Monde de l'entreprise : Le mystère Wang Jianlin

Le mystère Wang Jianlin

Qu’arrive-t-il à Wang Jianlin, le magnat aux 30 milliards de $ ? Boxun, le site web d’information sino-américain évoque une arrestation le 25 août à l’aéroport de Tianjin, puis sa relaxe, assortie d’une interdiction de quitter le pays. Suite à cette rumeur, et en dépit de vives dénégations dès le 28 août, le cours en bourse de son groupe Wanda chutait de 10%.

D’autant que d’autres nuages noirs, depuis l’été, s’amoncellent : le 11 juillet, Wanda, à cours d’argent, devait céder au rival Sunac 90% de ses 4 parcs à thèmes, et de ses 8 autres en chantier. Il vendait aussi à R&F Properties 76 hôtels étoilés pour 9,3 milliards de $. C’était sous la contrainte : l’Etat venait d’interdire aux banques, de prêter à Wanda. Du coup, Wanda Hotels, sa filiale, cède la propriété des murs de ses hôtels et parcs, et en devient simple exploitant. De plus, pour renforcer la pression, l’Etat au même moment, enquête sur six de ses acquisitions tels les studios Legendary (de Hollywood, acquis en 2016, pour 3,5 milliards de $) ou le  réseau de cinémas AMC aux USA (payé 2,6 milliards en 2012). Par ailleurs cet été, Pékin interdit à tout investisseur de placer hors-Chine, en immobilier, hôtellerie, loisirs, clubs sportifs, industries obsolètes…

Par ce bras de fer, l’autorité financière veut enrayer l’hémorragie de fonds hors de Chine. Il vise surtout la « bande des quatre » conglomérats HNA (Hainan Airlines), Fosun, Wanda et Anbang. La presse les surnomme les « rhinocéros gris », au nom d’une propension qu’elle leur prête, en cas d’affolement, à tout détruire sur leur passage. Depuis 2013, ces groupes ont investi 83 milliards de $ à l’étranger, déstabilisant l’économie et la monnaie du pays. Ils prêtent d’autant plus le flanc que leurs projets rencontrent à présent des difficultés, tel le parisien EuropaCity de Wanda (et Auchan), mis en cause par un rapport public défavorable, ou cette filiale de HNA sous enquête aux USA en raison d’un soupçon sur l’identité de ses propriétaires réels. Face à la critique de Pékin, Wanda a  courbé l’échine, se disant prêt à reconcentrer ses activités en Chine. Sans pour autant parvenir à apaiser l’irritation des pouvoirs publics…

Cette crise relationnelle peut faire réfléchir : en 2015-16, Wang était le bon élève de Xi Jinping, en investissant lourdement dans la « culture populaire », alors le dada du Président. Chacun des 1000 centres commerciaux Wanda prévoyait 10% d’espaces prévus à cet effet : karaoké, cinéma, ou jeux pour enfants.

Mais depuis, Wanda a commencé à trop vouloir investir ailleurs – une démarche qui devenait insupportable à l’approche du XIX. Congrès.

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