À la vitesse de l’éclair, la Chine s’impose comme partenaire incontournable dans les régions arctique et antarctique. C’est l’effet d’une priorité discrète adoptée dès 1983, quand Pékin adhérait au Traité sur l’Antarctique, puis installait sur place 4 stations de recherche. Depuis, le pays s’est doté d’une Administration Nationale Arctique et Antarctique. En décembre 2016, il se réconciliait avec la Norvège (membre du Cercle Arctique), puis en avril, recevait la Premier ministre Erna Solberg.
Du 22 mai au 1er juin, Pékin accueillait la 40ème réunion du Traité sur l’Antarctique, avec 400 représentants de 42 pays et 10 agences internationales. Ce fut pour la Chine le moment idéal pour publier un document sur ses activités des 30 dernières années et sa vision d’avenir dans la région—mais loin d’un « Livre blanc » par lequel la Chine eût clairement annoncé ses intentions. Elle évoqua un projet de « loi de l’Antarctique » et confirma pour 2018 la construction d’une cinquième station et d’un second brise-glace.
En retard sur d’autres puissances, en terme de nombre de stations et de navires spécialisés, la Chine cherche à faire reconnaître une « souveraineté molle » en Antarctique autour d’une de ses stations : une « zone de management spécial antarctique ». Un concept qui va à l’encontre de toute la vision internationale historique dans la région. Elle avance aussi le concept de « juste équilibre » entre préservation et exploitation des richesses polaires, réclamant une augmentation du quota de pêche au Krill (minuscules crustacés, base de la chaîne alimentaire locale), et de celui des touristes dans la zone (38 000 l’an dernier, en hausse de 29%). En une formule soigneusement choisie, elle précise que « pour l’instant », elle n’a « pas de projets miniers » dans la région.
Lors de cette réunion, la Chine dévoilait aussi son ambition en Arctique, en y étendant le champ d’activité de son dernier plan de développement hors frontières. Au concept « une ceinture (terrestre), une route (maritime) » (OBOR), est officiellement ajouté un troisième terme : « un cercle » (arctique) !
En effet, cette région renferme jusqu’à 30% du gaz et 13% du pétrole encore non répertorié (de source américaine). La Chine guigne aussi la « route arctique » Est-Ouest, qui fait gagner une semaine sur celle du canal de Suez, et jusqu’à 600.000$ en frais de navigation par tanker. Pour appuyer ses demandes, la Chine use du plus vieil argument du monde : l’argent. Au meeting de Pékin, elle signait six déclarations d’intention avec six puissances polaires (USA, Russie, Allemagne, Norvège, Chili et Argentine). Autant d’offres impossibles à refuser, et qui lient !
1 Commentaire
severy
3 juin 2017 à 22:22Chic, chic! La Chine va centupler les risques de pollution en régions polaires. Ça nous débarassera toujours des ours polaires, des bébés phoques, des pingouins manchots et des milliers d’espèces d’animaux et de plantes exotiques qu’on n’a pas encore découverts. L’élimination par le vide, quoi! Bon débarras et tant pis pour la biodiversité!
Le rève humide du régime n’est-il pas de voir briller le soleil rouge de minuit pendant un jour de six mois?