Chaque été, la Chine est confrontée à son lot d’intempéries et autres caprices du ciel. Cette saison ne fera pas exception à la règle.
Le pays a d’ores et déjà enregistré au mois de juin ses premiers records de température (plus de 40°C) dans plusieurs provinces du Nord et de l’Est du pays. Une vague de chaleur pourrait ainsi balayer une bonne partie du territoire chinois – 900 millions de personnes seront concernées – d’ici le mois d’août, ravivant ainsi le spectre des pénuries électriques causées par l’allumage simultané des systèmes de climatisation. De la Mongolie-Intérieure au Gansu, c’est la sécheresse qui guette les cultures, fléau récurrent qui pourrait mettre à mal la sécurité alimentaire du pays. Dans le sud, du Guangxi au Guangdong (cf photo), de fortes inondations ont déjà causé l’évacuation de plusieurs centaines de milliers de personnes… Et les spécialistes du Centre National pour le Climat ne sont pas optimistes : ils prédisent que certains phénomènes météorologiques pourraient bien être plus extrêmes qu’auparavant, la faute au changement climatique.
Zhou Xuewen, vice-ministre de la gestion des situations d’urgence, a averti les cadres à tout niveau que la « période critique approche » (mi-juillet). Il est donc urgent « d’appréhender au mieux les risques potentiels », mais aussi de « préparer les fonds et les équipements de secours nécessaires pour minimiser les pertes (humaines et matérielles) en cas de désastre, tout en veillant à une éventuelle résurgence de la Covid-19 ».
Le vice-ministre fait par-là allusion aux dramatiques inondations qui ont frappé le Henan l’été dernier, suivies d’un important rebond épidémique dans la capitale provinciale de Zhengzhou. Malgré les différentes alertes émises par les services météo, les cadres n’avaient pas saisi l’urgence de la situation ni décrété à temps les mesures appropriées, se reposant peut-être sur le statut de « ville-éponge » de leur cité. Ces manquements avaient causé la mort d’au moins 500 personnes, mais c’est surtout la noyade de plusieurs dizaines de passagers piégés dans le métro qui avait profondément choqué la nation. Un an plus tard, les gouvernements locaux ont-ils retenu la leçon ? Se sont-ils préparés en conséquence ?
Pour leur compliquer un peu plus la tâche, le sous-variant BA.5.2 – la forme la plus contagieuse de la Covid-19 enregistrée jusqu’à présent, capable d’échapper à l’immunité procurée par les vaccins ou par une précédente infection – cherche à passer ses vacances d’été en Chine, après avoir accompli un tour du monde, des États-Unis à Israël.
Il a déjà été détecté à Xi’an, Pékin, Tianjin et Shanghai. Pour lui faire face, l’ancienne cité impériale du Shaanxi a opté pour un « confinement doux » de toute la ville pendant une semaine. Dans la capitale, les autorités ont choisi de rendre la vaccination obligatoire pour pénétrer dans les lieux publics à forte fréquentation (musées, théâtres, salles de concert, gyms…), avant de faire marche arrière deux jours plus tard, se heurtant à la réticence de la population et à la promesse du gouvernement de ne forcer personne à se faire vacciner (ce que bon nombre de pays étrangers ont pourtant fait). La « Perle d’Orient » a, elle, préféré imposer une nouvelle série de tests obligatoires, espérant ainsi éviter d’avoir à prendre des mesures drastiques qui pourraient réveiller le mécontentement des habitants échaudés par deux mois de confinement strict…
Quelle que soit la méthode choisie, il y a fort à parier que les dirigeants locaux auront bien du mal à contenir la progression du BA 5.2. Les experts estiment d’ailleurs que ce n’est qu’une question de temps avant que le sous-variant ne devienne à son tour majoritaire dans le dernier pays au monde qui pratique encore la stratégie « zéro Covid ».
Un conseil donc à tous ceux qui envisagent de voyager cet été à travers la Chine : entre canicule, inondations et BA 5.2, bien choisir sa destination !
Sommaire N° 26-27 (2022)