Le Vent de la Chine Numéro 31 (2020)
Alors que le Covid-19 fait toujours rage aux États-Unis et en Inde, et que l’Europe fait face à un rebond post-estival, la Chine a célébré en grande pompe sa victoire contre le virus le 8 septembre. Depuis plus de trois semaines, aucun cas de transmission locale n’a été recensé dans le pays. Le Parti est donc bien décidé à capitaliser sur ce succès sans attendre la fête nationale le 1er octobre – une manière de clôre ce chapitre épidémique au plus vite pour mieux se concentrer sur l’économie.
Le jour J, une cérémonie officielle a eu lieu au Grand Palais du Peuple à Pékin devant 3 000 invités portant un masque. Le moment fort de l’évènement, largement repris sur les réseaux sociaux, a été la remise par le Président Xi Jinping de la « Médaille de la République », plus haute distinction d’État, à l’expert en maladies respiratoires de 84 ans Zhong Nanshan, pour avoir su inspirer confiance à la population dès le début de l’épidémie. Moins connues du grand public, trois autres personnalités sont devenues des « Héros du Peuple ». Il s’agit de Zhang Boli, pour avoir combiné la médecine traditionnelle chinoise aux médicaments « occidentaux », Zhang Dingyu, directeur de l’hôpital de Jinyintan de Wuhan, pour son rôle en première ligne dans le traitement du Covid-19, et Mme Chen Wei, major-général de l’APL, pour avoir mis sur les rails la recherche d’un remède et d’un vaccin. Plus de 1 500 personnes ont également été distinguées : médecins, infirmières, militaires, la porte-parole Hua Chunying, et 14 membres du Parti à titre posthume. Une chose qui frappe est l’absence sur cette liste du célèbre ophtalmologue de 34 ans, Li Wenliang, déclaré « martyr » lors de la « Toussaint chinoise » le 4 avril. Son souvenir n’a pourtant pas disparu : ils étaient des milliers à lui rendre hommage sur son compte Weibo… Autres grands absents : le Dr Zhang Wenhong, la coqueluche du public, réputé pour son franc-parler, le Dr Li Lanjuan, 73 ans, épidémiologue de renom, ainsi que Ai Fen, lanceuse d’alerte et collègue de Li Wenliang, qui avait elle aussi été réprimandée par ses supérieurs.
Alors que l’absence médiatique du Président Xi a été remarquée en début de crise, huit mois plus tard, le changement est radical. Le jour de la cérémonie, les médias officiels (Xinhua, Quotidien du Peuple…) ont été dithyrambiques à son égard, soulignant l’implication personnelle du Président dès le 7 janvier, Xi enchainant les nuits blanches et les réunions (17 avec le Comité Permanent et 4 avec le Politburo). Leader attentionné, lors de sa visite à Wuhan en mars, Xi aurait spécialement intimé aux cadres de tout mettre en œuvre pour que les habitants ne manquent pas de poisson, leur plat préféré… Il ne faut donc pas s’y tromper, c’était bien le Premier Secrétaire le véritable héros du jour. Xi Jinping a d’ailleurs inauguré la cérémonie par un discours-fleuve de plus d’1h10, vantant la réponse efficace du gouvernement, la supériorité du système chinois par rapport aux démocraties occidentales, et réitérant son soutien à l’OMS. Il a poursuivi en énumérant la longue liste des exportations chinoises de matériel médical (209 000 ventilateurs, 1,4 milliard de combinaisons, 151 milliards de masques). S’accordant ainsi son propre satisfecit, Xi estime que la Chine a rempli ses obligations internationales et que son aide a contribué à sauver des millions de vies à travers le monde.
Pour que la victoire contre « l’ennemi invisible » soit totale, la Chine met un point d’honneur à être la première à développer un vaccin, avant les rivaux européens, russe, australien et surtout américains. Au niveau international, neuf vaccins sont entrés dans la phase 3 de tests, dernière étape avant la mise en production. Quatre d’entre eux sont mis au point par des laboratoires chinois (Sinopharm, Sinovac et CanSino), dont l’un devrait être disponible dès décembre. Ces vaccins candidats ont déjà été testés sur des « centaines de milliers de personnes » comme des employés de firmes d’Etat, de Huawei, des ouvriers et des militaires partant en mission à l’étranger, et ce, dès la fin du mois de juin. Pour la suite des essais cliniques, ces mêmes laboratoires ont été contraints de délocaliser dans des pays tels que le Brésil ou le Pakistan, la maladie n’étant plus prévalente en Chine. A domicile, le public semble déjà convaincu : selon une récente étude du World Economic Forum, 97% des Chinois interrogés seraient prêts à se faire vacciner (contre seulement 59% des Français). Près de deux Chinois sur trois s’inquiètent tout de même des potentiels effets secondaires, tandis qu’un sur dix pense que le vaccin sera inefficace.
