Les semaines précédant la fête nationale du 1er octobre auront fait la part belle à la diplomatie chinoise. Devant l’AG des Nations Unies à New York, le Premier ministre Li Keqiang a réitéré son vieux refrain anti-protectionnisme : il s’agissait de protéger ses livraisons mondiales d’acier à vil prix, et d’accélérer les négociations autour des nouvelles « routes de la soie ». Surtout autour du RCEP (Regional Comprehensive Economic Partnership — alternative chinoise, rivale au TPP américain), future zone de libre-échange entre Chine et 15 pays de l’ASEAN, Inde, Japon, Corée, Australie et Nouvelle-Zélande — un projet ambitieux, mais difficile et que Pékin craint de voir s’enliser.
Li a néanmoins surpris par quelques concessions à l’Occident : il disait son pays prêt à soutenir de nouvelles sanctions à la Corée du Nord suite à son 5ème test nucléaire ; il promettait plus d’aide à l’ONU pour l’accueil de réfugiés-migrants ; et suggérait une attitude plus dynamique dans le règlement du conflit en Syrie…
Tous ces gestes résultent –c’est la Chine qui le dit– de la prise de conscience du danger à rester immobile face aux ferments de déstabilisation. Mais entre en ligne de compte également, le remplacement du Secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon en fin d’année. Dans le choix de son successeur, Barack Obama –lui aussi en fin de mandat– sera déterminant. Et la Chine, pour être « faiseur de roi » aux Nations Unies, doit montrer patte blanche face aux USA, ce que Li Keqiang a fait avec talent.
Pékin s’est gardé d’avancer un candidat chinois –c’est bien trop tôt et de plus, l’Asie vient d’avoir son tour avec Ban Ki-moon, sud-coréen. À la veille du scrutin, l’ONU est parcourue d’un tropisme féministe : cinq candidates sont en lice, de Bulgarie, Nouvelle-Zélande, Costa-Rica, Moldavie et Argentine. La Chine soutient une personnalité « neutre et crédible » : Irina Bokova, directrice générale de l’UNESCO. La Bulgare offre le double attrait d’être citoyenne d’un pays de l’ex- bloc de l’Est et d’avoir étudié à Moscou—c’est une femme qui « connaît la musique » socialiste. En cas de succès, elle serait redevable de la Chine… Et avec le soutien putatif de Poutine, la voilà avec l’aval d’au moins deux membres permanents du Conseil de Sécurité sur cinq (Chine et Russie).
Autre affaire diplomatique qui semble sourire à Pékin, la gestion de la tension en mer de Chine du Sud, suite à la percée de l’APL en ces eaux à 2000km de ses côtes. Curieusement, les deux victimes potentielles semblent toutes deux faire volte-face, désamorçant leur propre système de défense. Après avoir mandé à Pékin, son Premier ministre Nguyen Xuan Phuc, le Vietnam reporte sa ratification de l’accord TPP. Ceci, quoique (ou bien, parce que) ce TPP entre 12 pays de la zone pacifique ait le potentiel d’isoler la Chine.
De son côté, aux Philippines, le Président Rodrigo Duterte interrompt les patrouilles conjointes avec la US Navy et fait mine, pour l’instant, de vouloir acheter des armes à la Chine. En tel cas bien sûr, ces armes ne pourraient plus viser l’Armée populaire de libération, mais plutôt les rebelles musulmans du sud du pays, sur l’île de Mindanao.
Aux deux petits voisins, Xi Jinping et ses diplomates tiennent un langage identique : « les intérêts communs transcendent nos divergences », et « nos rapports sont à un point de changement ». Les deux parties peuvent se rejoindre à mi-distance et régler le conflit à l’amiable. Et pour l’instant, les pays suivent. Mais qu’a donné la Chine en retour, pour leur faire renoncer à la défense de leurs intérêts maritimes ? Quelles assurances de compensation ? En tout cas, par rapport à 6 mois en arrière, l’alliance de résistance à la Chine sous l’ombrelle américaine, semble plus improbable que jamais.
1 Commentaire
severy
25 septembre 2016 à 22:02Les pays qui baissent les paupières et refusent de tenir compte des mines flottantes qui surnagent dans leurs zones maritimes économiques s’en mordront les doigts un jour de gros temps.