Criminalité : Violences policières – sursaut de conscience ?

Jusqu’au 7 mai, tout semblait sourire à Lei Yang, 29 ans, du Hunan, résident à Pékin. Marié depuis 3 ans, il avait obtenu une maîtrise de l’université Renmin (Pékin), un emploi de rêve, et venait d’avoir une fille. Il allait ce jour-là à l’aéroport chercher sa famille pour fêter cette naissance. Mais il n’arriva jamais.

A 1h du matin, la police notifia sa mort : surpris dans une maison close, il aurait tenté de fuir. Sa tête aurait heurté le sol, il serait mort au commissariat… A l’hôpital à 4h du matin, la famille n’avait pu que noter les incongruités du scénario, le corps couvert d’ecchymoses, l’interdiction stricte de la police de photographier.

Le commissariat maintint sa version : ils l’avaient trouvé dans un bordel en compagnie d’une prostituée. Mais dans son rapport, la police ne citait ni adresse, ni nom de la maison close, et les 4 cameras autour du lieu restaient aveugles sur l’altercation supposée. Le vice-commissaire Xing Yongrui prétendit avoir filmé la scène avec son portable qui hélas aurait été détruit, tombé au sol. Vraiment pas de chance…

Mais la famille, et plus de 100 anciens élèves de l’université refusèrent de s’en laisser conter : plusieurs lettres ouvertes furent publiées sur internet et largement diffusées. Ce genre d’incident est hélas plutôt courant dans un pays où la presse est muselée. Mais le fait unique est qu’au 1er juin, sous la pression médiatique, le procureur de Changping estima important de poursuivre l’enquête et incrimina cinq policiers.

Puis le 1er juillet, les résultats de l’autopsie révélaient que le jeune homme était mort non sous l’effet d’une  « crise cardiaque » comme prétendu, mais « étouffé par ses reflux gastriques » – donc sévèrement bâillonné. Xing et un adjoint furent alors arrêtés pour comportement « inadéquat » et tentative d’obstruction à la justice—ils risquent des années de prison.

Le cas de la police chinoise désavouée par sa justice, est extrêmement rare. En soi, ce cas ne peut être une velléité de décourager l’excès de violence policière. Mais il traduit un sursaut de conscience, un malaise de l’administration, et une bouffée d’indépendance judiciaire. 

Ce qui n’est pas dit, est le pourquoi de cette bavure. A la mort de Lei Yang, il s’écrivait que cet écologiste enquêtait sur le collège de Changzhou (Jiangsu), où des centaines d’enfants souffraient de maux dus aux toxines d’un dépotoir chimique, la province démentait en bloc… L’avenir le dira. 

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1 Commentaire
  1. severy

    Des membres de la police accusés de tentative d’obstruction à la justice seront sans doute condamnés pour avoir obstrué avec succès les voies respiratoires de ce brillant élément trop gênant.

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