Un bémol prête toutefois à réfléchir : la Chine tarde à rejoindre l’initiative COVAX de l’OMS, visant à rendre le futur vaccin accessible à tous, en particulier aux pays pauvres. En effet, même si le Président Xi a promis de faire de son vaccin un « bien public mondial », il ne s’agit pas pour autant d’en partager le prestige. Selon toute vraisemblance, le moment venu, Pékin vendra des millions de doses à ses alliés, aux pays qui menacent de dénoncer les mauvaises relations, et à ceux qui ne disposent pas d’autre choix, mais non pas par l’entremise de l’OMS. La Chine compte sur ce futur vaccin pour redorer son blason à l’international et en faire une arme diplomatique, notamment à travers ses routes de la soie (BRI). Cette stratégie sera-t-elle plus réussie que sa controversée « diplomatie du masque » ? La science réussira-t-elle à dissiper le climat de méfiance qui prévaut dans bon nombre de ses relations diplomatiques ? Rien n’est moins sûr…
Pour le remake du dessin animé Mulan sorti en 1998, les studios Disney n’ont reculé devant rien pour s’assurer d’une première réussie dans l’Empire du Milieu. Avec un budget record de 200 millions de $ pour une adaptation en « live action », la production a opté pour un casting 100% asiatique avec des stars comme Liu Yifei, Gong Li, Jet Li et Donnie Yen. L’équipe a également passé de longues heures à étudier le poème relatant l’histoire de la jeune Hua Mulan (花木兰), se déguisant en homme pour remplacer son père âgé dans l’armée impériale. Afin d’éviter tout anachronisme, la réalisatrice a fait appel à plusieurs historiens et à un expert en stratégie militaire sous la dynastie Tang. Disney a même choisi de soumettre son scénario aux autorités chinoises de manière à s’assurer que le long-métrage passe la censure. Le coronavirus, les mauvaises critiques et les appels au boycott sont venus contrecarrer tous ces efforts…
A cause de la pandémie, la sortie du film, initialement prévue le 27 mars, a été repoussée au 4 septembre sur la plateforme de vidéo-streaming Disney +, indisponible en Chine. Même si la projection dans un peu plus de 40% des salles obscures chinoises était prévue une semaine plus tard (11 septembre), avec une capacité réduite de moitié pour cause de distanciation sociale, plusieurs copies piratées circulaient déjà sur la toile… Et l’accueil du public chinois est très mitigé : sur le site de notation Douban, le film écope d’une note moyenne de 4,9 sur 10 auprès de quelques dizaines de milliers d’internautes. La plupart d’entre eux se plaignent d’inexactitudes factuelles, comme le fait que l’héroïne vive avec ses parents dans un traditionnel « Tulou » du Fujian et non pas dans la province du Henan tel que le veut la légende. Le maquillage de Mulan (cf photo), pourtant d’époque, n’a pas non plus séduit les spectateurs, leur inspirant plus Versailles ou le logo de Huawei, que la dynastie des Wei du Nord (386–534). Ils sont également insatisfaits de la manière dont certains éléments culturels chinois ont été assimilés, le « Qi », flux d’énergie vitale, qui a été transformé en un pouvoir magique ressemblant étrangement à la « Force » dans Star Wars…
À ces critiques s’ajoute l’appel au boycott de plusieurs activistes hongkongais, au motif que l’actrice principale sino-américaine Liu Yifei avait partagé en août 2019 un graphique publié par le Quotidien du Peuple où il était notamment écrit « je soutiens la police hongkongaise » – un post qui a surtout été interprété comme un moyen de booster sa popularité. Selon un internaute, « participer à la propagande du Parti est courant pour les acteurs désireux de faire carrière en Chine ». Depuis lors, le personnage de Mulan est plutôt comparé à l’activiste Agnès Chow (23 ans), arrêtée le 10 août sous le coup de la loi de sécurité nationale… En réaction à ce boycottage à Hong Kong (mais aussi à Taïwan et en Thaïlande), plusieurs spectateurs chinois se sont décidés à soutenir le film de Disney : « je ne comptais pas aller le voir, mais cet appel au boycott vient de réveiller chez moi une flamme patriotique. J’ai décidé d’emmener ma famille entière voir le film, et plutôt deux fois qu’une » !
