Santé : Chine contre Zika – un à zéro

Depuis l’apparition sur sol chinois du virus Zika en février dernier, l’administration chinoise s’est démenée : il y avait urgence, pour prévenir la diffusion endémique via les moustiques aedes egypti et aedes albopictus, présents sur son sol.

Le Zika, qui en 2016 a déjà frappé 1,5 million de personnes de 70 pays, semble un mal bénin—une légère fièvre guérie en quelques jours. Mais il cache son jeu : transmissible par piqûre d’insectes ou contact sexuel, il serait cause de microcéphalie (l’atrophie du cerveau) chez les bébés nés de mères atteintes. Pire, on ne lui connaît pas de remède… 

Sans retard, dès février, 18 ministères et agences de l’Etat, sous la direction de la Commission nationale de santé et du planning familial, ont  lancé 10 mesures d’urgence. Aux aéroports, les scanners thermiques ont repéré les passagers enfiévrés en provenance des Amériques et d’Asie du Sud-Est, surtout de Singapour, plaque tournante du Cône-Sud, où 329 cas ont été signalés, dont 30 Chinois – et 8 femmes enceintes. Une surveillance rapprochée a été orchestrée par les CDC (Centres de Prévention épidémiologiques) de 7 provinces à risque (dont Hainan, Canton, Yunnan, Hebei, Shanxi et Shaanxi).

Les zones à forte densité de peuplement, étangs, égouts et marécages, ont été fumigés pour détruire les foyers de moustiques – au prix d’une mortalité accrue des essaims d’abeilles. Dès mi-août toute importation aérienne, maritime ou terrestre devait être fumigée ou certifiée saine, sous peine de mise en quarantaine.

En  fait, face à l’attaque, la Chine était prête, ayant retenu la leçon –à la dure– des vagues virales (SRAS, grippes aviaires, porcines) ayant balayé son sol depuis 2003. Ce qui explique qu’à la mi-septembre, le pays n’ait enregistré que 22 cas, tous contaminés à l’étranger, et tous guéris depuis. Et Pékin pouvait établir officiellement l’absence de propagation du virus sur son sol. Dès le 7 septembre, elle levait l’obligation de fumigation des importations – le virus Zika était sous contrôle ! 

De ce succès, le système de santé chinois reçoit une bonne part du mérite, fruit de 15 ans de prise de conscience de la nécessité d’investissement de coopération internationale sanitaire. Mais il faut ajouter que la Chine s’est vue aussi avantagée par sa position géoclimatique : le Zika n’aime rien de plus que les Tropiques, dont l’empire du Milieu est largement absent. Autrement dit, la Chine cette fois a eu de la chance – jusqu’à présent.

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