En matière de septième art, le rapprochement se poursuit entre groupes chinois et Hollywood.
Sony Pictures s’allie à Wanda (du magnat Wang Jianlin) en marketing. Aux films de Sony, Wanda ouvrira sa billetterie virtuelle et celle de ses 1000 magasins et bientôt d’une douzaine de parcs d’attraction– il pourrait aussi les cofinancer. Il diffusera en Chine, et en Amérique, à partir de son réseau de salles AMC, voire du réseau Carmike (2954 salles) dont il négocie le rachat. Il possède aussi les studios Legendary, et veut absorber ceux de Dick Clark.
Steven Spielberg s’associe à Jack Ma (Alibaba) pour la production, le financement et la distribution. Alibaba, le 1er centre commercial en ligne au monde, prend des parts d’Amblin, le consortium de Spielberg (successeur de Dreamworks, englobant 3 autres maisons de production). Six à neuf films par an sortiront, pour distribution en Chine via Alibaba, et dans le monde via Universal Pictures, en salles, sur réseaux câblés, ou en streaming.
Un des intérêts de l’alliance sera de siniser les films, en y intégrant –souvent de façon peu naturelle– des scènes et des acteurs chinois. Ceci, afin de pouvoir justifier de « co-productions » non assujetties au quota chinois de diffusion de 34 films américains par an. Le Sénat américain et la presse d’Outre-Atlantique s’inquiètent de ce mariage culturel inspiré par l’esprit de lucre : craignant de voir de tels films, destinés à des publics très différents, véhiculer auprès des cinéphiles du Nouveau monde des valeurs indésirables.
Paradoxe amusant, c’est à ce moment spectaculaire, presque dramatique des mariages entre mastodontes du film des deux continents, que le cinéma chinois prend froid ! Pour sa « semaine d’or » (1-7 octobre), son box-office a plongé, reculant de 15% dans les ventes de billets. À 1,57 milliard de ¥ de recettes en huit jours, la contre-performance mettait un terme à 5 ans de chevauchée fantastique, avec +40% d’entrées en moyenne.
Expliquée par Tao Ye (Minsheng Securities), la cause du recul est double : l’autorité chinoise venait d’interdire les ventes sur internet à prix cassé, et le programmation avait dernièrement eu fâcheuse tendance à multiplier les navets, remakes soporifiques de succès étrangers.
Ceci en fin de compte renforce l’intérêt pour la Chine, de multiplier les coopérations avec les créateurs étrangers : américains, mais aussi européens, français en tête.
Sommaire N° 32-33