La polémique autour du film ne s’arrête pas là : dans le générique, la production remercie huit départements gouvernementaux du Xinjiang pour avoir été autorisée à tourner dans le désert à partir d’août 2018 – période où la campagne d’internement des Ouïghours battait son plein dans la région. Parmi elles, le comité de la propagande et le bureau de la sécurité publique de Turpan, qui a fait l’objet de sanctions de la part de l’administration américaine. Espérant peut-être que ce tournage passe inaperçu, le Xinjiang est présenté dans le film comme « le nord-ouest » de la Chine. Raté ! La nouvelle a fait l’effet d’une bombe et les appels au boycott ont redoublé d’intensité… Dans ces conditions, difficile d’imaginer que Mulan sera un succès au box-office. Les médias d’Etat chinois auraient d’ailleurs eu consigne de ne pas couvrir la sortie du film suite à la controverse…
On peut bien sûr s’interroger sur les motifs qui ont poussé les studios Disney à réadapter la légende de Mulan dans un contexte de tensions grandissantes entre Pékin et Washington, ou à choisir le Xinjiang comme lieu de tournage. Car au final, Disney perd sur les deux tableaux : il fait les frais de sa complaisance envers les autorités chinoises en Occident, mais ne remporte pour autant pas les cœurs en Chine. D’une certaine manière, les studios Disney, mais aussi toutes les productions hollywoodiennes, se retrouvent dos au mur : le box-office chinois étant amené à dépasser celui américain cette année – les cinémas à travers les Etats-Unis étant toujours fermés à cause du Covid-19 – les studios américains risquent de devenir encore plus dépendants du marché chinois à l’avenir. C’est encore plus vrai pour Disney qui a ouvert un gigantesque parc d’attractions à Shanghai en 2016, mais aussi pour Universal Studios qui s’apprête à inaugurer le sien à Pékin en mai 2021… Au final, à défaut de remporter le prix du jury, Mulan remporte haut la main la Palme d’or de la controverse.
Selon l’association mondiale du secteur (SEMI), le marché chinois des microprocesseurs, présents dans les smartphones, les voitures autonomes ou les systèmes de guidage de missile, aurait triplé entre 2012 et 2018, pour atteindre les 653 milliards de yuans. Fin 2018, le pays ne produisait que 16% de sa consommation, dont seulement la moitié par des firmes chinoises. L’objectif est donc d’augmenter cette part à 40 % en 2020 puis 70 % en 2025. Pour cette course contre la montre, l’État aurait mis sur la table jusqu’à 200 milliards de $ et consenti à des exonérations fiscales durant 10 ans pour les fondeurs capables de produire des puces de 28 nanomètres. Un processus de vérification simplifié en cas d’introduction en bourse et une meilleure protection de leur propriété intellectuelle leur seraient également accordées. Espérant profiter de cet enjeu prioritaire pour la nation, de nombreuses villes de second tiers comme Nankin, Hefei, Changsha ou Chongqing ont rivalisé pour offrir les conditions les plus attractives aux investisseurs du secteur. C’est ainsi que plusieurs acteurs, plus ou moins fiables, ont émergé un peu partout dans le pays. Hongxin (HSMC, 武汉弘芯) est l’un d’entre eux.
