Automobile : Nouvelles « électrisantes »

Nouvelles « électrisantes »

Le n°1 mondial de l’électrique Tesla dépassé par le constructeur chinois BYD ? C’est la nouvelle qui a fait sensation début juillet. Au cours des six premiers mois de l’année 2022, l’entreprise de Shenzhen aurait ainsi vendu 641 350 véhicules électrifiés (+312 % par rapport à 2021) contre « seulement » 564 000 pour le géant américain (+46%). À un détail près : le total de BYD comprend aussi les véhicules hybrides rechargeables, or Tesla lui, ne vend que des modèles « 100% électriques ». Le constructeur américain reste donc en pole position tandis que le segment des « véhicules à énergie nouvelle » (NEV) devrait représenter 20% du marché chinois d’ici la fin de l’année, soit trois ans d’avance sur l’objectif initial fixé par l’État.

Néanmoins, pour la première fois en plus de deux ans, les livraisons de Tesla ont reculé de 18% au 2nd trimestre par rapport aux trois mois précédents. C’est le reflet des difficultés d’approvisionnements en composants rencontrées par la firme d’Elon Musk et surtout de la mise à l’arrêt de sa « Gigafactory » lors du confinement de Shanghai (avril-mai). Le manque à gagner en termes de production est loin d’être négligeable : de 50 000 à 100 000 unités, selon les estimations.

Les constructeurs chinois eux, ont pu limiter la casse : sur la même période, Li Auto a enregistré une baisse de ses ventes de 10%, Nio de seulement 3%, et Xpeng d’à peine 0,4%, grâce à leurs usines respectivement situées dans le Jiangsu, l’Anhui et le Guangdong.

Mais celui qui a véritablement réussi à tirer son épingle du jeu, c’est BYD, affichant une croissance de ses ventes – toutes catégories confondues – de 21% ! Le groupe de Shenzhen, relativement épargné par le contexte sanitaire, a également l’avantage de ne dépendre que de lui-même pour une grande partie de ses composants, dont ses batteries, son métier d’origine.

Il n’empêche, la mise en quarantaine du tout Shanghai pendant deux mois, qui a coïncidé avec le confinement d’autres villes du pays (notamment dans le Jilin), a causé un net ralentissement du marché automobile. Comparé à l’an dernier, tous les constructeurs ont vu leur taux de croissance des ventes au 2nd trimestre passer de trois chiffres à deux chiffres… La potentielle reconduction en 2023 des subventions à l’achat en vigueur depuis 2014 pourrait contribuer à redynamiser le marché.

Malgré ce contexte quelque peu déprimé, le fabricant de batteries CATL ne connaît pas la crise. Principal fournisseur de Tesla, mais aussi de Mercedes-Benz (Daimler), Volkswagen et Volvo, le géant chinois a rejoint au mois de juin le club restreint des sociétés dont la capitalisation boursière dépasse le trillion de yuans. Un succès en partie rendu possible par le soutien du gouvernement à toute la filière des véhicules électriques. Onze ans après sa création, le groupe de Ningde (Fujian) représente plus de la moitié du marché chinois et près de 30 % du marché mondial. Et CATL pourrait bien consolider sa position de leader grâce à son dernier modèle de batterie à technologie CTP (cell-to-pack) : la « Qilin 3.0 » qui offrira 1000 km d’autonomie en une seule charge (13% plus puissante que celle prévue par Tesla).

Enfin, la filiale automobile du promoteur immobilier Evergrande pourrait bien voir le bout du tunnel grâce à la commercialisation de son « Hengchi 5 » (cf photo), SUV électrique à l’autonomie affichée de 602 km, vendu 179 000 yuans, moitié moins cher qu’une Tesla « Model Y ». À ce prix-là, Evergrande Auto espère engranger les commandes et commencer à éponger les 45 milliards de yuans investis dans ce projet durant les trois dernières années. Les livraisons sont censées débuter en octobre prochain pour atteindre les 10 000 véhicules vendus au 1er trimestre 2023. Cependant, pas sûr que les clients se bousculent pour réserver une voiture dont la production de masse n’a pas encore débuté et dont la maison-mère Evergrande croule sous un passif de 1,97 trillion de yuans. Pourtant, l’enjeu est crucial pour l’apprenti constructeur : si le « Hengchi 5 » ne devient pas un succès commercial, les chances de survie d’Evergrande Auto sur l’impitoyable marché de la voiture électrique sont minces…

Avez-vous aimé cet article ?
Note des lecteurs:
5/5
3 de Votes
Ecrire un commentaire