Dans ce quartier d’affaires de Shanghai, l’édifice cache bien son jeu ! Ce Campanile « smart » est un laboratoire professionnel du groupe Jin Jiang Louvre : 180 chambres concentrent des innovations-clés susceptibles de bouleverser dans les décennies à venir, la perception traditionnelle de l’hôtellerie.
Poussant la porte d’entrée, le voyageur cherche en vain la réception. Encastrée dans un mur, une machine la remplace, invitant à introduire sa pièce d’identité, puis à préciser le nombre de nuitées et le type de chambre désiré. En échange, le client reçoit sur un ticket son numéro de chambre, et c’est son smartphone qui lui servira de clé.
A l’intérieur de la chambre, la décoration est sans luxe ostentatoire, étudiée pour inspirer une ambiance chaleureuse, un « chez soi ». Au mur, l’écran TV salue le client par son nom dans sa langue (chinois ou anglais pour commencer). Au pied du lit, un petit robot est prêt à converser avec lui, à régler ses rideaux, son éclairage ou sa climatisation selon ses instructions… Le futur robot, nouvelle génération, assurera le check-in du client, le conduira à sa chambre, lui proposera un room-service…
Au rez-de-chaussée, le voyageur évolue dans un vaste open-space modulable de 800m2. Il peut y bouquiner un ouvrage pioché dans la bibliothèque partagée, regarder un film dans l’auditorium, profiter de la salle de coworking, ou jouer au baby-foot—objet culte du groupe hôtelier Louvre Hôtels. Selon Joël Guiraud, CEO de Jin Jiang Louvre Asia, « cet espace doit élargir la vie de l’hôtel, entre la clientèle internationale et le voisinage du quartier » par diverses animations interculturelles – diffusion de matchs sportifs, concerts, tournois de pétanque… Servies par une machine, des boissons sont proposées – vin ou bière au verre, café à la tasse – payables via WeChat ou Alipay.
Pas de personnel, donc ? En fait si, l’employé est là, prêt à se substituer au service robotisé. « Nous avons voulu faire tomber la barrière entre le réceptionniste et le client, précise J. Guiraud, pas pour supprimer le personnel, mais pour le rendre plus disponible ».
Lors de l’ouverture officielle à Shanghai le 15 juillet, la chambre coûtera 480¥ (65€), 20% de moins que la moyenne en ville. A travers le pays d’ici décembre, Louvre Hôtels veut ouvrir 20 Campanile « smart » et 200 sous 4 ans, en toute confiance dans le succès de la formule. « Ce marché ‘moyenne gamme’ n’est pas encore saturé en Chine, remarque Christophe Gabé, directeur des Ouvertures Campanile, et c’est notre capacité à nous démarquer de la concurrence qui va nous permettre de réussir ! »
Sommaire N° 25 (2018)