Fondé à Wuhan en novembre 2017, Hongxin ambitionnait de devenir l’un des futurs champions de la filière. Pour arriver à produire 30 000 « gauffres » par mois de 14 nanomètres d’ici 2022, puis de 7 nanomètres les années suivantes, Hongxin avait besoin de 128 milliards de yuans. Mis à part la concession d’un terrain de plusieurs dizaines d’hectares pour 50 ans (cf photo) et les 200 millions de yuans mis sur la table par le district de Dongxihu (Wuhan), les fonds devaient essentiellement provenir d’une firme technologique pékinoise, Guangliang Blueprint Technology. Hongxin avait par ailleurs réussi à convaincre Chiang Shang-yi, 75 ans (蒋尚义), ancien directeur de la R&D du leader mondial taïwanais TSMC, de prendre la direction du projet. La firme avait également offert des « ponts d’or » à plus de 50 autres ingénieurs de TSMC pour qu’ils rejoignent Wuhan, leur offrant plus du double de leur salaire. [Au total, 3 000 Taïwanais auraient été débauchés par des firmes chinoises, au grand désespoir de TSMC qui craint une « fuite des cerveaux », mais aussi de ses secrets industriels…]
Sur le papier donc, Hongxin avait tout pour réussir : le soutien de la municipalité, les talents nécessaires, et les investisseurs. Pourtant, rien ne s’est passé comme prévu. En janvier 2019, le principal actionnaire de Guangliang se retirait pour investir dans un projet concurrent, à Jinan (QXIC). Depuis lors, la firme pékinoise n’aurait versé qu’une infime partie des fonds promis à Hongxin. Rapidement, le groupe de Wuhan s’est retrouvé dans la panade, son chantier à l’arrêt, poursuivi en justice par deux de ses contracteurs en novembre 2019. Le mois suivant, HSMC célébrait en grande pompe l’arrivée de sa première machine « high-tech » de photolithographie du fournisseur néerlandais ASML – un appareil qui a finalement servi de nantissement à un prêt de 580 millions de yuans accordé par une banque locale… Entretemps, la rumeur voulait que le directeur taïwanais ait claqué la porte suite à un désaccord sur l’orientation stratégique à donner au groupe… Le couperet tomba le 30 juillet dernier : dans un communiqué, le district de Dongxihu révélait que Hongxin n’avait toujours pas débuté la production, que le groupe faisait face à de sérieuses difficultés légales et surtout qu’il était sur le point de faire faillite. « Sans argent frais, le projet pourrait s’arrêter à tout moment », concluait le rapport, supprimé depuis lors. En effet, HSMC n’aurait reçu « que » 15 milliards de yuans, soit à peine un tiers du budget nécessaire à sa première phase. Hongxin ne serait pas le premier groupe à mettre la clé sous la porte : en juillet, Tacoma (德科码)annonçait le dépôt de bilan de son projet d’usine à Nanjing, évalué à 2,8 milliards de $, faute d’avoir su attirer des investisseurs privés.
Sous plusieurs aspects, cette émulation dans le secteur des microprocesseurs rappelle les débuts des fabricants de véhicules et batteries électriques, une industrie également encouragée par l’État. À grand renfort de primes et de subventions publiques, le secteur a assisté à l’émergence de nombreux fabricants… La dure loi du marché s’est chargée de faire le reste : la plupart ont périclité pour laisser place à quelques mastodontes comme CATL ou BYD.
Dans le cas des semi-conducteurs, cette stratégie semble davantage desservir la filière : au lieu de concentrer les investissements vers une poignée d’entreprises, les capitaux s’éparpillent dans différents projets. De même, il ne suffit pas de recruter des ingénieurs expérimentés pour espérer une montée en gamme rapide. D’abondantes ressources financières seront nécessaires à ce long processus de rattrapage technologique. À titre de comparaison, les puces les plus avancées du n°1 mondial TSMC font 5 nanomètres, tandis que celles du leader chinois SMIC en font 14. Le leader shanghaien vient d’ailleurs de lever en juillet 6,5 milliards de $ sur le « Nasdaq chinois », le marché STAR de la bourse de Shanghai, et d’annoncer la construction en JV d’une usine à 7,6 milliards de $ en banlieue de Pékin dans une zone « high-tech » soutenue par l’État.
Mais l’avenir de SMIC s’assombrissait tout d’un coup le 4 septembre : le Département du Commerce américain envisagerait de placer SMIC sur sa liste noire des entités (qui compte déjà 275 firmes chinoises), le suspectant d’avoir vendu des puces à l’armée chinoise (APL). Face à ces accusations, le groupe se déclarait « en état de choc » et se défendait de tout lien avec l’APL… Fin août, Washington avait déjà frappé Huawei de manière à le priver de la quasi-totalité des semi-conducteurs fabriqués dans le monde, ne lui laissant d’autre choix que de se rabattre sur celles moins avancées de SMIC. Si à son tour, SMIC n’a plus accès aux technologies américaines, les ambitions chinoises devraient être fortement revues à la baisse. Mais ce faisant, Washington se tirerait aussi une balle dans le pied : cette sanction ferait sensiblement chuter les revenus des fabricants américains de microprocesseurs, qui seraient contraints de réduire leurs investissements destinés à développer les technologies du futur. L’administration américaine semble donc prête à tout, même à freiner sa propre industrie, pour éviter de voir des groupes chinois lui passer devant en utilisant des technologies « made in USA ». Mais n’est-ce pas là une tentative désespérée de retarder l’inévitable ?
