Le 9 septembre, 68 ème anniversaire de la RDPC (Corée du Nord), Pyongyang mit à feu son 5ème test nucléaire, le plus puissant (10 kilotonnes). Quatre jours auparavant, en plein G20 à Hangzhou, la RDPC tirait trois missiles. Le sens était clair : la RDPC rappelait au monde son existence, et rejetait le modèle de croissance des 20 plus puissants pays de la Terre.
Pékin rejeta la faute sur les USA, du fait des tensions que les Etats-Unis entretiennent avec la Corée du Nord, tel ce passage le 12 septembre d’une escadrille de bombardiers de l’US Air-Force et de chasseurs de la Corée du Sud et du Japon sur la ligne de démarcation. Au même moment, à Dandong, à la frontière chinoise, la noria de camions se poursuivait, livrant riz, farine, pétrole et autres denrées nécessaires à la survie du régime. Si la Chine mettait un terme à cette aide, elle verrait déferler sur son sol des millions d’affamés – situation ingérable.
Ash Carter, le Secrétaire américain à la Défense, renvoya la balle : « en lançant son test nucléaire, Kim Jong-un (le petit-fils de Kim Il-sung) savait bien que la Chine n’interviendrait pas ». Et la presse américaine en est certaine : « la Chine s’est déjà résignée à l’existence d’une Corée nucléaire ». Une affirmation sans doute vraie, mais qui vaut aussi pour les USA.
Or, en ce concert, le ministre russe S. Lavrov lança une note discordante : « les sanctions ont échoué – peut-être pourrait-on passer à autre chose »? Ce qu’il veut dire : en présentant des exigences maximales et en traitant la RDPC d’Etat paria, les USA ont mis celle-ci aux abois ; et ce qu’elle réclame—une reconnaissance diplomatique des USA et des garanties de sécurité—, est peut-être une base de négociation acceptable.
En fait, à travers leur ping-pong idéologique, Etats-Unis et Chine donnent l’impression de s’accommoder de plus en plus de de la situation bancale présente, au vu des avantages qu’elle leur apporte:
– elle permet à l’US Army de déployer dans la péninsule son système antimissiles Thaad—autant destiné à prévenir les menaces nucléaires nord-coréennes que chinoises.
– et à la Chine, elle évite la réunification, la naissance d’une puissance pro-américaine sur son flanc Nord…
La victime de tout ce jeu, est le petit peuple du « pays du matin calme ». Depuis le 30 août, le typhon Lionrock fait des ravages : après 15 jours, la RDPC pleure des milliers de morts, et doit reloger 140.000 sans-abris—la Croix Rouge lance un appel aux dons*. Or, Kim Jong-un connaissait ce danger, ce qui ne l’a empêché de presser sur le bouton. A Pyongyang, les priorités militaires passent avant les besoins des populations civiles !
* http://www.ifrc.org/asia-pacific
1 Commentaire
severy
20 septembre 2016 à 18:28Lorsque se produira l' »incident » nucléaire fatal, la Chine aura la mauvaise surprise de constater qu’elle serre la main d’un ‘allié’ dont l’haleine empeste le deutérium.