Religion : Vatican—Pékin : nouveau départ

C’est par un simple communiqué que le Pape François a annoncé le 22 septembre l’accord avec Pékin sur la nomination des évêques—discrétion oblige, vu l’émoi que suscite la nouvelle en Chine et en dehors. Négocié depuis 10 ans, ce pacte est d’une importance symbolique, marquant la fin de 68 ans de rupture.

Pourtant, loin d’être un concordat sur l’intégralité des relations entre le régime socialiste et le Vatican, l’accord ne traite que d’un mince chapitre, la nomination des évêques. En ce domaine à l’avenir, le Pape aura le dernier mot. Pour l’heure, il validera les 7 prélats de l’Eglise catholique officielle nommés par Pékin. En échange, Pékin reconnaîtra certains des 30 prélats « de l’ombre ». Les autres litiges restent en suspens –tels le sort des biens d’Eglise confisqués en 1951 ou des « lettres pastorales » que le Saint-Père fait lire en chaire ailleurs sur Terre. À en croire un observateur, ces points mettront des décennies à se régler ! 

Par cet accommodement, le Pape François vise entre autres à obtenir une visite officielle en Chine, et à réconcilier les deux églises – l’officielle et celle de l’ombre. Pour l’instant, pèse le risque d’un déchirement : côté officiel, les cadres n’ont nulle envie de partager leurs prébendes, et les chrétiens « au foyer », qui ont souffert pour sauvegarder leur lien au Pape, redoutent de devoir transiger sur leur pratique et dogme.

C’est dans cette atmosphère de contestation que le Pape a pris soin de présenter l’accord comme « provisoire », « pastoral » et « apolitique ». Mais le texte reste encore secret. Vatican et Chine semblent d’accord pour ne maintenir sur chaque diocèse qu’un évêque, écartant l’autre, officiel ou de l’ombre selon le cas – tout en lui ménageant une autre fonction. À la base, parmi les communautés, aucun effort ne sera fait pour fusionner de force les paroisses rivales. À celles clandestines, le Pape peut tenter de « vendre » son accord en leur expliquant qu’il les légalise et les protège de la loi de « sinisation » en vigueur depuis février qui les menace d’arrestations, harcèlement et destructions de sanctuaires. Apparemment avant l’accord, tous les évêques ont été consultés. Pourtant côté public, média et cadres sont restés silencieux jusqu’au dernier moment. Ainsi, pas plus que le clergé (des deux bords), l’administration n’est enthousiaste envers ce rapprochement. Question d’atavisme, de tradition d’hostilité partagée.

Pour conclure, cet accommodement n’arrive que par la volonté de Xi Jinping et du Pape François, leaders qui se respectent de longue date. Ensemble, ils ont accepté de prendre le risque de fissurer la muraille de rejet entre chrétienté et régime, pour entamer le dialogue.

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