Derrière une paroi de verre, au parloir du pénitencier de Fuzhou, Zhaoyan retrouvait un Rudai émacié, en proie à la honte de s’être laissé pincer, mais toujours plein d’une arrogance désespérée qui ne laissait nulle place au remord…
« Comment vas-tu, mon pauvre fils?, demanda le père. Avec ta mère, nous nous faisions un sang d’encre à ton sujet et nous prions les Dieux que tu retrouves le droit chemin…
–Je vois que vous n’avez toujours pas cessé de me juger, s’écria Rudai rebelle. C’est quand même à cause de vous et de votre maudite morale que je suis tombé dans ce pétrin !»
Atterré par son insolence, Zhaoyan avait pourtant mieux à faire que de se disputer avec lui et il alla droit au but :
« Où est Hewei ? Qu’avez-vous fait de lui ?
– Je ne l’ai plus, répondit Rudai en évitant son regard, il est loin – oublie-le. »
Et ils se séparèrent ainsi, Rudai refusant d’en démordre. À Yuanlong qui l’attendait, Zhaoyan avoua l’échec de sa mission. Mais pourquoi Rudai s’enferrait-il dans son silence ? Et comment réagir à son accusation de l’avoir fait plonger dans la mauvaise vie en lui pourrissant son enfance ? Certes, Zhaoyan et sa femme s’étaient mariés trop jeunes, et submergés de travail, n’avaient jamais pu s’occuper de Rudai comme ils auraient voulu. Face à ses échecs scolaires répétitifs, ils étaient restés passifs, aveugles à ses mauvaises fréquentations, jusqu’à sa fugue définitive à 16 ans. Mais ils n’étaient pour rien dans ce mariage qu’il avait fait sans leur accord, avec cette fille de rien. C’était elle qui l’avait initié à la drogue, et qui payait les doses en se prostituant. Mais quelles que soient les excuses qu’il invoquait, Zhaoyan ne parvenait pas à se pardonner la déchéance de leur fils unique…
Mi-décembre pour Rudai, tomba le verdict : il écopait de 15 ans. N’ayant rien à perdre, Zhaoyan fit alors une ultime tentative auprès de lui. Après lui avoir remis ses présents -un filet de biscuits, des pommes et des oranges – il lui reposa la question : où se trouvait son petit-fils ? Et cette fois, à sa grande surprise, Rudai avoua tout, sans fard, comme s’il voulait s’alléger d’un fardeau qui lui pesait. Mais la fière méchanceté avec laquelle il déballait l’histoire, disait aussi l’envie de régler ses comptes :
« Avec Xiaoming, nous avons vendu le petit à un couple riche, de Shanghai. Des gens prêts à payer une blinde pour s’offrir le fiston qu’ils ne parvenaient pas à engendrer. Nous savions que dans ce foyer bien à l’aise, Hewei aurait la chance d’une vie meilleure, meilleure que la nôtre à tout le moins. Et puis nous, on avait besoin de fric.
– Mais, insista Zhaoyan, as-tu pensé à la douleur que tu nous infligeais à ta mère et moi ?
– Non, c’est vrai … Mais tu sais, Xiaoming et moi, on se disputait tout le temps… elle ne voulait plus partager son argent avec moi. Ça n’allait plus. Tout ce qu’on voulait, c’était toucher un magot et filer chacun pour soi…
– … Et maintenant, où est-ce qu’elle est ?
– Aucune idée. Après avoir livré le môme au lieu du rendez-vous, on s’est partagé le cash, puis elle a quitté la ville. Mais sur le papier, on reste mariés : on n’a pas voulu perdre du temps à passer au bureau des divorces.»
Le père voulait quand même un maximum de détails, « mais où sont ces gens, les nouveaux parents ? Je peux racheter le petit – je vendrai la maison si nécessaire.
