En cette fin de juin, le Président Xi Jinping aura participé à deux sommets d’importance mondiale : avec Kim Jong-un en Corée du Nord (20-21 juin), et Donald Trump en marge du G20 à Osaka (28-29 juin).
Pas besoin d’être sorcier pour réaliser que la rencontre avec Kim Jong-un devait préparer celle avec Donald Trump. Sur les quatre sommets ayant déjà réuni Xi et Kim, deux eurent lieu à la veille de rencontres entre Xi et Trump – c’est une habitude, en quelque sorte ! Et pourtant, lors de leur arrivée au pouvoir en 2012, Xi et Kim ne s’appréciaient guère : Xi s’irritant de l’arrogance du « petit frère », et Kim redoutant une ingérence chinoise dans la phase initiale de son mandat, manquant encore d’expérience.
Donald Trump en personne a orchestré le réchauffement des relations, en tendant la main au leader du pays du Matin Calme. Chacun avait besoin de l’autre pour réaliser un rêve : Trump voulant dénucléariser la péninsule, et Kim ayant besoin des USA pour contrebalancer l’influence chinoise.
Dès lors que Trump avançait, Xi n’avait d’autre choix que de faire de même. Durant ses deux jours à Pyongyang, Xi a promis le renforcement de l’aide alimentaire, vitale en ce moment où les greniers nord-coréens sont vides et où la famine guette. Il a surtout clamé son espoir d’un accord Kim-Trump qui permette la levée des sanctions de l’ONU contre la RPDC, et la reconstruction du pays.
Xi voit bien où le bât blesse, entre Trump et Kim, vue la méfiance qui règne – tenace héritage du passé. Trump exige le démantèlement préalable complet de la bombe nord coréenne et de ses missiles intermédiaires. Ce dialogue de sourds a fait échouer le dernier meeting entre les deux hommes, à Hanoi en février dernier.
La grande force de Xi Jinping réside dans le fait qu’il ne cherche pas à faire échouer le rapprochement Kim-Trump, mais au contraire à l’encourager. Xi offre plutôt de se poser en courtier incontournable de cette paix, tout en garantissant à chacun le résultat qu’il attend. A-t-il réussi, convaincu ? Sans doute pas, ou pas encore. Mais sa démarche peut lui servir d’atout lors du second sommet, en marge du G20, à Osaka. De part et d’autre du Pacifique, huit mois de guerre commerciale entre Chine et Etats-Unis commencent à coûter en terme d’emploi, de PIB, de stabilité mondiale même. Côté USA, les multinationales hésitent toujours à déplacer de Chine leurs chaînes d’approvisionnement, au risque de perdre les centaines de millions de consommateurs chinois.
De source américaine, l’accord était « quasiment prêt » deux mois en arrière, avant que Xi ne recule, presque par réflexe. Mais il reste comme base pour reprendre le débat. C’est la tâche qui revient dès maintenant aux négociateurs Liu He, Robert Lighthizer et Steven Mnuchin par téléphone, avant de se retrouver à Osaka. Le conseiller spécial Larry Kudlow prédit de nouvelles règles communes, avec mécanisme de vérification, pour écarter des relations commerciales quatre maux dont l’Amérique ne veut plus : le piratage, les transferts forcés de technologie, le viol du secret de l’internet, et toutes barrières au commerce.
Or, une telle nouvelle morale commerciale est aussi réclamée par les groupes chinois, anxieux de protéger leur propre recherche technologique et confiants en leur capacité à s’imposer sur les cinq continents. Ces nouvelles règles impliquent aussi, au passage, un désengagement du Parti de l’économie, et l’abandon progressif des privilèges au secteur public. C’est sans doute la raison qui a incité Xi à faire marche arrière, en raison de la remise en cause idéologique qu’elle impliquait.
Un dernier argument permet d’envisager l’accord : désormais, Xi est affaibli par ses détracteurs, lui faisant porter la responsabilité de la panne de croissance. Trump de même, devient vulnérable, dans la perspective des élections présidentielles de 2020, qu’il est tout sauf sûr de gagner. Pour tous deux, une sortie du conflit commercial international, apparaît la clé ultime de leur victoire sur leurs oppositions. Voilà une forte incitation à s’entendre !
2 Commentaires
snecmaolivier
23 juin 2019 à 03:04Chers amis lecteurs, je pense à autre chose dans cette alliance en quelque sorte, présageant un avenir de feu. La provocation de Hongkong scelle le destin extrême oriental, d’une reunification de la Grande Chine à marche forcée. Le jeu de Trump s’y prête et n’en attend que le dénouement pour agir sur une base posée et claire. Le monde a besoin de rationnel pour affronter le destin de la planète. Les frontières se tendent et se clarifient. Afrique, monde musulman, Europe et Russie, Asie, Australie, Amériques, chacun de ces continents vont tirer les ficelles de leur survie.
severy
23 juin 2019 à 13:08Le Vent de la Chine
Souffle épique
Sent bon la France
Et fait du bruit.
JS