers, censure renforcée… Pékin est sous cloche. Airbnb, plateforme communautaire de logement en ligne, voit même son activité locative interdite dans la capitale jusqu’à fin octobre.
Dans la même veine, Meng Jianzhu, patron national des systèmes de contre-espionnage, réclamait récemment un renforcement de l’effort de développement de l’Intelligence Artificielle (IA) appliquée au contre-terrorisme.
Sont au programme, l’exploitation des « big data », la création d’algorithmes, la reconnaissance faciale et l’interconnexion des réseaux des millions de cameras publiques à travers le pays. Publié en juillet, un plan national sur l’IA ambitionne de porter le chiffre d’affaires des industries de l’IA à 150 milliards de ¥ en 2020, et 400 milliards en 2025.
China Electronics Technology, consortium public, a reçu du Conseil d’Etat la commande d’un logiciel de récupération des données professionnelles et privées des individus ordinaires, dans le but de prévoir tout passage à l’acte séditieux ou terroriste. La presse annonçait également l’ambitieux projet d’un fichier national biométrique de toute la population, permettant la reconnaissance faciale instantanée.
Enfin, le 6 octobre fut lancée la ligne de fibre optique Pékin-Shanghai, fonctionnant sur la base de la théorie des quantum : premier maillon d’un réseau sécurisé (inviolable) de communication, à disposition des institutions financières, de la police, de l’armée.
1 Commentaire
severy
17 octobre 2017 à 17:46Chic, chic! Grâce au logiciel de reconnaissance faciale de tous les citoyens chinois (et des diables d’étrangers qui visiteront le goulag du milieu), les parents pourront aisément retrouver ceux de leurs enfants qui font une fugue, les enfants pourront aisément retrouver ceux de leurs grands-parents qui, souffrant de la maladie d’Alzheimer, auront perdu leur chemin vers les toilettes publiques et le service de surveillance des sacro-saints congrès du CPPCC, du CCPPC ou du PCCPC (vous choisirez) pourront aisément localiser les tire-au-flanc venus en cachette fumer une clope sur la place Tian An Men. Merci, Madame Technologie!