Transports : Y a-t-il un pilote dans le métro ?

Sur le réseau de métro shanghaïen, Keolis exploite depuis peu la ligne Pujiang, une 3ème extension de la ligne 8, qu’il a cofinancé et contribué à équiper et bâtir. Dans l’océan des 680km de métro de la « tête du dragon », ces 7km et 6 stations ne sont qu’une goutte d’eau. Mais pas n’importe laquelle : c’est le 1er contrat de métro octroyé à un groupe étranger. Keolis, filiale SNCF, obtient pour 7 ans (pour commencer) l’exploitation et la maintenance, et paie 49% des coûts. Made in China, les 8 rames sur pneu sont un produit Bombardier.

C’est surtout la 1ère ligne de métro chinoise sans conducteur : les rames sont pilotées automatiquement par le centre de contrôle au terminus. Cette technologie d’origine française fonctionne à Lille sans accident depuis 1983 et depuis en de nombreuses villes du monde. Pour préparer le personnel à cette manière de faire, des formateurs français sont venus à Shanghai et d’autres, chinois, ont participé à des stages en France.

Pour le réseau Shanghaïen, ce métro automatisé comporte de nombreux atouts. L’économie d’une cabine du conducteur permet de créer des voitures plus petites, sécuritaires et rapides. La coordination à l’ordinateur permet aussi d’intensifier les fréquences. Il en résulte, à terme, une baisse des coûts d’opération. Sur cette ligne qui relie la cité d’affaires à des quartiers-dortoirs intensément peuplés, les rames circulent à 75km/h, une toutes les trois minutes. Concernant la sécurité, les opérateurs, qui sont cinq par jour et quatre par nuit, surveillent chaque wagon grâce à des caméras. Pour l’instant, la ligne reste sous-utilisée, ne convoyant que 30.000 personnes chaque jour. Une fois le public habitué à son utilisation, 76.000 voyageurs sont attendus.

Pour Marcellin Darrou, CEO de Keolis Asia, cette réalisation de la ligne 8.3 permet de franchir le cap fatidique où la Chine peut constater la capacité effective du groupe à exploiter. Dès lors, sans attendre, d’autres contrats n’ont pas tardé : dès l’an prochain, Keolis lancera les navettes d’un terminal en construction à l’aéroport de Pudong. Et pour décembre, il va ouvrir les 34 km de ligne de tramway de Songjiang. À l’instar de la situation en France, le tramway était tombé en désuétude en Chine, avant de rentrer en grâce auprès de mairies redécouvrant sa souplesse d’utilisation. Pour ce dernier contrat, le matériel roulant sera signé Alstom et la signalisation, Thales. Et selon le mot de M. Darrou, « tout le savoir-faire de nos maisons est mis à contribution », pour convaincre Shanghai voire la Chine, qu’elle fait le bon choix. On le comprend : rien que sur Shanghai, le potentiel de développement en tramway, est évalué à 1000km.

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