Yum! et McDonald’s étaient entrés au même moment en Chine entre 1987 et 1990. D’ici décembre 2016, ils en sortiront ensemble, tant ces frères siamois ont le sort lié par des règles du jeu identiques en Chine.
Entre ses diverses marques (KFC, Pizza Hut, Little Sheep et Taco Bell), Yum! vendit en 2015 pour 8 milliards de $ de pizzas et de poulet frit dans ses 7200 restaurants entre 1100 villes – 50% de son revenu planétaire. La marque aux arches d’or a moins d’œufs dans le panier chinois : 2200 filiales, y assurant 5% de son chiffre mondial. Ensemble, ils dominaient ce marché du fast-food chinois.
Aujourd’hui, leurs affaires perdent de leur superbe : -4% chez Yum!, et montant de la perte non-publiée chez McDonald’s. Ceci arrive par la même raison qui fit leur succès : leur image s’est fanée au fil des années, et leur gamme de produits est difficile à faire évoluer. Ici, il faut accuser à la fois l’enrichissement social et l’apparition d’une redoutable concurrence fast-food chinoise ou nipponne. L’opinion n’est pas non plus prête à pardonner les faux-pas : en 2014, reprise dans la presse, CCTV a vilipendé les deux groupes (et d’autres, tous étrangers), révélant les viandes avariées qu’un grossiste local indélicat leur avait fourni… Ce scandale peut contribuer à expliquer pourquoi Yum! l’an passé, voyait son marché chuter de 39% à 24%, et McDonald’s de 15,1% à 13,8%.Faisant leur bilan, leurs états-majors ont conclu que la tendance ne pouvait être inversée : la meilleure parade était de remettre le commerce—sans attendre.
Ils le font en suivant des voies différentes : Yum! veut « tout vendre » en bourse en novembre. Pour booster les prix et les vocations, il s’est donné deux acheteurs stratégiques anticipés : les fonds locaux Primavera, de l’ex-patron de Goldman Sachs-Chi-na, et Ant, filiale d’Alibaba. Ils prennent pour 460 millions de $ de parts. McDonald’s lui, cède à de gros partenaires, en franchise pour 20 ans les 1500 restaurants qu’il avait encore en gestion directe—mais garde la propriété des locaux. Les candidats repreneurs sont nombreux, y compris Beijing Capital Agribusiness, et une alliance en JV Carlyle-Citic. La formule devrait plaire au pouvoir central chinois, qui voit à faveur de ces nouveaux montages, fortement reculer l’influence étrangère, tandis que le pays conserve l’outil et sa technologie alimentaire de masse.
Un autre point positif pour l’Etat sera la taxation : la vente de McDonald’s devrait rapporter 2 et 3 milliards de $, et celle de Yum!, jusqu’à 8 à 10 milliards, dont jusqu’à 50% pourrait tomber en l’escarcelle du fisc. Le reste sera partagé entre les actionnaires, et le redéploiement des deux groupes ailleurs en Asie.
Sommaire N° 30-31