Technologies & Internet : Huawei, quitte ou double

Bonne nouvelle pour Huawei, le géant chinois des télécommunications pris en otage dans la guerre commerciale sino-américaine : le 19 août, le Département du Commerce américain lui accordait à nouveau un sursis de 90 jours après l’avoir inscrit sur sa « liste des entités non-fiables » mi-mai.

Cette prolongation autorise le groupe de Shenzhen à continuer de se fournir aux Etats-Unis. Il ne faut pas s’y tromper, elle vise surtout à ne pas trop pénaliser les entreprises et opérateurs américains qui dépendent de Huawei. Elle permettra tout de même à Huawei de souffler, lui qui déclarait en mai avoir stocké assez de composants américains indispensables pour trois mois ou plus.

Son fondateur Ren Zhengfei ne se réjouissait pas de cette annonce dans sa note interne envoyée à 10.000 de ses développeurs entre Shanghai, Shenzhen et Xi’an. Toujours friand de métaphores guerrières, le patron affirmait que le groupe entrait dans un « état d’esprit de bataille » pour survivre à la crise et exhortait ses équipes à travailler dur pour atteindre leurs objectifs. « L’entreprise fait face à une situation de vie ou de mort, il faut se préparer au pire ».  En effet, cette division a été chargée de la lourde tâche d’éliminer tout recours à des composants ou logiciels américains, y travaillant jour et nuit depuis que Donald Trump a déclaré la guerre à Huawei. Ce sont eux qui sont derrière le lancement du système d’exploitation de Huawei le 9 août : « HarmonyOS ». Il sera pour l’instant uniquement installé sur certains objets connectés, mais il y a fort à parier que Huawei soit contraint de l’intégrer sur son prochain téléphone le Mate 30, en remplacement d’Android (Google) si les Etats-Unis appliquent leurs sanctions.

Pourtant, Huawei, n°1 mondial des réseaux et n°2 des smartphones (après Samsung), a explosé son record de ventes au premier semestre : ses revenus ont bondi de 23%, notamment grâce à de beaux résultats à domicile. Mais Ren expliquait que si « les chiffres paraissent bons, c’est surtout parce que nos clients chinois ont exprimé leur sympathie et payé leurs factures dans les temps. Mais cela ne représente en rien la situation réelle ». Finalement, l’entreprise a dû revoir ses objectifs à la baisse, mais pour le moment, le navire Huawei résiste à la tempête. Ainsi, Trump a transformé un bon client dépendant en un adversaire déterminé à se passer des services et produits américains. 

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