Editorial : Un cocorico écarlate

Adieu au Singe, bonjour au Coq, le 27 janvier à minuit ! Animal populaire et bienveillant, le 10ème signe du zodiaque chinois est solaire, viril, amusant, franc et loyal, dur à la tâche. Mais en contrepartie, il exige l’attention et pêche par vanité et vantardise. Sa crête, signe distinctif de pouvoir, lui réserve des métiers, tels ceux d’administrateur, de soldat, de policier.
Parmi les personnages célèbres nés sous ce signe figurent Mencius disciple de Confucius, Xuanzong l’empereur de la dynastie Tang, et plus proches de nous, Faye Wong la chanteuse pop, Fang Bingbing l’actrice, ou encore Li Xiaopeng le gymnaste !
L’an 2017 est centré sur l’élément du feu, ce qui est rare – pas d’interférence de l’eau, de l’air, de la terre ou du métal. Ce phénomène induira de grandes déclarations (souvent stériles) de leaders politiques, tels R. Duterte aux Philippines, ou D. Trump… Ce déséquilibre exacerbera également les tensions dues aux flux migratoires et au changement climatique.

Le fameux Feng Shui Index de CLSA (Hong Kong), prévoit un début d’année boursier au calme, avec pic en été, suivi d’un grande volatilité en fin d’année. Au 1er trimestre fleuriront les activités liées à la Terre (immobilier, agriculture, mine, renouvelables) puis au 2nd, celles liées au Bois (commerce, santé), suivies au 3ème et 4ème par celles liées au Feu (high-tech, énergies, services publics). Astromanciens et maîtres du Fengshui recommandent  donc de lancer ses projets de 2017 avant le Nouvel An chinois ! 

Le Chunjie, c’est aussi le traditionnel moment du retour au bercail, bras chargés de vivres et de cadeaux, tandis que les villes se vident… En 40 jours de fêtes, le nombre de voyages attendus devrait atteindre les 3 milliards (+2,2% par rapport à 2016), dont 84,6% effectués en bus, traversant tout le pays, souvent affrétés par les villages. Le covoiturage débute aussi, par l’entremise d’applications smartphones telles didichuxing. Toujours connectés, nombre de jeunes vont louer un (une) éphémère fiancé(e), histoire de faire avaler à leurs vieux parents la chimère d’un mariage proche…

Pas de Nouvel An sans pétards, pour barrer aux démons l’entrée dans l’an neuf. Cette année plus que d’autres, l’Etat est partagé entre son désir de  protéger le peuple contre la pollution de milliards de feux d’artifice en quelques jours, et celui de le laisser se défouler. Le Henan n’est sans doute pas le seul a avoir banni les pétards, avant de se déjuger suite aux protestations indignées des foules – aiguillonnées par les 250 vendeurs ayant déjà fait leurs stocks (pour 750 millions de ¥).

A cette période, le Parti souhaite donc se sentir proche du peuple. Il multiplie les consignes de souplesse souriante chez les cadres, les mesures faisant consensus.

En environnement, que de bonnes nouvelles ! Sous le Coq, la ville de Pékin investira 2,6 milliards de $ pour lutter contre la pollution de l’air. Elle  compte réduire sa pollution de 15%, pour arriver à un indice moyen de 60 PM2,5 (contre 73 microgrammes en 2016). Et un filtre à air vient d’être inventé, à base de protéines de soja, bloquant 99,94% des particules µ2,5….
La CFDA (agence de Sécurité alimentaire) fait des heures supplémentaires pour mettre un terme aux fraudes alimentaires dans les restaurants et commerces – un réseau de fausses sauces soja (fabriquées à partir de sel industriel) vient d’être démantelé à Tianjin.

Enfin, la presse chante le comportement civique d’un bon samaritain, ayant appris qu’un balayeur de rues de 70 ans avait perdu ses 3360 yuans de trois mois de salaire, et qui organisa une collecte sur WeChat afin de lui rendre son pécule et de quoi fêter son nouvel an. La Chine ainsi s’émeut, et se réconcilie avec sa propre vertueuse image !

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