Agriculture : Hogood, 1er producteur mondial de café ?

Ayant repris les méthodes mises au point par Nestlé à Pu’er dans sa base caféière du Xishuangbanna (Yunnan), Hogood, le groupe étatique de Mangshi (Yunnan) fait vivre 60.000 paysans, leur achetant 8,6 milliards de ¥ de fèves en 2016. Comme Nestlé, il fournit semences et formation, et paie au cours du jour en bourse de New York. Puis le groupe extrait la fève, la torréfie et la conditionne en « prêt-à-boire », café moulu, soluble ou lyophilisé, vendu en Chine et dans 50 pays (y compris ceux d’Europe, via la ligne ferrée Chongqing – Duisburg). Hogood propose aussi un étonnant café de luxe : la baie est d’abord dévorée par la civette d’élevage, digérée, puis la fève est récupérée, lavée, torréfiée et vendue 1000 $ le kilo au Japon et à Taïwan !
En 2016, Hogood employait 2000 actifs et faisait 330 milliards de ¥ de ventes. D’ici 2025, ses surfaces de caféiers atteindront 130.000 ha, contre 18.000 actuellement. Alors, ses exportations et importations (avec des achats de fèves de Birmanie, Vietnam et Indonésie) s’élèveront, selon ses prévisions, à 50 milliards de ¥, et ses ventes nationales à 100 milliards de ¥. D’ici là, Hogood aura lancé sa nouvelle chaine de lyophilisé, d’une capacité de 33.000 tonnes par an, ayant coûté 2 milliards de ¥. Ainsi il prétend passer n°1 mondial du café instantané !

Ce qui frappe à travers ces chiffres  ambitieux, est son double objectif :  
– maîtriser toute la chaîne de production (ne pas laisser aux multinationales le monopole de la transformation, segment où se génère l’essentiel du profit) ; 
– peser comme acteur mondial de cette denrée. Un clip de présentation annonce Kunming comme place boursière du café, comparable à celles de New York ou Londres, d’ici 2025.

Mais dans son ambitieux programme, il y a loin de la tasse aux lèvres : Hogood trouvera-t-il, sur son sol ou ailleurs, assez de terres propices à la culture du café pour alimenter son expansion programmée ? Aussi, le groupe semble miser principalement sur le lyophilisé. Ce calcul est-il bon, quand on voit la jeunesse chinoise le délaisser au profit du café frais, voire les cafés « 3ème vague », valorisant l’origine ? Conscient du risque, Hogood travaille depuis 2016 avec le groupe italien NexTS, pour mettre au point une capsule de type Nespresso…

Au final, Hogood apparait l’archétype d’un géant sectoriel comme la Chine en compte tant, surgi de nulle part en l’espace d’une nuit, évidemment à faveur du soutien financier étatique, et prêt à prendre sans complexe une place de n°1 mondial—si la chance ne le lâche pas !

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