Santé : L’habit neuf des hommes en blanc

« Sans santé pour tout le monde, il ne peut y avoir ni paix, ni prospérité » déclarait en mai Zhuang Ning, vice-directeur à la Commission nationale de la Santé. Conscient du risque, l’Etat chinois multiplie les initiatives pour affranchir son vieux système de santé de sa gouvernance héritée de Mao. Le 2 juillet était publié pour la 1ère fois un « plan de garantie santé » qui vise à porter l’espérance de vie à 80 ans en 2025, au lieu de 76 ans en 2016 (53ème rang mondial). Doté de « dizaines de milliards de ¥ », il va renforcer les primes aux industries pharmaceutiques, aux cliniques et hôpitaux privés—secteur encore minoritaire (20% de l’offre, 1 million de lits), mais dont la part grandit vite, avec +161% de lits fin 2015 par rapport à 2010. 

Le 1er juillet entrait en vigueur la loi révisée concernant la médecine traditionnelle chinoise (MTC). Un de ses buts est de multiplier et systématiser pour ces remèdes herbalistes, les tests cliniques pratiqués en Occident, afin d’en démontrer l’efficacité. L’enjeu est immense : cette médecine plus douce et préventive représente un tiers des ventes en Chine (117 milliards de $ l’an dernier). Son homologation va inciter les médecins à les prescrire, en Chine comme hors frontières. Dès décembre 2016, le T89, le remède anti-angine du groupe Tasly (Shanghai) passait la dernière des trois étapes de certification par l’agence américaine FDA (cf photo). C’était le 1er médicament chinois approuvé sur le marché américain (mais pas le dernier) ! Le coût des soins reste un problème. En avril, des régions-tests telles Pékin, le Shanxi et le Guangdong abolirent la surtaxe de 15% sur les médicaments vendus en hôpital – remplacée par une hausse du prix de la consultation. Cette réforme permit aux patients pékinois d’épargner 420 millions de ¥, du 8 avril au 5 mai.  
Depuis le 1er juillet encore, l’Etat octroie une baisse d’impôt jusqu’à 1080¥ au salarié qui prend une assurance santé complémentaire privée. Autre pierre d’achoppement : l’octroi des soins conventionnés. Jusqu’à hier, tout malade devait aller à l’hôpital affilié à son unité de travail. Mais cela change : suite aux efforts de mutualisation des caisses, 1870 hôpitaux publics dans 327 villes acceptent désormais à prix conventionné les patients venus d’ailleurs. 

La même réforme, depuis avril, permet supposément aux médecins de pratiquer hors de leurs hôpitaux. Malheureusement, cette liberté reste toute théorique : les établissements hospitaliers trouvent des moyens de les contraindre à renoncer à cette liberté. Enfin, leurs salaires ne sont pas liés à leurs performances, mais à leurs publications scientifiques, ce qui les force parfois à avoir recours au plagiat, faute d’avoir le temps ou l’aptitude à faire des recherches. Autant de temps et d’énergie perdus pour le cœur de leur métier : le soin à l’humanité souffrante.

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