Blog : « A Pékin, 10 millions de dépistés, et moi, et moi, et moi… »

« A Pékin, 10 millions de dépistés, et moi, et moi, et moi… »
Après 55 jours sans nouvelle infection à Pékin, un nouveau foyer de Covid-19 dans le plus grand marché alimentaire de gros (332 cas au 4 juillet) a déclenché une large campagne de dépistage à travers la ville. 
Ont été testés en priorité et souvent gratuitement, les personnes ayant fréquenté le marché de Xinfadi, les commerçants, les restaurateurs, puis les livreurs (de repas), les coiffeurs, les manucures, les professeurs d’université…
Prenant les devants, certains quartiers ont transformé leurs jardins publics ou les cours de récréation de leurs écoles en points de dépistage en plein air, où les résidents ont été priés de se rendre tour à tour. 
Les entreprises prennent aussi l’initiative de tester leurs employés. Même si la procédure n’est pas obligatoire, difficile pour un salarié de refuser de se faire dépister alors que tous ses collègues ont joué le jeu.  
Ainsi, les 128 points de dépistage de la capitale ont été pris d’assaut depuis que le Covid-19 est de retour en ville. Il fallait compter plusieurs heures d’attente dans certains centres de test. Impossible d’obtenir un rendez-vous dans une clinique ou un hôpital d’ici plusieurs jours, voire semaines !
Grâce à une application mobile prénommée « iKang » (爱康), il est possible de géolocaliser les centres autour de soi et de visualiser leurs créneaux disponibles afin d’éviter toute période d’affluence.
Au choix sur l’application, la formule de dépistage du Covid-19 à 180 yuans ou celle le combinant à un test sérologique pour 216 yuans de plus détectant la présence d’anticorps dans le sang et permettant ainsi de savoir si l’on est immunisé (ou non) contre le virus (tests respectivement facturés 120 RMB et 40 RMB dans les hôpitaux publics).
Option originale mais très populaire dans cette clinique privée, la possibilité de venir se faire dépister sans descendre de sa voiture, comme au McDonald’s ou au cinéma en plein air !

Le jour J, tous les candidats au dépistage sont accueillis dans le grand parking extérieur. Après avoir donné sa température et montré son code QR de santé à des employés en combinaison blanche, il faut faire la queue, le masque sur le visage, tout en prenant bien soin de garder ses distances avec la personne précédente, pour s’enregistrer et collecter son tube à essai sous une tente de fortune. 
Le test en lui-même se déroule sous l’ombre d’un arbre sur un simple tabouret, où des dizaines de patients défilent toutes les heures. L’infirmière a le regard bienveillant derrière ses lunettes en plexiglas : « les premiers jours, cela a été la cohue, maintenant il y a moins de monde », affirme-t-elle.
A chaque patient, elle demande d’ouvrir bien grand la bouche tandis qu’elle récolte de la salive à l’aide d’un long coton-tige durant quelques secondes. Le processus n’est pas douloureux, mais entraîne un réflexe de déglutition. Toutefois, la plupart des dépistés s’estiment heureux de n’avoir pas à subir le prélèvement par voie nasale, nettement plus désagréable… Puis, sans perdre une seconde, l’infirmière brise le coton-tige, l’insère dans le tube à essai nominatif, puis le range dans une glacière. « Le résultat sera disponible sous trois jours sur l’application », précise-t-elle en pointant du doigt la sortie.  Elle terminera sa journée à 22h.

Cette campagne de dépistage volontaire vise bien sûr à rendre chacun plus serein. A la sortie de la clinique, une sexagénaire se confie : « je fais ce dépistage pour moi-même bien sûr, mais surtout pour rassurer les autres ».
Malgré les grands moyens déployés, les laboratoires sont débordés et les résultats tardent à être communiqués aux patients. Certains l’attendent toujours cinq jours après… Or, un test d’acide nucléique daté de moins de sept jours était exigé jusqu’au 3 juillet pour pouvoir quitter la ville, et est très souvent demandé à destination. Alors, pour gagner du temps, certains centres collectent les échantillons de jusqu’à cinq personnes dans un seul tube à essai. Si l’une d’entre elles est contaminée, chacun devra revenir se faire tester, individuellement cette fois. Une méthode également employée à Wuhan, lorsque la municipalité a voulu dépister ses 11 millions d’habitants en 10 jours. Au total, Pékin aurait testé plus de 10 millions de personnes parmi ses 21 millions d’habitants entre le 12 juin et le 3 juillet, soit près de 48% de la population.
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