Dernièrement se multiplient les rachats d’actifs à l’étranger. ChemChina rachète la firme mécanique allemande KraussMaffei (1 milliard d’euros). Wanda, le promoteur immobilier, reprend les studios hollywoodiens Legendary (3,5 milliards de $). Tsinghua s’adjuge Western Digital, groupe de solutions de stockage (3,8 milliards). L’Etat grec étudie l’offre de Cosco, 300 millions de $ pour les 67% du port du Pirée qui lui manquent. Le Sri Lanka valide le projet d’extension du port de Colombo à 1,4 milliard de $.
Puis, cerise sur le gâteau : à 5,4 milliards de $ – record mondial du secteur – le rachat par Haier de la branche électroménager de General Electric, n°2 américain derrière Whirlpool. Le deal assure au groupe du Shandong le droit de marque GE pour 50 ans, 48% des parts de Mabe, l’usine mexicaine, et le site de Louisville (Kentucky), qui deviendra son QG, avec 6000 employés – en renfort des 350 déjà employés par Haier aux USA.
GE cherchait depuis 5 ans à se défaire de cette branche, pour se recentrer sur son corps de métier, la génération électrique. Cet impératif s’était renforcé après 2013 et sa réussite dans la reprise du pôle énergie d’Alstom en 2013, pour 10 milliards de $. La cession de la branche électroménager de GE avait d’abord été compliquée par de faibles ventes, décourageant les candidats.
La situation s’était redressée les années suivantes, permettant de trouver en 2014 un repreneur potentiel, Electrolux, pour 3,3 milliards de $. Mais la cession fut torpillée par le gouvernement fédéral, voyant dans la concentration du groupe suédois une infraction certaine à sa loi anti-trust. Enfin, en décembre, GE négociait avec Haier, et concluait l’affaire mi-janvier à un prix supérieur, justifié par les résultats de 2014.
Pour GE et surtout son (ex-)personnel de Louisville, c’est une très bonne affaire. De plus, GE et Haier battent le fer tant qu’il est chaud, en signant un accord stratégique, se promettant d’investir ensemble dans des secteurs d’avenir tels la santé et l’internet, où ils sont encore peu présents.
Cependant pour cette affaire comme pour d’autres, les observateurs occidentaux restent dubitatifs : GE-électroménager a été racheté très cher (2 milliards de $ de plus que l’offre Electrolux) et trop vite. Le secteur, de plus, est mature, avec risque de perte de vitesse. Comme un achat « coup de cœur », sans profit assuré les premières années.
Sommaire N° 3 (2016)