Santé : Baiyao, locomotive pharmaceutique

En 2011, le complexe du groupe pharmaceutique Yunnan Baiyao (云南白药) déployait ses lignes futuristes au cœur d’une zone industrielle au sud-est de Kunming. Depuis lors, ses 40 lignes de production importées débitent leurs milliers de gélules à la minute. En 2016, avec 22 milliards de ¥ de ventes, Baiyao est un fleuron de l’industrie du Yunnan.

La légende débuta en 1902, quand Qu Huanzhang, guérisseur de 22 ans créa sa « poudre blanche » aux vertus coagulantes, à base de ginseng. En 1955, après sa mort, son épouse légua la recette (secrète) à l’Etat. En 1971, la première usine vit le jour, propriété de la province.

Aujourd’hui, Baiyao emploie plus de 8000 agents. Dans les années 2000, Baiyao élargit son catalogue aux produits d’hygiène et cosmétiques : pansements, shampoings et dentifrices, tous intégrant la fameuse  poudre blanche. Tous publics sont visés, les femmes, les enfants, le 3ème âge, les sportifs… Les ventes de ces produits dérivés ont désormais dépassé celles du produit d’origine.

En 2013, un incident advint : un activiste consumériste du Liaoning attaqua Baiyao, lui reprochant d’incorporer l’aconitine, substance toxique interdite en Europe et aux USA, et d’omettre (contre la loi) de le mentionner sur l’emballage. Réclamant en dommage le montant symbolique 11,5 ¥, le prix en pharmacie du produit, la plainte obtint un fort succès médiatique.

Baiyao fit valoir que l’aconitine figurait depuis toujours sur la liste des ingrédients de la pharmacopée traditionnelle chinoise, et qu’elle entrait bien dans la composition du Baiyao mais en traces trop faibles pour constituer un risque pour la santé. Au reste, comme le Coca-Cola, Baiyao avait le droit de conserver secrète sa formule. Le groupe ne fut pas davantage inquiété.

Par ailleurs, le procès avait inquiété les actionnaires privés, titulaires de 41,5% des parts. Pour faire de Baiyao un groupe mondial et développer ses ventes hors frontières, ils voulaient un conseil d’administration plus ouvert, un management moderne et transparent… Sous l’arbitrage de la SASAC (l’administration des consortia publics), direction et actionnaires privés négocièrent en juillet 2016. Mais les palabres s’achevèrent en mai 2017 par un échec, la province empêchant les acteurs privés de franchir la barre des 75% nécessaires pour privatiser un groupe public, signe d’une détermination à conserver sa vache à lait !

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