C’était inévitable : le 5 septembre à Doha, l’équipe chinoise de football ne s’est pas qualifiée pour la Coupe du Monde de 2018 en Russie. Coachée par Marcello Lippi, le Onze a certes battu le Qatar (2-1), obtenant pour l’entraîneur-star italien un bilan honorable de trois victoires, deux nuls et une défaite, mais cela n’a pas suffi pour compenser la série d’échecs sous son prédécesseur Gao Hongbo.
La sélection chinoise demeure à des rangs indignes, 8ème d’Asie et 77ème mondiale. Et ceci, en dépit des investissements hyperboliques pour les transferts de stars étrangères dans les clubs de Super League. Le moment est propice pour un examen de conscience : qu’est-ce qui empêche le foot chinois de monter en puissance ?
Michael Church, commentateur de football sur la chaine ESPN, explique que les clubs (privés) et la ligue (publique) ont des intérêts et des politiques en opposition de phase. Pour collectionner les victoires sans attendre des années, les clubs, recrutent des attaquants étrangers, plutôt que les former. Le 11 national se retrouve donc sans avant-centre professionnel. « Tant qu’ils ne penseront pas au développement de l’ensemble des joueurs de l’équipe et à la formation en clubs et académies, renchérit Angela Smith, manager international du club britannique Stoke City, le foot chinois stagnera ».
Autre handicap, d’après Mads Davidsen, directeur technique du club shanghaien SIPG, les entraîneurs chinois ne donnent pas à leurs athlètes une formation de niveau international—la courbe d’effort dans la saison n’est pas adaptée, et la priorité va trop souvent aux capacités physiques, au détriment de la complémentarité de groupe.
Dernière lacune selon Luis Ferreira, directeur « jeunes » au Tianjin-TEDA, lassés et sans idéaux, ces jeunes sportifs ont bien du mal à développer une passion pour leur équipe et pour leur sport. Ce problème peut-être lié à l’absence de star chinoise du ballon rond – contrairement au basketball qui a profité de l’effet Yao Ming.
Au moins, la Chine dispose depuis deux ans, de ces milliers d’académies et écoles de foot qui s’ouvrent sur son territoire. Cette formation-là, avec des éducateurs étrangers, met les élèves de 8 ans sur les bons rails, promettant l’éclosion d’une Chine superstar du ballon rond quand ils seront adultes – à temps pour le Mondial 2030 qu’elle ambitionne d’accueillir sur son sol, mais guère avant ! Pour 2030, elle a pour l’instant comme challenger la candidature conjointe de l’Argentine, de l’Uruguay et du Paraguay.
Sommaire N° 30 (2017)