En juin, l’AQSIQ, l’autorité de contrôle des aliments étrangers, annonça discrètement que les fromages à pâte molle ou persillée étaient bannis. Depuis lors, 5465 tonnes de fromages saisis à divers points d’entrée du territoire chinois, ont été détruits. Excepté quelques types danois (Danablu), britannique (Stilton) ou italien (Gorgonzola), la majorité des guillotinés étaient français – adieu, Brie, Roquefort ou Camembert !
Mystérieusement, l’AQSIQ n’a pas expliqué sa décision, et l’a même censurée. Un seul article est paru dans la presse locale, qui se bornait à annoncer le fait sans commentaire. Ce sont les exportateurs qui ont annoncé la nouvelle, avec discrétion pour éviter les retours de flamme. Le flou règne sur la raison de l’interdiction, nul incident de santé ou de qualité des fromages n’ayant été signalé en 2017. Suggérée par un biologiste, une piste pourrait consister en l’ignorance des pouvoirs publics sur la différence entre micro-organismes dont le fromage fourmille, et agents pathogènes dont il est exempt.
Pour des professionnels étrangers, la cause première de cette mise au ban est le protectionnisme. Cela peut paraitre paradoxal, la Chine n’ayant pas de fromages propres en concurrence avec les importés, et cette importation minuscule concerne la restauration et une clientèle essentiellement expatriée.
Un précédent a pu servir de modèle—la mise au ban du Roquefort aux Etats-Unis en 2009. Après des mois de blocage, l’administration américaine avait pu s’en servir comme « monnaie d’échange » pour grapiller des concessions commerciales sur d’autres chapitres en litige.
L’imminence du XIX. Congrès d’octobre peut également jouer – moment où les cadres reçoivent leur promotion, en fonction de leur ardeur au service du peuple. En ce cas, le responsable de la mesure peut prétendre avoir agi pour la protection du consommateur, contre les prétendus dangers bactériologiques du fromage. Il peut aussi se targuer d’avoir modestement contribué à la lutte contre les sorties de devises, ce qui est une des priorités du régime cette année.
D’ailleurs, fait significatif, loin de s’en prendre qu’au fromage, la campagne a visé cet été une large gamme de produits étrangers qualifiés de « hors-normes ». Quinze produits de types différents furent retournés ou détruits, légumes, biscuits, fruits de mer, sodas ou chocolats en provenance de 34 pays dont Canada, Allemagne ou Australie.
Cette guéguerre va-t-elle s’éterniser ? L’Union Européenne en tout cas n’a pas attendu pour se saisir du cas, réclamant les raisons du mystérieux interdit, et contestant la conformité du procédé, aux règles de l’OMC.
1 Commentaire
severy
18 septembre 2017 à 16:43Eh! bien, il n’y a plus qu’à se venger en débarrassant nos zoos des ridicules ours bicolores dont la Chine a réussi, en quelques décénnies, à réduire la population à quelques milliers, et à les transformer en steaks, filets et entrecôtes que viendront déguster, triés sur le volet, de riches Chinois attirés par l’art occidental d’accomoder les restes.