Aviation : Air France en Chine – cinquantenaire en zone de turbulence

Le 8 septembre, le 1er transporteur européen historique vers la Chine, Air France fêtait ses 50 ans de vol sur Shanghai. Avec KLM l’autre pôle du groupe, il assure vers 9 villes 90 liaisons par semaine voire 132, avec les vols en code share de China Southern, China Eastern et XiamenAir. Or, voilà que ces partenaires réclament plus de rotations vers Paris, la destination-phare mondiale. Pour l’instant, AF et les transporteurs chinois se partagent 50 liaisons passagers et 18 cargo par semaine, sur base d’un contre un. Mais d’ici décembre, les tutelles aéronautiques des deux pays devront négocier des fréquences supplémentaires. Ceci, à condition qu’Air France puisse aligner le même nombre d’appareils que la grande flotte chinoise, ce qui n’a rien d’évident. Il doit aussi renouveler sa flotte vieillissante et combler son retard sur le marché du low-cost face à des groupes tels EasyJet qui drainaient en 2015 l’essentiel des profits (jusqu’à 29% contre 1% à 2% pour les compagnies historiques).

Dans ce combat inégal, Air France se retrouve bien seule : les autres ailes tricolores, Corsair et AigleAzur ne sont pas intéressées – quoique cette dernière soit déjà propriété à 48% de HNA (Hainan Airlines). Pire, à court terme, l’époque n’est pas favorable à une accélération des fréquences sur les lignes Europe-Chine : le trafic recule, sapé par le frein à la croissance chinoise, et surtout vers la France (-19% de janvier-juillet) du fait de la vague des attentats terroristes ayant frappé l’Hexagone. Mais dans un contexte de climat politique au beau fixe, le résultat de ces palabres a pourtant de grandes chances d’aboutir à plus de liaisons et par conséquent, plus de concurrence.  
Au même moment se dessine depuis plusieurs années une recrudescence de l’intérêt chinois pour les aéroports régionaux européens. Toulouse est depuis décembre 2014 propriété à 49,9% d’investisseurs sino-canadiens, qui voudraient en faire un hub pour un trafic low-cost chinois d’avenir : Air France saura-t-il y trouver sa place ?

Preuve qu’un changement n’arrive jamais seul, Lufthansa l’éternel rival, bouclant deux ans de tractations, partage son marché avec son vieux partenaire Air China : sur les routes Europe-Chine (excepté Russie et Scandinavie), ils partageront revenus, destinations et multiplieront les code shares. La nouvelle alliance truste 39% du marché, et offrira une meilleure défense face à la percée des transporteurs du Golfe – Emirates, Qatar, Etihad. Or Air France à court terme, ne disposera de rien de comparable !
Toutes ces nouvelles laissent augurer un transport aérien français décidément en urgent besoin de se réinventer, face à la puissance financière de la Chine, et sa volonté de pénétration du marché du vieux continent.

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