Qui n’a jamais un jour rêvé de devenir pilote de ligne ? Depuis son inauguration en 1997 dans la zone industrielle de Tianzhu (Pékin), mitoyenne de l’aéroport de Pékin, le centre de formation sino-européen Hua-Ou (华欧航空) a formé 50.000 pilotes, dont 10.000 rien que l’an dernier.
Avant Hua-Ou, coentreprise à 50/50 entre Airbus et la CAS (China Aviation Supplies), les transporteurs chinois n’avaient d’autre choix que d’envoyer leurs futurs pilotes d’Airbus à Toulouse ou Miami. A présent, Hua-Ou aide des compagnies aériennes telles Air China ou Hainan Airlines à former leurs pilotes, à moindre coût. Même ainsi, la formation d’un pilote, avec les centaines d’heures de vol obligatoires pour la certification, peut coûter 80.000€ en Chine à charge du transporteur, en échange d’un contrat d’exclusivité pouvant atteindre 35 ans.
A Hua-Ou, la formation dure 6 à 8 semaines, selon l’expérience. 50 instructeurs sont « aux manettes », dont les deux tiers sont étrangers. Certains d’entre eux totalisent plus de 20.000 heures de vol !
Après un passage à l’ordinateur, l’apprenti poursuit sur un «tableau de bord » constitué de dix écrans interactifs. Ils reproduisent toutes les commandes d’un Airbus classique – du pilote automatique au train d’atterrissage, de l’extinction d’incendie d’un réacteur au joystick, qui est à l’Airbus ce que le manche est au Boeing.
La dernière phase se déroule dans le simulateur, copie conforme d’un cockpit. À plus de 10 millions d’euros pièce, ce bijou technologique recrée les conditions de vol, jusqu’à ses nuisances : accélération, stall, sons ambiants, conditions météo. Il simule également des pannes de réacteur, ou un incendie de cockpit avec fumées, imposant le port de masques à oxygène. Hua-Ou exploite six simulateurs : 3 pour A320, 1 pour A330, 1 pour A350, 1 pour hélicoptère Super Puma EC225. Tous fonctionnent 365 jours par an, 20 heures sur 24, à raison de cinq sessions de 4 heures chacun. La formation finit sur un examen face à un inspecteur de la CAAC, l’autorité de tutelle. L’élève pilote doit effectuer un vol ponctué d’un incident imprévu, suite à quoi il reçoit (ou non) sa licence d’aptitude.
Sont aussi formés stewards et hôtesses, qui doivent savoir faire évacuer l’appareil en 90 secondes par les sorties d’urgence sur les toboggans. Les mécaniciens de même, sur la base d’assistance technique de Hua-Ou, s’entrainent à résoudre les pannes les plus complexes au plus vite.
Voici donc une formation optimisée au maximum. Mais la demande insatiable fait que la pénurie de pilotes demeure – en Chine comme ailleurs. Ce qui explique le dernier projet du groupe Airbus : mettre au point un avion à un seul pilote (d’abord cargo, puis commercial), voire autonome. De quoi en faire pâlir certains. Qu’ils se rassurent quand même, la réalisation d’un tel projet n’est pas pour demain !
Par Jeanne Gloanec
1 Commentaire
severy
30 juin 2019 à 17:45Un avion à un seul pilote est l’idéal mais il faudra que l’appareil soit quasiment autonome d’ici-là.