L’été fut torride sur la Chine, émaillé de fortes crues et de pluies torrentielles. Fin juillet, Pékin subissait ses plus fortes précipitations en 60 ans. Au dessus de 35°C, certains ouvriers devaient recevoir des primes de canicule (180 yuans par mois). Un moyen de fuir la touffeur fut de suivre les JO, dès le petit matin à la télévision. Pourtant, avec 26 médailles d’or à Rio, contre 51 à Pékin huit ans plus tôt, ces jeux déçurent : l’équipe chinoise perdit son traditionnel second rang au podium général, dépassée par le Royaume-Uni. Un de ces ors à tout le moins, celui du sprint féminin sur piste (cyclisme), fut dû à un entraîneur français, Benoit Vêtu.
Autre événement de l’été : le lancement le 16 août de Micius, premier satellite mondial de communication « quantique » depuis la base spatiale de Jiuquan (Mongolie intérieure). Pékin croit cette technologie inviolable – dès interception par une oreille intruse, le message s’autodétruirait – mais cette affirmation est déjà contestée en d’autres pays. Cet outil scientifique inédit permettra néanmoins de porter plus loin l’exploration de l’univers, au-delà de la théorie de la relativité d’Einstein. Le satellite et une station terrestre chinoise ont déjà pu échanger par faisceau laser — à plein succès !
Fait divers : le 26 août, un tueur en série parmi les plus recherchés, Gao Chengyong fut arrêté à Baiyin (Gansu) pour le meurtre de 11 femmes de 1988 à 2002. Il fut donc surpris, 14 ans après son dernier crime, par un test ADN.
A présent, l’heure est à la rentrée : au G20 de Hangzhou (Zhejiang, 4-5 septembre) – premier du genre organisé par la Chine. Comme si souvent, la Chine promet de faire un sans-faute sous l’angle de l’agenda comme de l’organisation, préparée depuis un an.
Aucun moyen n’a été épargné, ni les milliards de yuans en édifices de prestige, ni la semaine de congés subventionnés qui auront vidé la ville du tiers de ses 9 millions d’âmes. Dans les foyers, les bonbonnes de gaz butane des cuisines ont été confisquées – les citadins auront été nourris avec des barquettes-repas gratuites ! De même, les usines polluantes ont été fermées sur 200 km (dont 225 à Shanghai), atteignant ainsi un ciel « bleu-G20 » (faisant référence au surprenant ciel bleu de Pékin lors de l’APEC en novembre 2014).
Quarante chefs d’Etat ou membres de gouvernements auront été présents à Hangzhou, parmi lesquels Erdogan (Turquie), Poutine, Merkel, Hollande, Ben Salman (Arabie Saoudite), Obama et Temer, le Brésilien (tombeur de Dilma Rousseff), qui faisait ainsi, en Chine, sa première sortie en tant que Président. Xi Jinping devait rencontrer en tête-à-tête les personnages précités, et dîner avec Hollande, démontrant ainsi le beau fixe actuel des relations bilatérales.
La Chine, à l’évidence, voulut maintenir ce sommet sur un « ring » strictement économique, dédié à la relance mondiale. C’est dans cette optique qu’au jour« J-1 », l’ANP, son Parlement, ratifiait un amendement au traité de l’OMC, lui permettant de démanteler ses tarifs douaniers de 201 produits informatiques : la part chinoise d’un deal global éradiquant 1300 milliards de $ de taxes. L’ANP ratifiait aussi le traité climatique, conclu en décembre à Paris (COP21).
L’Occident, Allemagne et Chambre Européenne de Commerce en tête, réclamaient l’ouverture des marchés publics et l’élimination des surcapacités industrielles de Chine, surtout d’acier. Tous les partenaires devaient pourtant se rejoindre sur l’urgence d’une coopération contre l’évasion fiscale des multinationales et le financement du terrorisme islamique.
Enfin, le vœu chinois de passer sous silence la percée chinoise en mer de Chine du sud, apparaissait des plus improbables : la veille du grand rendez-vous encore, Obama remarquait sur CNN que la Chine, en tant que signataire de la Convention de 1982 du droit de la mer et que puissance mondiale grandissante, avait le devoir de respecter le droit international …
Sommaire N° 27 (2016)