– Te fatigue pas, j’te l’dirai pas. Et même si j’te l’disais, y’ te le rendraient jamais. »
Et c’est ainsi que père et fils se dirent au revoir, pour toujours sans doute. Mais cette fois, rien ne retenait plus le grand-père de déposer plainte. Ce qu’il fit le 25 décembre au commissariat central, accompagné de Yuanlong. Voyant la douleur de ces pauvres gens qui sanglotaient durant la déposition, les inspecteurs n’eurent pas le cœur de leur reprocher les 11 mois perdus depuis l’enlèvement. Sans perdre plus de temps, ils allèrent interroger Rudai : face à ces coriaces professionnels, le jeune vaurien ne put celer plus longtemps les détails qu’il gardait sur la trace du petit. Dès le 3 janvier 2019, l’enfant était retrouvé. 10 jours suffirent pour établir la parenté, tests ADN à l’appui : les grands-parents biologiques retrouvèrent le 16 janvier leur petit trésor, sous les caméras de la TV nationale. C’était juste avant le Chunjie et le passage à l’année du cochon, signe de bon augure.
Rudai dans sa prison, et Xiaoming bientôt appréhendée, ont chacun écopé de 6 ans à l’ombre – pour Rudai, ils se cumulent aux 15 ans de sa première peine. Contre toute attente, à Shanghai, les riches repreneurs du petit kidnappé ont évité la paille humide du cachot. Leur avocat a su invoquer le traitement exemplaire du garçonnet (confié à un bon jardin d’enfants de l’ « œil du Dragon »), et justifier leur délit par la détresse psychologique de n’avoir pu générer un fils. Mais leur salut, ils l’ont surtout dû à eux-mêmes, en payant les 20 000 yuans d’amende, agrémenté d’un cachet aussi lourd que discret au juge et au président du tribunal. Ce qui confirme la justesse du proverbe immémorial : « Avec de l’or, tu peux même atteler le diable à ton moulin » (有钱能使鬼推磨,yǒu qián néng shǐguǐtuī mò) !
14-16 septembre, Shanghai : Testing Expo, Salon du test, de l’évaluation et de l’ingénierie de la qualité dans les composants automobiles
15-19 septembre, Shanghai : CIIF – China International Industry Fair,Foire industrielle internationale de Shanghai (métal et machine-outil, Automatisation, Technologies de l’environnement, de l’information et des télécommunications, Énergie, Technologies aérospatiales)
16-18 septembre, Shanghai : RUBBERTECH, Salon dédié aux machines de traitement du caoutchouc, produits chimiques, aux additifs et matières premières
17-19 septembre, Shanghai : Sign China, Salon chinois international de l’enseigne et de la publicité
17-19 septembre, Canton : PHARMCHINA, Salon international de l’industrie pharmaceutique
18-20 septembre, Pékin : China Horse Fair, Salon chinois international du cheval, sport et loisirs
18-20 septembre, Canton : China Pet Fair, Salon international de l’animal de compagnie en Chine
18-21 septembre, Fuzhou : China Space Conference, Conférence sur les technologies et la coopération spatiales
21-23 septembre, Shanghai : China EPower & GPower,Salon chinois international de la génération d’énergie et de l’ingénierie électrique
23-25 septembre, Shenzhen : CIEFair – China International Internet & E-Commerce, Salon international de l’internet et du e-commerce
23 – 25 Septembre, Shenzhen : CILF – China International Logistics and supply chain Fair, Salon international de la logistique et des transports
23-25 septembre, Chongqing : CAPE – Chongqing Auto Parts Exhibition, Salon chinois international des pièces détachées et des services automobiles, des nouvelles énergies et technologies pour l’automobile
23 – 25 Septembre, Shanghai : CHIC – China International Fashion Fair, Salon international de la mode
26 septembre – 5 octobre, Pékin : Auto China, Salon international de l’industrie automobile
27-29 septembre, Shanghai: SIEE Expo – Shanghai International Early childhood Education Expo, Salon international de l’éducation et des fournitures pour la petite enfance
28-30 septembre, Shanghai : SIAL, Salon international de l’agroalimentaire
28-30 septembre, Shanghai :CIHIE – China International Healthcare Industry Exhibition, Salon chinois international de l’industrie de la santé
28 – 30 Septembre, Shanghai : China Sport Show, Salon du sport
30 septembre – 3 octobre, Canton : GILE – Guangzhou International Lighting Exhibition, Salon mondial des LED et des technologies d’éclairage
10-12 octobre, Shanghai : CBME – Children Baby Maternity Expo, Salon international de l’enfant, du bébé et de la maternité